14/04/2015
Entre la Comtesse de Cagliostro et moi, tout n'est pas réglé. Attendons.
Que d'énigmes, que de fantaisie, que de rebondissements… les ingrédients du roman - et de la parodie - de roman policier sont là ! Des cambriolages, des mystères élucidés, mais pas par le policier de service, Ganimard, qui est ridiculisé à chaque occasion...
Comme dans Balzac, des personnages qui apparaissent et reviennent, de livre en livre...
Des événements contemporains (de l'écrivain) - la Grande Guerre -, des hommes célèbres (le Kaiser Guillaume II), des mythes - le trésor des Rois de France, Joseph Balsamo, qui avait déjà inspiré Dumas -, des déguisements, travestissements, manipulations à n'en plus finir...
De l'ironie : le concurrent d'Outre-Manche, Herlock Sholmes, battu sur son propre terrain, par la ruse et l'astuce française...
Des toilettes, des bijoux, des pièces d'or, des bals, les premières voitures - on vit au temps de Marcel Proust...
Des lieux qui nous sont familiers : Chatou, Le Vésinet (le lac des Ibis), et la merveilleuse Normandie : Jumièges, Étretat, Le Havre, Rouen...
Tout cela, ce sont les Aventures d'Arsène Lupin, une vingtaine de romans passionnants, virevoltants, inoubliables.
Du début à la fin plane l'ombre fascinante mais maléfique de la Comtesse de Cagliostro, fille de Joseph Balsamo, qui prétend détenir de lui le secret de l'immortalité.
Oui, tout n'est pas réglé entre la Comtesse et moi.
Quand Maurice Leblanc raconte, après tant d'autres aventures d'Arsène Lupin, sa toute première aventure, son amour passionné pour Joséphine à vingt ans, il écrit dans un avant-propos : "L'attente dura plus qu'il ne le prévoyait. Un quart de siècle se passa avant le règlement définitif".
Espérons que toutes les attentes ne durent pas vingt cinq ans...
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12/04/2015
Mademoiselle Albertine est partie
"Mademoiselle Albertine est partie !".
Comme la souffrance va plus loin en psychologie que la psychologie ! Il y a un instant, en train de m'analyser, j'avais cru que cette séparation sans s'être revus était justement ce que je désirais, et, comparant la médiocrité des plaisirs que me donnait Albertine à la richesse des désirs qu'elle me privait de réaliser (et auxquels la certitude de sa présence chez moi, pression de mon atmosphère morale, avait permis d'occuper le premier plan de mon âme, mais qui à la première nouvelle qu'Albertine était partie ne pouvaient même plus entrer en concurrence avec elle car ils s'étaient aussitôt évanouis), je m'étais trouvé subtil, j'avais conclu que je ne voulais plus la voir, que je ne l'aimais plus.
Mais ces mots "Mademoiselle Albertine est partie" venaient de produire dans mon cœur une souffrance telle que je sentais que je ne pourrais pas y résister plus longtemps ; il fallait la faire cesser immédiatement.
Cet extrait de La Recherche est moins connu que sa première phrase, mondialement célèbre, "Longtemps je me suis couché de bonne heure" ou que l'expérience de la madeleine ou que les tourments du coucher, et, si elle donne une idée de l'écriture de Marcel Proust - ses fameuses phrases imbriquées et interminables - , ce n'est pas la phrase la plus longue de l'œuvre.
Mais il en représente un tournant ; quand Albertine s'en va sans prévenir, c'est la souffrance irrépressible qui se déchaîne. Et le dénouement approche.
Oui, Albertine est partie, sans explication, et le soleil s'est levé pourtant...
Comprenne qui pourra.
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10/04/2015
Palmarès
Comme dirait Régis Debray (dans "L'erreur de calcul"), aujourd'hui on note, on classe, on évalue tout, les statistiques sont reines ; et les sondages, n'en parlons pas.
Justement, le Figaro a fait demander à un échantillon représentatif de Français, quels étaient leurs écrivains passés et contemporains préférés.
Pour les anciens, pas de grosse surprise : on trouve sur le podium Hugo, Pagnol et Verne ; puis Zola, Maupassant et La Fontaine.
Je ne sais pas très bien ce que veut dire "préféré" : est-ce l'écrivain qu'on lit ou relit assidûment ? ou celui dont on pense qu'il a le plus apporté à la littérature ? Le plus facile à lire ou le plus révolutionnaire ?
Mystère… d'autant que l'on interroge un pays qui lit de moins en moins...
Bon, Hugo mis à part, "mes grands écrivains" arrivent 8ème (Camus), 12ème (Balzac), 24ème (Duras), 29ème, aïe, aïe, aïe (Proust), 31ème (Chateaubriand)… Mes goûts ne sont pas conformes, tant pis.
La 20ème place de Maurice Leblanc (le père d'Arsène Lupin, qui a enchanté mon enfance et que Jean d'O adore également…) m'a étonné et ravi, la 7ème d'Alexandre Dumas m'a fait plaisir (relisez, dans Ange Pitou, les dialogues à Versailles, ou bien la fin du Vicomte de Bragelonne, et vous verrez quel écrivain était Dumas).
Jetons un œil aux contemporains : Lévy (Marc), Jean d'O et Musso prennent les premières places ; en somme ceux dont on vante les nouveaux opus sur les panneaux de la SNCF et sur les bus parisiens.
Et j'ai bien rigolé de voir les médailles en chocolat de Le Clézio (18ème) et Modiano (20ème), que j'ai éreintés dans ce blogue. Ainsi que la 30ème place de Michel Butor… quelqu'un le connaît donc encore ? N'était-ce pas un des compagnons de la bande des trois du Nouveau Roman, avec Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet, dans les années 50-60 ?
06:00 Publié dans Actualité et langue française, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)