02/08/2014
Je t'écrirai à Lima ; cela dit, je t'écrirais plus souvent si tu voyageais moins
Une des dérives les plus agaçantes dans la langue courante, écrite et donc parlée, est la confusion du futur et du conditionnel.
On doit employer l’indicatif futur quand la chose est certaine et le conditionnel quand elle ne l’est pas.
On doit donc dire : « Je t’écrirai à Lima (chose certaine) ; je t’écrirais plus souvent si tu voyageais moins (comme la personne va continuer à voyager beaucoup, il est peu probable qu’on puisse lui écrire plus souvent) ».
Les terminaisons « ai » et « ais » ne se prononcent pas de la même façon ; c’est ce qui permet de les distinguer à l’oral : « ai » se prononce « é » (ouvert, la voix s’attarde) et « ais » se prononce « è » (fermé, la voix se bloque). Malheureusement il semble que nos contemporains aient oublié cette différence.
Ils mélangent donc allègrement les deux orthographes.
Je ne reviens pas sur la forme « pour ne pas qu’elle s’en aille », déjà abordée dans ce blogue.
Je signale une autre incorrection, plus subtile : ceci-cela.
En général, « ceci » désigne un fait ou une chose dont on va parler.
« cela » désigne un fait ou une chose dont on vient de parler.
On dira donc :
« Je voudrais vous dire ceci : la Terre est ronde ». Mais cela n’empêche pas de rêver des Amériques… Cela dit, c’est une problématique dépassée aujourd’hui ».
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01/08/2014
Tiret du 6 et tiret du 8
Souvent on entend, lorsque deux personnes cherchent à se communiquer une adresse mél. ou un nom de site internet, ceci :
- "tiret" : c'est le tiret du 6 ?
- "underscore" ?
- "arobasse", "arobase", "arobas" ?
Même dans la base de données du site hautETfort, on peut lire, à propos du référencement :
"tirets séparateurs entre chaque mot clef (optimisation récente, les tirets seraient meilleurs que les "_", à vérifier)".
C'est dire la pagaille et l'ignorance qui règnent dans un domaine, qui relève, somme toute, de la typographie...
Voici mon point de vue, je trouve qu'il est simple et facile à mémoriser :
1) le tiret, c'est le tiret (il y a trois types de tirets en typographie mais ne chipotons pas)
2) le "_", c'est un blanc souligné !
3) le "@", c'est le "a commercial" (comme le "&" est le "e commercial") des Anglo-saxons. Au début d'internet, ce signe a été choisi, logiquement, pour libeller une adresse électronique.
Ainsi, de même que Claire Bléreau habite "à Carcassonne", son adresse électronique peut être libellée "claire.blereau@pomme.fr". Et on le prononce comme suit : Claire point Bléreau (sans le é...) à pomme point fr.
Le fait que les caractères diacritiques du français ne puissent pas être utilisés dans les adresses, et dans internet en général, est une autre histoire (scandaleuse en l'occurrence). Ainsi, pour les besoins du référencement, le site hautETfort traduit tous les caractères accentués des titres, en caractères non accentués !
Revenons au fameux "@" (remarquez qu'il est, fort justement, situé sur la même touche de clavier que le "à" !). L'Académie a trouvé astucieux de le baptiser "arobe"... je ne partage pas ce point de vue. D'ailleurs, c'est un fiasco, personne n'utilise ce néologisme, qui n'apporte rien par rapport à "arobase".
Contentons-nous de dire "à", puisque ce sigle n'est utilisé que dans les adresses mél.
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31/07/2014
Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font
J'interromps ma chronique des difficultés de la typographie et de l'orthographe françaises pour vous faire part de ma stupéfaction suite à un reportage déjà ancien, vu sur France 2.
Intitulé "je twitte, tu twittes, il twitte" (titre qui se voulait humoristique et en tous cas accrocheur), ce reportage narrait une expérience "pédagogique" à l'école primaire, dans le Pas-de-Calais.
Je passe sur le fait que la séquence, annoncée à plusieurs reprises tout au long du Journal de 20 heures, a été, un peu avant son lancement effectif à l'antenne, qualifiée de "marginale"... cette information était au contraire primordiale et aurait dû empêcher sa diffusion, tout simplement. À quoi sert de diffuser, à l'heure de plus grande écoute, le compte rendu d'une expérimentation "marginale" ?
Mais venons-en au fond...
Un instituteur a trouvé malin, sous prétexte de pédagogie, de mettre Twitter à la disposition de ses élèves et de les faire travailler autour de cet outil : imaginer et taper des textes au clavier, les lire sur grand écran, les corriger...
Et de montrer des enfants, tous plus appliqués et enthousiastes les uns que les autres (devant la caméra), concentrés et tirant la langue, en train d'ânonner sur leur clavier, lettre après lettre, de vérifier à l'écran et de s'envoyer des messages. Consternant...
Tout aussi consternant, le discours convaincu du maître, qui pense ainsi préparer ses élèves au monde de demain (et à l'orthographe ?).
Pas moins consternant que d'entendre les parents interrogés, espérant qu'ainsi on prépare leurs enfants au monde de demain (et peut-être à l'orthographe, qu'eux-mêmes martyrisent chaque jour ?)...
Voici maintenant les réflexions que cette "expérience marginale" m'inspire :
Est-il vraiment indispensable pour enseigner l'écriture, la lecture et l'orthographe, de passer par la case Twitter, sauf à vouloir en rajouter encore sur l'appétence des jeunes pour tout ce qui fait "style", pour tout ce qui est ludique, pour tout ce qui fait espérer "ne pas être en classe pendant la classe" ?
Comment ne pas avoir mal au cœur en voyant ces enfants-cobayes, à qui l'on fait croire qu'il s'agit de s'amuser à taper avec un doigt, alors qu'il s'agit bien, comme tout apprentissage, de faire un effort et que c'est du travail ?
L'outil Twitter lui-même, a été spécifié pour l'envoi de messages courts, limités en nombre de caractères. Il est responsable, avec les téléphones mobiles, du charabia actuel : textos abrégés à outrance, tics d'écriture, absence de ponctuation, etc., au point que c'est quasiment devenu une langue à part, étudiée par les linguistes et les sémiologues (cf. les articles à ce sujet dans Wikipedia).
D'ailleurs, qu'en sera-t-il de Twitter quand ces gamins auront 15 ans ? croupira-t-il avec Visicalc, Atari et autres fossiles de la technologie ?
Pourquoi commencer "par la fin", en les faisant taper, sur un clavier dont tout le monde sait qu'il est inadapté (ce clavier du XIXème siècle était adapté aux machines à écrire mécaniques !), des caractères qu'ils pourraient tout aussi bien écrire sur une feuille de papier ou au tableau ?
L'Éducation nationale ferait mieux d'étudier et d'adopter enfin le clavier Marsan, ergonomique et adapté au français ?
Et tant qu'à se préparer au monde de demain, et si l'on croit que la communication de demain continuera à se faire par clavier, pourquoi ne pas plutôt leur apprendre une bonne fois pour toutes, la dactylographie (apprendre à taper) ?
Ne serait-ce pas plus utile à long terme, pour les futures études longues de ces bambins de 7-8 ans ? (Rem. : comme au violon, il faudrait peut-être des quarts ou des demi-claviers...).
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