11/01/2015
La Parque t'as tuée, et cendre tu reposes
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose,
La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur.
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
08:00 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
02/01/2015
Écrivains contemporains de langue française : Dominique Bona (XII)
Dominique Bona est discrète et peu connue, me semble-t-il. Je suis tombé sur son livre « Il n’y a qu’un amour » (Grasset, 2003) par un concours de circonstances, qui m’a fait découvrir André Maurois et revenir à Anatole France par ricochet non pas littéraire mais biographique. En l’occurrence, pour le premier de ces deux écrivains, sa vie est plus passionnante que son œuvre…
La bibliographie de D. Bona (je vous ai mis sa photo en grand, parce que…) compte quinze ou seize ouvrages, dont dix biographies. En fait, elle traite de « thèmes » biographiques plutôt que de biographies proprement dites, et souvent l’angle choisi, c’est l’amour ou les amours.
Ainsi, dans « Il n’y a qu’un amour », elle raconte l’amour d’André Maurois pour les trois femmes qui auront marqué sa vie et elle illustre, en filigrane, la thèse qui veut que l’on n’oublie jamais la première, peut-être parce que l’on ne se remet jamais de ses vingt ans. Ce n’est donc pas la vie d’A. Maurois que l’on parcourt mais son parcours sentimental. A. Maurois a d’autres biographes. D. Bona prend les raccourcis et les chemins de traverse.
De même, « Je suis fou de toi » (Grasset, 2014) n’est une biographie ni de Paul Valéry ni de Jeanne Voilier mais le récit de leur passion.
Dans « Camille et Paul, la passion Claudel » (Grasset, 2005), D. Bona raconte surtout les relations entre ces frère et sœur surdoués, qui se terminent par la folie et l’internement de Camille, l’élève de Rodin. Le grand frère viendra quelquefois la voir mais si peu. Terrifiant…
Dans le site Babelio, je trouve, à propos de ce livre, ces commentaires d’internautes que je peux prendre à mon compte : « Écriture vivante et sensible, chapitres courts, recherches et documentation énormes, citations nombreuses : une multitude de renseignements qui donnent à voir en parallèle deux vies, deux trajectoires, deux œuvres », « Cette double biographie des deux Claudel est un passionnant travail historique, faisant renaître le temps d'un livre, la vie sociale et artistique au tournant du 20è siècle, ses courants de pensée, ses conventions, ses codes de société. Le contraste entre la petite bourgeoise catholique et bien pensante, et les milieux artistiques et libertaires, est finement décrit ».
Il est vrai qu’avec « Berthe Morisot, le secret de la femme en noir » (Grasset, 2000), D. Bona renoue avec le récit plus linéaire d’une vie, celle de la seule femme peintre impressionniste, égale des plus grands.
À force de collectionner les prix littéraires (Interallié, Goncourt des biographies, Elle, Madame Figaro, Prince Pierre de Monaco), Dominique Bona s’est retrouvée Immortelle. Elle n’est pas Marguerite Yourcenar mais elle vaut largement Giscard !
Pour autant, son style n’est pas exempt de reproches ; ainsi, j’ai noté dans « Je suis fou de toi » : « Adorable avec les petits-enfants – on peut compter sur lui pour les garder –, Jeannie ne peut pas lui reprocher d’avoir manqué à l’appel… ». Cette phrase est bancale : « Adorable » se réfère à Paul Valéry, tandis que le sujet de la principale est Jeannie, son épouse…
J’ai gardé un souvenir extraordinaire de « Il n’y a qu’un amour », pour une raison que je ne peux pas donner ici, et aussi pour son style, au point que, pour moi, ce livre est bien supérieur à celui d’André Maurois lui-même qui traite du même sujet (« Les roses de septembre »). Mais ses autres ouvrages se distinguent plus par leur composition, leur rythme et l’originalité de leur angle de vue que par leur style.
Il me reste à lire « Romain Gary » (Mercure de France, 1987). On verra…
D. Bona utilise aussi, il me semble, cette méthode de butinage d’un sujet à l’autre, par sauts de puce, dont j’ai déjà parlé ici. Ainsi, brossant le cadre de vie de Paul Valéry, habitant, dans le XVIè, un immeuble construit par Berthe Morisot et Eugène Manet, en voisin et ami de Julie Manet, la fille unique des susnommés, retrouve-t-elle des éléments de son ouvrage précédent. J’y ai bien retrouvé mon archevêque !
En résumé, la biographie, c’est passionnant à écrire et aussi à lire.
16:43 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2014
Dans l'interminable ennui de la plaine
Dernier jour de l’année 2014… riche en événements !
Aujourd’hui, ni consigne ni devinette ; la poésie toute simple…
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive ?
Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Commentaire des internautes sur ce poème de Paul Verlaine (Romances sans parole) : (je résume) « C’est juste magnifique » (Ils disent la même chose à chaque nouveau disque de Céline Dion)… Cela étant, un internaute qui lit Verlaine ne peut pas être totalement nul.
Mon commentaire : vous avez noté que Paul Verlaine se permet la forme interrogative bâtarde « Quoi vous arrive ? », au mépris du billet « Dis pas ci, dis pas ça » de ce blogue… Comment voulez-vous que les petits Francophones parlent correctement après ça ?
Il évoque aussi les "forêts lointaines"… Naturellement, rien à voir avec ces animateurs de télé bavards et incultes qui annoncent à tout bout de champ "la prochaine chanson" (au lieu de "la chanson suivante"). Ici, il s'agit des forêts proches, tout simplement.
08:33 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)