05/07/2014
Ah, si vous connaissiez ma… prof. de gym. ! Don't do it !
Il y a encore beaucoup de théorie à voir et donc beaucoup de billets didactiques en attente. Mais vous avez besoin de souffler et je pense que vous voulez lire maintenant quelques billets avec du "vécu", de l'humain, de l'incarné...
Je vais donc vous parler de ma prof. de gym. (question : pourquoi autant de points dans cette phrase ?).
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Au cours de gym. l'autre fois, je vois que la prof. porte sur son short la mention "just do it".
Qu'est-ce qui fait que tant de nos jeunes éphèbes et aphrodites (et pas uniquement les jeunes), transformés en hommes-sandwichs, portent sur leur poitrine ou ailleurs, des slogans invariablement en anglais... : "I love NY", "University of California at San Diego", "Fruit of the loom", "Harvard", j'en passe et des meilleurs, dont le fameux "Just do it" de ma prof. de gym. Ils véhiculent donc, plus ou moins consciemment, à la fois la langue impérialiste du moment et son modèle culturel.
Il y a plusieurs explications, sans doute :
- "ça fait style", même quand on ne comprend pas bien ce que signifie ce qui est écrit ;
- les copines portent les mêmes... ;
- la mondialisation permet d'écouler les mêmes maillots de Lima à Bangkok ; c'est rentable pour les fabricants ;
- (et du coup) on ne trouve que ça dans les magasins...
A contrario pourquoi donc les Français (et les Allemands, les Italiens, etc.) n'éprouvent-ils pas le besoin de faire pareil ? Pourquoi un jeune Français ne serait-il pas fier d'arborer, aux États-Unis, la mention "Sciences Po. Lille", plutôt que "Yes I can" ?
On peut penser aussi qu'un touriste visitant Paris, préfèrera arborer, de retour chez lui, la mention "J'aime Paris", plutôt que "I love Paris" !
N'oublions pas que, là-bas, aux States, "Yes I can", "I love NY", "Just do it"... veulent dire quelque chose ! c'est tout simplement écrit dans la langue de tous les jours ! De même que "Windows" sur l'écran, ça veut dire "Fenêtres" pour eux ! Et notre Blackberry, c'est leur mûre !
Donc, je reviens à ma prof. et j'imagine qu'elle vienne la prochaine fois avec un short portant la mention "Vas-y, fais-le, tout simplement !".
Que ne pensera-t-on pas ? Et on dira quoi ? qu'elle est vulgaire ou innocente ?
Alors pourquoi ce qui "passe" en anglais, ne passera-t-il (probablement) pas en français ?
C'est bien la preuve que le sens des mots anglais imprimés sur les habits n'est pas compris et n'a aucune importance. Ce qui compte uniquement, c'est de l'avoir "écrit en anglais".
PS. dernière minute : il y a aussi UN prof. de gym. ; et, lui aussi, s'est affublé de "Just do it".
Fabuleux ! et ce n'est plus écrit en petit sur le short, c'est en grand sur le tee-shirt. Ouf ! la parité est sauve.
J'ai découvert par ailleurs qu'on vend dans la Capitale, des tee-shirts "J'adore Paris" ! Incroyable.
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04/07/2014
La Défense (92) du franglais
J'ai beaucoup de choses à dire et donc à écrire sur cette maladie qu'est la franglophonie...
Mais avant de commencer quelques billets salés (que je pourrais appeler billés pour "faire blog"…), je voudrais vous mettre l'eau à la bouche en images.
Cela faisait longtemps que j'avais promis à quelques-uns des futurs lecteurs de ce blogue, de faire mon petit tour d'enquêteur dans ce haut lieu de la consommation et des sièges sociaux réunis qu'est le quartier de la Défense, à côté de Paris.
La Défense, vous connaissez… c'est ça :
Mais quand on se tourne sur sa droite, on voit ceci :
et aussi ceci :
et on se dit : "pourquoi pas Pacifique, pourquoi pas Grill mexicain, pourquoi pas Accessoires" ?
Maintenant, vous entrez dans le Centre commercial "les Quatre Temps"… sur la porte, vous voyez que c'est un anglophone que l'on attend...
et dès la première galerie marchande, le ton est donné :
ah… on croyait que vous compreniez l'anglais des publicitaires… non ? alors penchez-vous bien bas ; au ras du sol, vous pourrez lire ceci :
Plus subtile, cette transformation de la syntaxe du français :
alors que cette boutique propose un service et non des montres (et devrait donc s'appeler "Service Montres").
Allez, on avance :
là, c'est pas inutile… ça apprend aux bœufs que nous sommes censés être, comment on prononce MISTER MINUTE dans la langue de la Défense.
et aussi :
et pour terminer, car les meilleures horreurs ont une fin :
Un bon dessin valant plus qu'un long discours, le mien s'arrêtera donc ici.
[Ajout du 19 juillet 2014]
Pas tout à fait car il me revient en mémoire quelques autres exactions linguistiques des publicitaires, toujours dans ce haut lieu de la consommation qu'est La Défense. Jugez-en.
Deux (immenses) panneaux publicitaires - de la communication écrite, donc - ont attiré mon attention à quelques jours d'intervalle.
Le premier a trôné sur les Quatre Temps et prétendait célébrer la jouissance qui serait attachée à l'appareil à la mode de l'époque, la Mûre (certains disent le Blackberry). Au centre de ce panneau figure une sorte de règle de vie, formulée en anglais, qui nous incite, pour ceux qui comprennent cette langue, à aimer ce que nous faisons et à faire ce que nous aimons. Personnellement, je n'ai pas vu le rapport avec l'objet, bien que j'aime les mûres par ailleurs... Comme il est interdit, en France, d'afficher des publicités en langue étrangère, le publicitaire a écrit la traduction, en petits caractères, dans un coin du panneau. Mais, pourquoi donc écrire ce message en anglais ? Est-ce le meilleur moyen de toucher les innombrables passants pressés, qui vont défiler devant ? Sauf à penser que ce ne sont tous que des snobs, acquis à la mondialisation heureuse à la mode anglo-saxonne ?
La fois d'avant, c'était pire... Asics accompagnait son logo du leit-motiv censé déterminer notre achat, à savoir : "sound body, sound mind". Cela fait chic, moderne et dans le vent (à supposer que les passants le décodent du premier coup...). Quelle illusion, quelle dérision ! Ce slogan existe en français, il n'est l'apanage des anglo-saxons ni sur le fond ni sur la forme. Nous avons en effet notre "un esprit sain dans un corps sain", tout aussi tonique et percutant. Mais surtout, nous avons le fabuleux "mens sana in corpore sano", autrement mieux balancé et vieux, lui, comme le monde (latin ou peut-être grec !).
Que veut-on nous faire croire ?
Que nous comprenons l'anglais ?
Que notre français est dépassé, incapable de formuler le monde d'aujourd'hui ?
Qu'il est plus simple, moins coûteux, et donc plus rentable, d'afficher les mêmes panneaux dans le monde entier, dans la même langue, pour les mêmes consommateurs interchangeables ?
Il faut donc résister : défendre et illustrer notre lingua franca (ce qui n'empêche pas de savourer les richesses de l'anglais mais aussi de l'allemand, de l'espagnol, de l'italien, du portugais...), protester en tous lieux contre l'envahissement injustifié des termes anglais, utiliser les nouveaux mots des commissions de terminologie, innover en créant de nouveaux termes.
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Qui vole un o-euf vole un bo-euf
Quand pourra-t-on, nom de Zeus, recevoir des "vœux" et non pas des "voeux" (qui évidemment se prononce vo-eux) ?
Rappelons qu'une norme ISO code tous les caractères de toutes les langues (connues) de la planète ! Et que donc, il est possible d'écrire tout le français correctement.
Allez, je vous donne une clé : Alt 0156 (ça marche dans tous les logiciels).
Il faut écrire œ en français et non pas oe. Cela peut vous surprendre car cette graphie s'est perdue. On lit partout sur les affiches et à la télévision : oeuf, boeuf, voeux, coeur… et chacun le prononce œuf, bœuf, vœux et cœur, tellement notre cerveau est habitué à compenser les erreurs typographiques.
Et pourtant !
D'abord, essayons de comprendre pourquoi le œ en français...
Examinons trois mots français, bien différents, avec leur prononciation en écriture "phonétique" :
- coefficient [koefisjã] : le "c" avant le "o" se prononce k, les sons "o" et "e" sont séparés,
- cœlacanthe [selakãt], le "c" avant le "o" se prononce s, la voyelle se prononce "e" comme dans "et",
- cœur [kœr] : le "c" se prononce k, le groupe "œu" se prononce comme dans "leur".
Le même mot, écrit comme très souvent "coeur", se prononcerait [ko œr] !
Ensuite, savoir qu'il est possible de bien les écrire...
Les traitements de texte modernes, dont évidemment Word, permettent d'afficher à l'écran et d'imprimer, tous les signes diacritiques du français :
à á â ä ç è é ê ë ì í î ï ò ó ô õ ö ù ú û ü œ æ
À Á Â Ä Ç È É Ê Ë Ì Í Î Ï Ò Ó Ô Ö Ù Ú Û Ü Œ Æ
Sur le clavier des Mac et autres i-quelque chose, il suffit de laisser le doigt appuyé sur la lettre et toutes ses variantes typographiques s'affichent.
Retrouvons l'esthétique des caractères du français !
Le progrès technique aidant, retrouvons le plaisir de lire le français tel qu'il est, avec ses signes distinctifs.
Comment se passer de "cœur", de "dû", de "où", de "aiguë", etc. ?
de Joyeux Noël, de Citroën (sinon on prononcerait Ci-tro-an) ?
et de Boïeldieu (sinon, comment voulez-vous que cela se prononce Boi-iel-dieu ? rappelons-nous comment Erich von Stroheim le prononce dans la Grande Illusion, film de 1939) ?
Ce sujet des caractères diacritiques n'est pas épuisé ; il fera l'objet d'un autre billet.
09:16 | Lien permanent | Commentaires (0)