30/07/2014
L'évêque et le bien écrire
En 1938, Monseigneur Georges GRENTE, évêque du Mans et académicien français, publiait la onzième édition de « La composition et le style ».
Dans ce petit livre, il prodiguait, dans une langue qui nous paraît aujourd’hui surannée et avec force paternalisme et bien-pensance, tout une série de conseils pour réussir à bien écrire.
Logiquement, il commençait son ouvrage par un paragraphe intitulé « Importance de bien écrire » et citait Voltaire :
« Les choses qu’on dit frappent moins que la manière dont on les dit… ».
Et il concluait son introduction par ceci : « Si le style est un don, le travail est nécessaire ; on peut apprendre à écrire » et « peut-être parviendrons-nous à nous faire lire par des hommes qui auraient, sans l’agrément de notre style, négligé notre œuvre ou dédaigné notre talent ».
Pour lui, les moyens d’apprendre à bien écrire sont l’observation, la lecture, la traduction (des Anciens, grecs et romains) et l’imitation (des auteurs classiques ou contemporains).
Pour les rédacteurs de textos, de courriels et de notes diverses que nous sommes, il n’y a plus guère que la lecture qui soit un moyen concret d’apprendre à écrire correctement. Cela reste l’alpha et l’oméga.
Dans les chapitres suivants de son livre, G. GRENTE parle de la composition, du style (élocution, clarté, concision, harmonie, figures) et des divers genres de composition (description, discours, lettre…).
C’est bourré de conseils pertinents ; nous y reviendrons donc dans ce blogue, ne serait-ce que parce que l’évêque disserte sur « le pouvoir des mots », « les locutions vicieuses », « les phrases tortueuses », « l’orthographe, l’accentuation, la ponctuation » !
À bientôt donc, Monseigneur.
Georges GRENTE « La composition et le style », mcmxxxviii, Beauchesne et ses Fils, Paris, rue de Rennes, 117
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25/07/2014
Abrégeons mais comme il faut
On a souvent (mais pas toujours...) besoin d'aller vite, y compris par écrit.
Le langage texto et le langage des forums sur internet usent et abusent des abréviations, dans une tentative vaine de faire que la langue écrite soit "de l'oral sans parole". Cette course à l'ellipse et à la concision masque peut-être quelques difficultés inavouables avec l'orthographe mais privent surtout leurs lecteurs du temps de la réflexion et du recul nécessaire.
Quoiqu'il en soit, les abréviations existent et sont bien utiles dans la langue écrite orthodoxe que nous essayons de préserver. Leur bon usage n'est pas toujours connu. Voici quelques rappels.
Pour terminer une énumération, on utilise "etc." (et cetera, avec un point de troncature, cf. infra) ou bien "..." (trois points de suspension) mais pas les deux ni deux points ni quatre points.
Les premiers, deuxièmes, etc. s'écrivent : 1er , 1re, 2nd, 2de, 1° (primo), N° (numéro).
Pour renvoyer à une source à part, on écrit : cf. (avec un point de troncature).
On écrit "c.-à-d." pour "c'est-à-dire".
Et enfin, le fameux point de troncature !
On n'écrit pas de point à la fin d'un mot abrégé si le dernier caractère de l'abréviation est aussi celui du mot à abréger. Exemple : "Mme" pour abréger Madame et "Dr" pour Docteur.
Dans le cas contraire, on écrit un point, qui vaut pour tout le reste du mot qui a disparu (qui a été abrégé). Exemple : "M." pour Monsieur (et non pas "Mr" comme tous les franglophones aiment l'écrire, pour "faire anglais"). De même "MM." pour Messieurs.
09:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/07/2014
Le français, les Français et les majuscules
C'est arrivé suite à l'émergence de l'adjectif European dans notre espace linguistique, elle-même conséquence de l'envahissement de notre quotidien par l'Europe et des institutions européennes.
On a vu fleurir les termes "The European Commission", "European Count Unit", "The European Policy", etc., le tout avec un E (majuscule).
Et comme un seul homme, nos rédacteurs français se sont mis à écrire :
"Après retraitement, il n’y avait plus d’écart de performance économique entre distributeurs Britanniques et Français"
Or il n'y a aucune raison de mettre une majuscule sur le b et de f de cette phrase : en français, l'adjectif ne prend pas de majuscule (sauf en début de phrase).
Le français (et le Français) n'abusent pas des majuscules.
Rappelons les règles (cf. Résumé d'orthographe de H. Berthet) :
- on met une majuscule au début d'un titre, d'une phrase (après un point, parfois après un point d'exclamation ou d'interrogation mais jamais après un point-virgule ni deux points), d'un nom propre, d'un nom de nationalité. Et j'ajoute : au début d'un mot que l'on veut mettre en valeur (ex. : l'Union européenne, la Commission de régulation de l'énergie).
- contrairement à l'anglais, le français ne met pas de majuscules aux noms de mois ni de jours de la semaine (ex. : le lundi 3 mars 2014)
Les journaux anglais ou américains sont bourrés de majuscules dans les titres, quasiment à chaque mot (on se demande bien pourquoi).
En allemand, c'est différent ; on met une majuscule à chaque substantif : der Mann, die Frau...
En résumé, on écrira : les qualités des Français et les qualités françaises.
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