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14/10/2014

Courage, on n'est pas seuls

L’hebdomadaire Marianne, dans son numéro du 3 au 9 octobre 2014, écrit dans la péroraison de la chronique de Jack Dion (d’ailleurs pourquoi pas Jacques Dion ?) : « On célèbre la francophonie, au point d’écrire un rapport par an sur le sujet. On rappelle que la langue française est la quatrième parlée au monde. Mais on laisse le sabir anglo-saxon envahir l’univers quotidien et formater les esprits.

On en demandera pardon à nos cousins québécois, placés en première ligne, qui savent que le verbe résister se conjugue aussi au présent ».

Et de citer une trentaine de mots franglais, dont, j’avoue, je ne connaissais pas la moitié (tant mieux pour moi). Voici l’article entier :

Les mots pour le dire Jack Dion Marianne 3 au 9 octobre 2014.jpg

 

Coup de chapeau également à la revue financière « Le Revenu » qui  a introduit un critère « abus du franglais » dans son évaluation des sites internet des sociétés du CAC 40 (voir extrait de son numéro 1297 du 9 octobre 2014 ci-dessous).

Le Revenu abus de franglais.jpg

C’est dire, d’une part que le mal est grave et d’autre part que nous ne sommes pas seuls, que certains journalistes et honnêtes hommes des temps modernes sont de notre côté, nous autres qui résistons…

Courage, Astérix !

13/10/2014

Apprenez le dothtraki !

Il y avait eu Second Life, ce jeu sur internet qui promettait une vie parallèle, dans un univers virtuel dans lequel on pouvait quand même acheter et vendre des terrains et des boutiques… Une dame était, soit disant, devenue millionnaire en dollars en créant une sorte d’empire dans Second Life… On n’en entend plus parler (c’est comme une illustration du second théorème d’Étiemble, selon lequel les mots disparaissent quand l’objet – ou le concept – disparaît…).

Les Américains sont fous et leurs créations déchaînent des passions partout dans le monde (réel). Dernière en date, une langue créée de toutes pièces pour un feuilleton médiéval !

Naturellement personne ne sait ou tout le monde se fiche éperdument de ce que Orwell ait inventé la novlangue d’une sorte de meilleur des mondes totalitaire (1984) et qu’il existe, depuis la fin du XIXème siècle une langue réputée universelle, l’espéranto.

Non, ici, il s’agit de jouer (et accessoirement de ramasser des pelletées de dollars). Dix pour cent de l’humanité jouent, les autres rament.

Et depuis longtemps les Américains « déclinent » leurs inventions : DVD, produits dérivés, etc.

Leur dernier truc, c’est de permettre aux drogués du feuilleton d’apprendre la langue que parlent leurs héros médiévaux et de former ainsi une communauté encore plus soudée et isolée du reste du monde (réel) !

Pour les retraités menacés par Alzheimer, c’est sans doute bénéfique : apprendre une langue, fût-elle imaginaire, est aussi stimulant que jouer au Memory ou à la bataille.

Mais pour les millions de Français, jeunes ou moins jeunes, incapables d’apprendre correctement une langue étrangère, qui trouvent l’allemand « trop dur » et qui ne maîtrisent rien des règles ancestrales de leur propre langue, c’est quand même un comble !

Voilà, on en est là : un organisme de formation propose des cours de dothraki, avec les mêmes méthodes innovantes et efficaces que pour apprendre le français et le portugais (entendu sur France Inter dans la matinale du 7 octobre 2014).

Jugez vous-même :

Apprendre une langue de Game of Thrones, le Dothraki

Publié le 05/06/2014 à 09:05

"À peu près tout le monde ayant accès à internet, s’il ne la regarde pas, a entendu parlé de la série Game Of Thrones. La série, dont la saison quatre est actuellement diffusée sur la chaîne américaine HBO, et qui a été adaptée de la saga littéraire de George R.R Martin, prend place dans un univers de fantaisie médiévale, et voit s’affronter plusieurs familles pour la conquête du trône de fer. Pour cette aventure a notamment été créée une langue, le Dothraki, qu’il est aujourd’hui possible d’apprendre grâce à un partenariat entre la chaine télévisée américaine HBO et l’école en ligne living language.

 Living language est une école américaine de langues en ligne, qui propose d’apprendre de nombreuses langues, comme le français, le portugais, ou encore l'Hindi.  

Cette école s’est donc associée avec la chaîne américaine HBO, qui diffuse la série Game Of Thrones, et le linguiste David Peterson, qui est l’inventeur du Dothraki pour la série télévisée.

 Ainsi, les internautes ont la possibilité d’apprendre le Dothraki. Mais pas uniquement en ligne, puisque plusieurs solutions sont proposées. La première, à environ $20, est un livre de 128 pages comprenant notamment un guide de prononciation, les phrases de base, et un CD d’une heure avec la prononciation des dialogues en langue Dothraki. La deuxième solution, à $30, est uniquement en ligne, avec cinq leçons progressives pour tout apprendre de la langue, la grammaire, la culture, le vocabulaire, et cinq nouveaux dialogues pour illustrer les leçons. Enfin, la dernière est plus un complément des deux autres solutions, en étant une application mobile, à $3,99. Ces programmes, qui sont disponibles pour l’instant en précommande, devraient sortir le 7 octobre 2014.

Alors, et ce bien que la langue ne soit aujourd’hui plus autant présente que dans les premières saisons de la série, cette nouvelle devrait réjouir ses (très) nombreux fans."

12/10/2014

On peut pas être à la fois Jean Dutourd et Jean Moulin ?

En 2007, Renaud Séchan terminait sa chanson « Socialiste » par cette phrase : « On peut pas être à la fois Jean Dutourd et Jean Moulin ».

C’était « vache » pour Jean Dutourd (1920-2011), ancien résistant et académicien, auteur du célèbre « Au bon beurre, chronique des Français sous l’Occupation », ronchon patenté et habitué des « Grosses Têtes » de Philippe Bouvard !

Pour ce qui nous concerne, Jean Dutourd, membre de l’association « Défense de la langue française », était un aîné en francophonie !

Il a bougonné contre l’abâtardissement de la langue il y a déjà longtemps et a tenu la rubrique « Le bon français » dans le Figaro.

Il a publié en 1999 un livre décapant : « À la recherche du français perdu » (Plon). À noter que l’éditeur, bizarrement, avait écrit « Français » (avec une majuscule) et non pas « français » sur la couverture…

Dans son premier chapitre, intitulé « L’état de siège », il écrivait :

« Il y a plusieurs raisons à cela. La plus grande est le snobisme. Les Français s’évertuent à utiliser des mots américains (ou américanomorphes), non certes dans le but d’apprendre l’anglais, idiome, du reste, auquel leur gosier est étrangement réfractaire, ni dans celui de communiquer avec d’éventuels Anglo-Saxons, mais pour épater les autres Français. Savoir l’anglais (ou faire semblant) est une espèce de luxe, une espèce de supériorité sociale…

Il y a quelque chose de magique dans ce qu’Étiemble appelait le « sabir atlantique ». La magie de ce qu’on ne comprend pas.

Même remarque en ce qui concerne le galimatias pédant, où fleurissent les problématiques, les thématiques et mille autres belles choses inaccessibles aux esprits simples.

Même remarque encore à propos du charabia administratif et de la langue de bois des politiciens…

Jusqu’en 1940, il n’y avait rien de mieux au monde que la France, que le génie français, que la langue française. Ce chauvinisme était irritant, j’en conviens, mais il était sain, car il est sain pour un pays de s’admirer et il ne l’est pas de se dénigrer…

… Nous sommes devenus l’humilité même, nous nous mettons au dernier rang des nations, nous renions tout : nos grands hommes, notre passé, notre histoire, nos chefs d’œuvre, l’architecture de nos villes, que nous écrasons sous des gratte-ciel, notre littérature. Nous renions notre langage, qui est notre dernier trésor. Nous ne sommes pas encore remis d’avoir perdu la guerre de 1940, que les Américains, les Anglais et les Russes et le général de Gaulle ont gagnée à notre place."