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24/03/2015

C'était la semaine de la langue française

Vous le saviez, amis lecteurs ; dimanche dernier, le 22 mars 2015, s'est terminée la semaine de la langue française. Il y a eu d'innombrables manifestations ici et là (on parle de 1500 événements et de 70 pays...).

Mon quotidien préféré, le Figaro du 17 mars 2015, en a parlé abondamment et je vous ai déjà rendu compte, dans ce blogue, des articles sur le sujet.

Mais je n'avais pas encore parlé du billet de Claire Bommelaer, qui était plein d'informations intéressantes. D'abord sur les manifestations les plus marquantes : la lecture de ses textes préférés par le québécois d'origine haïtienne Dany Laferrière, dans une baignoire, au ministère de la Culture (il était habillé) ; un cabaret littéraire sur le thème de l'amour ; un concours d'orthographe ; une journée spéciale sur TV5 Monde ; et l'inévitable site Facebook, avec un test.

Mais le plus original était le thème choisi par le Ministère : les mots français venus d'ailleurs.

On apprend dans l'article que les Gaulois nous ont laissé le "galet", les Arabes (c'est vague...), les mots  "sorbet", "alcool" (gag !), "toubib" et "guitare", le vieux scandinave, "homard", les Polonais, la "mazurka" (bien sûr), les Russes, le "cosaque". Des Amériques sont venus "tomate", "patate" et "tabac".

La liste est longue : le "café" vient de l'arabe via le turc et l'italien ; les "sushis" du japonais, le "paréo" du tahitien.

On a reçu des mots des langues qui dominaient un domaine, à une époque : l'italien en musique, l'arabe pour les sciences, l'anglais pour le sport... et pour tout le reste depuis quelques décennies, Yankees aidant.

23/03/2015

Latin-grec, jamais deux sans trois

Tant qu'à lire le Figaro, lisons-le en entier.

Dans cette même production du 17 mars 2015, le quotidien parisien revenait sur notre sujet dans son cahier intérieur, sous le titre général : "Les humanités retrouvent leur grandeur". Voir...

La rédaction a d'abord interrogé Loys Bonod, enseignant au lycée Chaptal et censé traduire l'inquiétude des professeurs de lettres classiques devant la réforme de Mme Belkacem.

Je passe sur son approche plutôt politique de la chose, qui considère que cette réforme veut tuer le latin en tant que symbole de l'ancienne école, que l'on veut éradiquer, et en tant que symbole de l'effort à l'école. Notons au passage qu'il n'y a déjà presque plus d'enseignants latinistes... mais que le latin attire encore 20 % des élèves de cinquième (mais 4 % en terminale).

D'après notre enseignant, en Allemagne, le latin serait proposé au même titre qu'une langue vivante. À vérifier.

Ensuite on entre dans le vif du sujet : pourquoi apprendre le latin, cette langue "ségrégative" selon la FCPE ?

- parce qu'il aide les élèves d'un point de vue historique et culturel ;

- parce qu'il irrigue nos institutions, notre droit, les sciences, notre littérature, notre grammaire ;

- parce que plus de 80 % de notre vocabulaire vient du latin.

N'est pas Anne-Sophie qui veut ! Loys Bonod, lui, pense qu'on veut la mort du latin et que l'étape suivante, c'est la destruction des lettres.

 

 

 

22/03/2015

Parlez-vous latin ?

Dans ce même numéro du 17 mars 2015, le Figaro avait invité Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires au lycée Lavoisier, agrégée d'histoire et normalienne. Celle-ci présente la réforme de Mme Belkacem de la façon suivante : "Dans un but de démocratisation, les contenus plus réalistes interdiront les classes européennes et bilingues trop élitistes, et les langues anciennes seront intégrées aux cours de français, autant dire supprimées au profit d'une seconde langue vivante en cinquième".

Mme Letac est outrée, amère, découragée et persiffleuse, ironique, perfide. Mais elle cite quelques bons auteurs à l'appui de son plaidoyer.

"Outre leur langue maternelle, les collégiens apprenaient jadis une seule langue, le latin. Moins une langue morte que le stimulus artistique incomparable d'une langue entièrement filtrée par une littérature" (Julien Gracq, en 2000).

"On n'apprenait pas le latin et le grec pour les parler ou pour devenir domestique ou correspondant commercial. On les apprenait pour connaître directement la civilisation des deux peuples, qui constitue le présupposé nécessaire de la civilisation moderne, on les apprenait autrement dit pour être soi-même et se connaître soi-même consciemment" (Antonio Gramsci, en 1932).

Mme Letac ne manque pas d'humour non plus, puisqu'elle écrit : "Est-il bien raisonnable de tuer une langue déjà morte, et qui plus est, optionnelle ?"...

Elle appelle à se méfier de l'inutile en convoquant Alan Turing et les mathématiques pures. Pour elle, le latin est "une construction logique brillante, excellente pour le cerveau, dont on découvrira un jour qu'elle est à l maladie d'Alzheimer ce que le brocoli est au cancer du colon, qu'elle vaut tous les jeux de logique, toutes les gymnastiques de mémoire vendues sur Amazon".

"Sur Amazon ?" (NDLR : voir mes billets sur les prépositions).

Humour, dérision, optimisme invétéré ? Anne-Sophie fait le pari que l'on va nous recycler le latin et le grec, sous forme de produit bio, un de ces jours... J'aimerais y croire.