26/01/2015
Un blogueur en retard, c'est un blogueur en retard...
Aujourd'hui, j'ai près d'une journée de retard sur la publication du billet quotidien (que je me suis imposé quotidien…).
Ce n'est donc plus l'heure de finasser, de chercher à toute force un sujet dans la documentation en attente, de chercher à contourner l'obstacle.
D'autant que, même parmi mes fidèles lecteurs, la plupart ne sont pas à jour et ont "sauté" des billets...
Un petit billet rapide, lu en un froncement de sourcils, ne les gênera nullement, au contraire. C'est un peu les vacances… on dirait le Sud...
Bon, j'avais pensé vous rappeler les paroles de la chanson "On avance" d'Alain Souchon et les commenter, car elles sont vraiment remarquables. Mais plus le temps.
Alors voici, en vrac et sans fioritures, quelques perles que j'ai dénichées ici et là.
J'ai entendu à la télévision, de la part d'un jeune homme, français, la phrase suivante : "Y'a tout l'monde qui z'ont envie de venir…". On est loin des règles subtiles pour accorder, par exemple, "l'ensemble des jeunes avait envie" ou "avaient envie".
Souvent les gens disent : "le livre où vous expliquez…". On attend plutôt : "dans lequel vous expliquez…". Est-ce la disparition de cette construction française ? Malheureusement, il y a pire, à savoir les constructions "à l'anglaise" : "le livre où tu as vu dedans pas mal de trucs intéressants" et autres horreurs.
Sur la chaîne 30, francilienne, un expert un peu emprunté expliquait, ce soir, à une journaliste maladroite ou stagiaire, qu'il y avait 2,5 millions de gens en France incapables de lire correctement, voire de lire tout court. J'en ai déjà parlé.
Comme j'ai déjà parlé de la négation des conjonctions… Je viens de lire dans le Marianne du 23 janvier, sous la plume de Natacha Polony, "dans ce livre, qui n'évoque jamais l'avenir et les solutions…", alors qu'elle aurait dû écrire "qui n'évoque jamais l'avenir ni les solutions…".
Un lecteur me demande si "Nous sommes tous d'accord" ne prendrait pas une "s" à "accord". Non, "d'accord" est une locution (adverbiale), donc invariable.
C'est bizarre que pour faire moderne ou pour aller vite ou les deux, certains n'aient que des mots ou des expressions plus ou moins américains qui leur viennent à l'esprit. Par exemple : "Tu m'as l'air au top". Moins on recherche le mot (français) juste, moins il nous viendra à l'esprit. C'est comme la liberté, ça ne s'use que si l'on ne s'en sert pas...
La publicité nous use, elle, jour après jour… Occupant à fond le temps de cerveau disponible dégagé par TF1 (et d'autres), elle nous invente et nous impose, avec obstination, des formules et des slogans censés nous flatter et nous faire acheter. Ainsi Citroën, qui non content de nous vanter les mérites de son crossover, qui n'est de toute façon qu'une bagnole de plus, termine ses pubs par "Creative technology". Pourquoi tant de bêtise ?
Voilà c'est tout...
Je vais attaquer le billet du 27 janvier, qui devrait bientôt paraître...
22:48 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2015
Dis pas ci, dis pas ça (XIX)
« Cette fille est la plus belle de toutes »…
Vous voyez de qui je veux parler.
« Cette fille est la moins envieuse » (sous-entendu : des filles de son âge, par exemple).
C’est la même, vous voyez qui…
Mais les choses se compliquent quand on ne compare plus cette fille-là (ou une autre !) qu’avec elle-même ! C’est donc un superlatif relatif que l’on va employer (à l’aide de « le plus », « le moins »). Allons-y.
Doit-on dire : « C’est quand elle est maquillée que cette fille est la plus belle » ou bien « C’est quand elle est maquillée que cette fille est le plus belle » ?.
Eh bien, c’est la seconde phrase qui est correcte ; on peut la remplacer (pas la fille, qui est irremplaçable… mais la phrase) par « C’est quand elle est maquillée que cette fille est belle au plus haut degré ».
Résumons la règle : lorsqu’il y a comparaison entre les différents états d’une même chose (la fille dont je parle ne va pas apprécier…), l’article reste invariable.
Sans transition, comme dirait Poivre, voyons l’accord des verbes avec les pourcentages. Dans l’ensemble N des entiers naturels, O et 1 jouent des rôles bien particuliers (éléments neutres de l’addition et de la multiplication, entre autres). Je n’avais pas retenu que le 2 avait aussi sa particularité. Eh bien si ! Quand un « pour cent » n’a pas de complément, on met le verbe au singulier s’il est inférieur à 2 et au pluriel sinon. On dira donc « 1,9 % a voté contre la motion », « 97,1 % ont voté pour la motion » et « 1 % s’est abstenu ». J’avoue que je découvre ; j’en suis encore tout ébaubi.
Pour terminer ce billet, je dédie ce paragraphe à mes anciens collègues, grands adorateurs des processus. L’anglais « process » a été emprunté du français « processus » aux environs de l’an 1300 ! Pourquoi donc certains trouvent-ils malin aujourd’hui de parler de « process » à tout bout de champ ? « Procéder » et « procédé » sont de la même famille.
08:00 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
24/01/2015
Dis pas ci, dis pas ça (XVIII)
L’Espace des sciences Pierre-Gilles De Gennes, dans le Vème arrondissement de Paris présente des expos sur des phénomènes physiques surprenants et, chaque lundi soir, des exposés. Hier, j’y ai vu, en légende d’une expérience sur le compactage de billes : « Ces chaînes de force dévient le poids… » et j’ai lu, en fait, « Ces chaînes devient le poids… » ; la phrase n’avait plus de sens, même en supposant qu’il y avait une faute sur « devient » qui aurait dû être « deviennent »… Et tout cela pour un misérable petit accent sur le « e ». É. Orsenna a écrit, je crois, sur les accents.
Quand j’habitais en Picardie, on entendait souvent « Tant pire ! » à la place de « Tant pis ! » ; je croyais que c’était une déformation régionale. Que nenni ! L’Académie signale la confusion fréquente entre « pis » (comparatif de « mal ») et « pire » (comparatif de « mauvais »). Et « pire » est un adjectif.
Petite question : « mieux » et « meilleur » sont les comparatifs de quels adjectifs ? (Si vous ne savez plus, pas la peine de chercher sur internet…).
Un des (seuls) grands débats linguistiques de mon enfance que je me rappelle, concernait « battre son plein ». Un soir, mon père est rentré à la maison en nous demandant : doit-on dire « les fêtes battent leur plein » ou « les fêtes battent son plein » ? On a séché…
L’Académie nous dit qu’aujourd’hui, tout le monde est d’accord avec Littré, à savoir :
§ « son » est un adjectif possessif ;
§ et « plein » un substantif, qui, dans la langue des marins, signifie « la pleine mer ».
Il faut donc dire « les fêtes battent leur plein ».
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