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17/07/2014

Couette et café

Je signale ci-dessous deux textes très intéressants, et un bonus, en lien avec notre objet, bien que déjà anciens. C'est dans le billet d'Alain Juppé que vous trouverez l'explication de mon titre mystérieux.

Chronique d'Élie BARNAVI dans Marianne (n°689 du 3 juillet 2010) 

É. Barnavi signale la création par un Anglais amoureux de sa langue "good, correct, proper english" de la Queen's English Society (rem. mes lecteurs assidus ne sont pas surpris de voir English avec un E majuscule...), sur le modèle de l'Académie française (rem. de même, mes lecteurs, etc.). Et cela pour réagir contre le "globish" qui dénature l'anglais partout dans le monde, rançon du succès. Sans la moindre chance de succès...

Il souligne en passant, et c'est un point fondamental, que la disparition progressive du français comme langue de la diplomatie internationale, nuit à la précision des traités et que c'est grâce à l'emploi de l'anglais, langue moins précise, que certaines résolutions des Nations unies ont pu être votées.

Enfin, il rappelle que, du temps de sa splendeur (du XVIIème siècle à la Première Guerre mondiale), le français n'était parlé que par les élites, alors que, depuis sa conquête du monde (Deuxième guerre mondiale), l'anglais est parlé par les masses... Différence !

La carpette anglaise

Le prix de la carpette anglaise avait été attribué en 2009 à Richerd Descoing, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, pour imposer des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid....

Blogue d'Alain Juppé (8 août 2010)

A. Juppé réagit à une tribune de Frédéric Martel (auteur de "Mainstream") dans le Point et prend vigoureusement la défense de la francophonie et même du multilinguisme, ce qui est généralement la position défendue par les linguistes (car comment réclamer une place pour le français, tout en négligeant l'intérêt des autres langues ?).

Son point de vue sur la question est proche du mien, à ceci près que moi, je réclame effectivement la possibilité d'un internet vraiment international, c'est-à-dire avec nos caractères diacritiques. La technique est là, il faut simplement (!) faire plier les Américains.

A. Juppé voit comme principale raison du franglais généralisé, le snobisme et la mauvaise connaissance de l'anglais.

La mondialisation à souhaiter, c'est la diversité linguistique et non pas l'omniprésence du globish.

En 2010, il évoquait la "décroissance" du français... comme je l'ai déjà indiqué, ce point est aujourd'hui contesté.

Au total, un excellent billet par quelqu'un qui a pu apprécier la combativité linguistique des Québécois.

Ah oui ! l'adresse : http://www.al1jup.com/?p=777

 

16/07/2014

Découvrez Luis Sepulveda

 

Ingrédients pour une vie de passions formidables de l'écrivain chilien Luis Sepulveda, mis à part son titre inapproprié (en espagnol, c'est "Écrits de temps de crise", bien plus pertinent), est un vrai régal.

 

 
C'est une suite de petits récits, à la mode sud-américaine (cf. le grand Garcia-Marquez, sur lequel il raconte d'ailleurs une anecdote savoureuse), qui alternent allusions à la vie familiale (il est cinq fois grand-père...) et analyses politiques de la situation de l'Espagne où il vit. Son texte sur la spéculation immobilière et la crise de 2008 est remarquable de clarté et perspicacité. Ça vaut tous les économistes du monde.

 

Il affiche sans ambages ses convictions de gauche, voire d'extrême-gauche, et donne son avis sans fard. Il défend les mineurs, les ouvriers en grève, les pêcheurs sans poisson, les sans-grade...

 

Et il flingue tous azimuts les politicards espagnols, le Vatican, les financiers. C'est même étonnant qu'il puisse en dire autant sur Gonzalez, Aznar, Rajoy et Zapatero, avec autant de virulence, dans un texte public, sans craindre un procès en diffamation.
 
Les retours sur la dictature chilienne et sur son ami Salvador Allende sont poignants.

 

Un homme qui a vécu à Paris et qui écoute Léo Ferré et Barbara avec ses amis, ne peut être qu'attachant !
 
Bibliographie : Éditions Métailié, Paris, 2014

15/07/2014

Lexicodiversité

Dans un billet précédent, je m'insurgeais contre la pauvreté de nos vocabulaires, au regard de la richesse lexicale de notre langue.

Voici un exemple de cette diversité, dans l'Iris de Suse, encore une fois. 

 

"- Je le connais, dit-elle, c'est le Bijou de Quelte.

- C'est lui, dit Tringlot, mais cette fois on va un peu le dorloter. Il se surplombe et il a tendance à fouetter du genou. Il faudrait le parer à fond ; si on se contente de le blanchir, il perd pied tout de suite.

- On l'a toujours paré à fond, dit-elle, enfin, tant qu'on a pu. Il n'est pas commode. Même au travail il se débat comme un diable. D'ailleurs, il a toujours usé ses fers en pince.

- Ce n'est pas sa faute, vous verrez les avalures, vous m'en direz des nouvelles. Si on le dessole, si on l'étampe maigre et si on le planche, barca.

- Vous êtes de la partie ? 

- Un peu, dit Tringlot, et il mit dans ses deux petits mots une humble fierté, comme il convenait.

- Alors, demain en huit. mais il faudrait quelqu'un pour le morailler. Je suis seule." etc. 

Et, en prime, on a un bel oxymore...

PS. le dialogue concerne un cheval...