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07/03/2015

Lectures électriques (II)

Dans le « Journal des activités sociales de l’énergie », on parle aussi… des PARLE, à savoir les « Pratiques amateurs aux rendez-vous de la lecture et de l’écriture ». Lors de ces rendez-vous, on débat : « La lecture est une source de plaisir, mais comment donner des clés pour déchiffrer le pouvoir des mots ? ». Un libraire souligne la nécessité d’orienter le lecteur vers la lecture courte (sic) : « On ne peut plus ignorer le langage du SMS (sic) ». Eh bien, celui-là n’est pas près de me voir entrer dans sa boutique !

Une sociolinguiste (Josiane Boutet, auteur de "Le pouvoir des mots", éditions La dispute), estime que « Tout le monde passe son temps à lire et à écrire ». Ah bon ?

Un philosophe (Jean-Claude Monod, auteur de "Écrire, à l'heure du tout-message", éditions Flammarion) constate quant à lui « une prolifération de l’écriture sous tous les supports numériques. On n’a jamais autant écrit : SMS, courriels, tweet… » (en franglais dans le texte).

Nous y voilà, le numérique !

Voilier.jpgCela me fait penser à NR, une amie qui m’a fait l’article, de façon enthousiaste, pour les liseuses. En résumé, une liseuse, c’est 800 livres en permanence sous les doigts, faciles à télécharger, et facile en emporter en vacances, n’importe où, même en croisière sur un voilier (elle l’a fait…). L’autonomie est très grande. On peut bien sûr rétro-éclairer, zoomer… mais surtout, pour ceux qui lisent « le crayon à la main », plus crayon ni papier ! Il est très facile d’annoter ce que l’on vient de lire.

Très convaincant !

Bon, je vais aller m’acheter un bouquin.

06/03/2015

Lectures électriques (I)

Le « Journal des activités sociales de l’énergie » parle souvent de littérature contemporaine et de lecture. C’est étonnant et ça me réjouit.

On y apprend par exemple qu’il y a en Arras un Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale… En 2013, avec François Bégaudeau (« Entre les murs »), François Cusset (« À l’abri du déclin du monde ») et Christian Langeois, on s’y interrogeait sur l’engagement de l’écrivain dans le débat public : obligation ? conviction ? posture ?

C’est intéressant ; sans doute qu’a plané l’ombre de Sartre, qui disait « Ne pas choisir, c’est encore choisir »…

La réponse était néanmoins plutôt « non », sachant que « l’écrivain fait œuvre utile en montrant ce qui ne se voit pas ». Le roman s’avère parfois « plus politique par sa langue, son regard, sa sensibilité que par son thème ». Je suis d’accord avec ça. D’ailleurs, Sartre était-il un écrivain ?

Provence.jpgÀ Mouans-Sartoux, dans les Alpes maritimes, il y a un Festival du livre, occasion pour les éditeurs indépendants de se faire connaître. Comme par exemple « Indigènes » qui a édité « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, vendu à des millions d’exemplaires mais dont la ligne éditoriale est la défense des cultures indigènes menacées d’extinction ou de génocide. Mais il y avait aussi en 2013 : « Le passager clandestin », « Gros texte », « Le vent se lève » et d’autres, comme « Éditer en haute Provence », dont je découvre qu’ils éditent « un grand poète injustement oublié », Jean Proal, qui a vécu dans l’ombre de Jean Giono. Il fallait qu’il soit très grand, Giono, avec le soleil au zénith de sa Provence, pour faire une telle ombre…

05/03/2015

Délivrez-nous du mal (financier)

Une association d’idées, très libre, me fait passer de Julien Green, évoqué dans le billet d’hier et obnubilé par la question du bien et du mal, à la finance…

On peut y voir une préoccupation morale, voire politique…

En l’occurrence, c’est encore une fois une question linguistique !

Les langages spécialisés (langue des métiers, des marins aux maçons, en passant par les ébénistes) ont leur légitimité et leur importance car des concepts et des gestes spécialisés réclament des mots spécialisés. Malheureusement, il n’y a même pas besoin que ces métiers s’étiolent pour que leur langue propre disparaisse ; on préfère généralement utiliser un vocabulaire impropre, imprécis, faute de connaître les mots justes.

Euros.jpgMais la finance, il me semble, s’est distinguée par la manie d’utiliser des mots impropres pour nommer des phénomènes somme toute assez banals, la plupart du temps pour « sonner » anglais et donc faire prétendument plus savant.

J’ai déjà parlé du verbe « anticiper » ; en français, il signifie « prendre les devants », « préparer une action en imaginant ce qui va se passer » ; or les analystes et journalistes financiers l’utilisent dans le sens de « s’attendre à », « être quasiment sûr que ». Sans raison valable, me semble-t-il.

Autre exemple, tout aussi énervant, et qui a fait florès dans les fameux projets européens (Eureka, BRITE and co) : « délivrer », calque de l’anglais « deliver ».

Dans un entretien, Olivier Baduel (Médi-action) parle ainsi de « délivrer une performance supérieure à notre indice de référence… ».

Dans les projets, on s’échine aussi fréquemment à ne pas rater l’échéance des fameux deliverables…, quitte à les appeler « délivrables ». Dans le meilleur des cas, on parle de « livrables », au moins c’est concis. Mais « livraisons » existe depuis toujours !

Et à propos de finances, une pensée amicale et solidaire pour les Grecs...