05/12/2014
Dis pas ci, dis pas ça (II)
Bon, allons-y !
Je vais faire une sélection des entrées du livre qui recoupent le plus les thèmes de ce blogue ou qui, a contrario, font débat, sachant que la rubrique DIRE, NE PAS DIRE est accessible in extenso sur le site de l’Académie.
Il y a d’abord les grands classiques, ceux que nous ont répétés nos professeurs de lycée : on roule à bicyclette et on va en voiture car personne n’est jamais entré dans une bicyclette, sauf des chauffards justement. Et idem pour à cheval, à skis, en train, en bateau. On apporte un gâteau et on amène un enfant à l’école. Mais l’eau est amenée par des conduites car il y a l’idée de « conduire », de « transporter une chose en un lieu ». La demoiselle habite chez ses parents (oh… !), on va chez Désérable et fils, au Bon marché, à la Samaritaine, chez Toyota, chez Leclerc ou à Leclerc, voire au Leclerc ; bref, pas beaucoup de règles intangibles. « Après que » est suivi de l’indicatif car l’issue en est connue, contrairement à « avant que », qui implique une éventualité. On dit « finalement », tout bêtement et non pas « au final ». « Baser sur », transposition de l’anglais based on, ne doit s’employer que dans le domaine militaire (« Des troupes ont été basées sur la frontière entre la Russie et l’Ukraine »). Sinon, on écrit : « une théorie établie sur des faits incontestables », « une prospérité fondée sur l’industrie et l’agriculture ». On postule, on ne candidate pas !
Tout cela, c’est le hors d’œuvre, c’est bonnard.
08:00 Publié dans Règles du français et de l'écriture | Lien permanent | Commentaires (0)
04/12/2014
Dis pas ci, dis pas ça (I)
Il y a trois ans, l’Académie française a ouvert sur son site internet, un espace appelé DIRE, NE PAS DIRE, dans lequel les internautes peuvent trouver les réponses argumentées à leurs questions sur la langue française.
En septembre 2014, les Éditions Philippe Rey ont publié un livre éponyme qui rassemble les questions et réponses les plus courantes. Ce livre est fort intéressant.
Dans sa préface, Yves Pouliquen en profite pour protester du vif intérêt que l’Académie, malgré sa légende de belle endormie, porte « à l’usage fautif de notre langue, à sa contamination par des néologismes infondés tout autant que par des anglicismes eux-mêmes trafiqués ».
On ne peut pas être plus clair.
Et c’est même touchant de voir la Vieille Dame s’approprier ces mots de « courriel », « toile », « nuage », en français dans le texte !
Dominique Fernandez a sous-titré sa postface « Lettre d’amour à la langue française »… Il y rappelle que, grâce à Richelieu, ce ne sont pas les Académiciens qui sont immortels mais la langue française. Et, paraphrasant le célèbre aphorisme du Guépard, que celle-ci doit évoluer pour exister toujours. De ce fait, il justifie le travail de longue haleine mené par l’Académie pour examiner et réexaminer sans fin au cours des siècles, à travers son fameux Dictionnaire, la langue qui bouge sans cesse.
Sa passion va jusqu’à lui faire écrire de la langue française qu’elle est « capable d’exprimer les moindres nuances avec une précision et une finesse qu’aucune autre langue ne possède ». C’est une des questions que j’ai déjà posées dans ce blogue et dont je ne jurerais pas de la réponse ; à mon sens, il faudrait étudier les quelques milliers de langues que compte notre planète pour trancher valablement. Cette connaissance me manque… Je sais seulement que l’allemand, par exemple, a imposé dans le vocabulaire philosophique mondial quelques mots intraduisibles et acceptés tels quels (Weltanschauung par exemple) ; et je me demande en quoi l’italien et l’espagnol seraient moins aptes aux nuances que le français…
Mais bon, si l’Académicien le dit… et peu importe après tout ; nous n’avons pas besoin de nous croire supérieurs et uniques ; croyons simplement en notre langue et préservons-la.
D. Fernandez lui voit deux ennemis mortels : les néologismes et le langage des jeunes. Aux deux, il propose des remèdes raisonnables et modérés, une sorte de changement dans la continuité : adopter les termes acceptables et lutter contre les autres. Du coup, il pose le problème là où il est : quand accepte-t-on ? quand bannit-on ? Et il remet en selle l’Académie, haut lieu de réflexion, de débat argumenté et du dire final : DIRE, NE PAS DIRE. Bien joué, Domi !
Une fois qu’on a lu cela, le livre se lit comme un florilège ou on s’y reporte comme à un dictionnaire, au choix.
C’est le picorage de ses articles les plus savoureux ou les plus polémiques que je vous proposerai dans les billets suivants de cette série.
(Soit dit en passant, cette publication démode d’une certaine façon, pour ce qui du franglais, le PETIT DICO FRANGLAIS-FRANÇAIS d’Alfred Gilder, dont j’ai déjà parlé).
08:00 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
03/12/2014
Radio matutinale
La radio apporte chaque matin, même sur la langue française, son lot d’informations tantôt déprimantes, tantôt enthousiasmantes ou enrichissantes.

Ce matin, Patrick Cohen s’est laissé aller à parler de dancefloor, à propos des Transmusicales de Rennes. C’est typique des cas d’emploi du franglais dans lesquels, justement, il n’y a aucune raison de le faire : le terme français ancestral « piste de danse » convient parfaitement, il n’est ni désuet ni connoté et, malgré la musique techno, il n’y a dans ce domaine aucune innovation technologique ou sociale qui pourrait justifier de recourir à un mot nouveau (étranger).
En écoutant la réalisatrice d’un film parler de son travail, j’ai pris conscience qu’aujourd’hui le tic verbal à la mode, c’est « voilà ». Quand on est à cours de vocabulaire, voire d’idée, au lieu de dire « euh… » comme il y a vingt ans ou « j’veux dire » comme il y a dix ans, on dit « voilà », et c’est censé résumer tout ce que l’on ne dit pas ; cela suggère aussi qu’il n’y a pas besoin d’en dire plus, que l’interlocuteur ou l’auditeur saura compléter lui-même. Comment et pourquoi ces tics se répandent-ils comme la grippe ? Comment naissent-ils ? Mystère.
Allez, assez parlé d’irritants !
La radio apporte aussi des informations réjouissantes ou stimulantes.
Ainsi Guillaume Galliene, qui cause littérature dans le poste chaque semaine, publie-t-il un livre sur les grands auteurs (Proust, Hugo…) : « Ça ne peut pas faire de mal » et, dans les disques qui l’accompagnent, il en lit des extraits.
Et Facebook, qui se réjouit des nouveaux « amis » que peuvent lui apporter les langues régionales, vient d’accepter le corse, après le breton. Les mots-clés ont été traduits (je les retranscris d’oreille car je ne maîtrise pas encore le corse) : calistreli pour cookie, ouritrakou di profilou pour profile… Pourquoi pas ? Mais les échanges qui se feront en corse, ne se feront pas au même moment en français ; dans le combat de Titans que se livrent pour survivre, les langues planétaires (anglais, français, espagnol, mandarin…), est-ce un avantage ou un talon d’Achille ?
Dans Wikipedia, où il ne s’agit pas de blablater ou de se montrer en maillot de bain mais de connaissances et de culture, le français tient son rang au niveau mondial quant au nombre de pages, heureusement.
PS. « matutinal » (XIIè siècle), du latin matutinum, matin.
09:25 Publié dans Actualité et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)


