06/03/2015
Lectures électriques (I)
Le « Journal des activités sociales de l’énergie » parle souvent de littérature contemporaine et de lecture. C’est étonnant et ça me réjouit.
On y apprend par exemple qu’il y a en Arras un Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale… En 2013, avec François Bégaudeau (« Entre les murs »), François Cusset (« À l’abri du déclin du monde ») et Christian Langeois, on s’y interrogeait sur l’engagement de l’écrivain dans le débat public : obligation ? conviction ? posture ?
C’est intéressant ; sans doute qu’a plané l’ombre de Sartre, qui disait « Ne pas choisir, c’est encore choisir »…
La réponse était néanmoins plutôt « non », sachant que « l’écrivain fait œuvre utile en montrant ce qui ne se voit pas ». Le roman s’avère parfois « plus politique par sa langue, son regard, sa sensibilité que par son thème ». Je suis d’accord avec ça. D’ailleurs, Sartre était-il un écrivain ?
À Mouans-Sartoux, dans les Alpes maritimes, il y a un Festival du livre, occasion pour les éditeurs indépendants de se faire connaître. Comme par exemple « Indigènes » qui a édité « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, vendu à des millions d’exemplaires mais dont la ligne éditoriale est la défense des cultures indigènes menacées d’extinction ou de génocide. Mais il y avait aussi en 2013 : « Le passager clandestin », « Gros texte », « Le vent se lève » et d’autres, comme « Éditer en haute Provence », dont je découvre qu’ils éditent « un grand poète injustement oublié », Jean Proal, qui a vécu dans l’ombre de Jean Giono. Il fallait qu’il soit très grand, Giono, avec le soleil au zénith de sa Provence, pour faire une telle ombre…
07:30 Publié dans Actualité et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)
05/03/2015
Délivrez-nous du mal (financier)
Une association d’idées, très libre, me fait passer de Julien Green, évoqué dans le billet d’hier et obnubilé par la question du bien et du mal, à la finance…
On peut y voir une préoccupation morale, voire politique…
En l’occurrence, c’est encore une fois une question linguistique !
Les langages spécialisés (langue des métiers, des marins aux maçons, en passant par les ébénistes) ont leur légitimité et leur importance car des concepts et des gestes spécialisés réclament des mots spécialisés. Malheureusement, il n’y a même pas besoin que ces métiers s’étiolent pour que leur langue propre disparaisse ; on préfère généralement utiliser un vocabulaire impropre, imprécis, faute de connaître les mots justes.
Mais la finance, il me semble, s’est distinguée par la manie d’utiliser des mots impropres pour nommer des phénomènes somme toute assez banals, la plupart du temps pour « sonner » anglais et donc faire prétendument plus savant.
J’ai déjà parlé du verbe « anticiper » ; en français, il signifie « prendre les devants », « préparer une action en imaginant ce qui va se passer » ; or les analystes et journalistes financiers l’utilisent dans le sens de « s’attendre à », « être quasiment sûr que ». Sans raison valable, me semble-t-il.
Autre exemple, tout aussi énervant, et qui a fait florès dans les fameux projets européens (Eureka, BRITE and co) : « délivrer », calque de l’anglais « deliver ».
Dans un entretien, Olivier Baduel (Médi-action) parle ainsi de « délivrer une performance supérieure à notre indice de référence… ».
Dans les projets, on s’échine aussi fréquemment à ne pas rater l’échéance des fameux deliverables…, quitte à les appeler « délivrables ». Dans le meilleur des cas, on parle de « livrables », au moins c’est concis. Mais « livraisons » existe depuis toujours !
Et à propos de finances, une pensée amicale et solidaire pour les Grecs...
07:30 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
04/03/2015
Devinette (III) : réponses
Bien sûr, il y avait le calembour sur Line Renaud dans le titre… voilà pour la forme
Et, sur le fond, il était question de Renault autant que des Yvelines dans ce billet, en ce qui concernait leur attrait maniaque pour l'anglais, sauf que j'avais oublié d'inclure le paragraphe que voici :
"En son temps, chez Renault (encore Renault !), Louis Schweitzer avait imposé l'anglais dans son conseil d'administration, sans même arguer du même motif que l'inénarrable Didier Michaud-Daniel (Bureau Véritas) (voir mon billet du 18 février 2015). Parce que ça faisait chic, sans doute".
Désolé, ce n'était pas plus "rusé" que cela...
15:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)