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10/12/2015

Suis-je vraiment à toi ?

Imaginez-vous qu'il existe des "coachs en image" (ça vaut bien les wedding planner, non ?). Par exemple, Aude Roy, qui s'est intéressée aux formules de politesse que nous utilisons (ou non) à la fin de nos courriels.

On voit bien le lien avec "l'image" que nous donnons : la formule peut être inadaptée, incorrecte, prétentieuse, fade, administrative, etc.

Le Figaro Madame (eh oui, il faut être éclectique !) lui a consacré un article le 16 novembre 2015, sous la plume de Lucile Quillet.

Quelles sont donc les recommandations d'Aude Roy ?

D'abord de conclure avec une formule qui regarde vers l'avenir (elle dit "vers le futur" mais, pour moi, c'est incorrect).

"Ne pas mettre de formule de conclusion constitue un manque de politesse".

"… Il faut donner un rendez-vous futur, soit physique, soit téléphonique ou via un autre courriel (elle dit "via un autre mail" mais vous savez ce que j'en pense…)".

Ensuite de bannir le "bien à vous", traduction servile de l'américain "sincerely yours". En français, pourtant moins puritain, cela peut être interprété de façon ambiguë. "Vérité en-deça des Pyrénées, erreur au-delà" (Pascal). C'est vrai qu'en aucun cas, je ne suis "à mon correspondant" !

Aude Roy tolère "Cordialement" (que je trouve néanmoins passe-partout, omniprésent et impersonnel), "Bien cordialement" et même "Très cordialement". Fait surprenant, elle accepte aussi "Sincèrement", "Très sincèrement" et "Sincères salutations", qui nous rappelle, à nous autres, les belles formules des lettres d'antan ("Veuillez agréer, chère Madame, l'expression de mes sincères salutations" ; ça avait du chien, non ?). Mais "Salutations distinguées" est jugé trop solennel, même si l'on écrit au grand patron.

Les formules "Amitiés" (destinée à une personne avec laquelle des liens se sont créés), "Chaleureusement" (destinée à une personne plus âgée) sont également possibles.

Moi, j'aime bien la sobriété, voire le dépouillement, sauf exception ; après tout, on est au bureau pour travailler, non pour se faire des guili-guili… Mais Aude accepte un bref "Salutations" du bout des lèvres...

Et comment signer ?

Éviter un simple "Q." si vous vous prénommez Quentin, de même que "BOUCHER Quentin" (nous ne sommes plus à l'école) et "Quentin" (on n'est pas au foot mais au travail), et encore moins "Jean" car les homonymes doivent être nombreux dans la boîte.

Ego.jpg

L'ego maintenant : nul besoin d'étaler une "signature électronique" déclinant les innombrables moyens modernes de vous joindre ! Restez sobres et pragmatiques ; qui va vous contacter sur Facebook ? est-il vraiment utile de mentionner votre blogue (sauf si vous êtes Alain Juppé ou Michel Onfray) ? Pas de photo non plus ni de logo, qui appesantissent inutilement vos courriels (pitié pour les réseaux !).

Aude résume l'idéal comme suit : "Moins vous en mettez, plus vous vous rendez désirable". 

28/11/2015

Paronymes

Il y a des mots sujets à confusion, ceux qui se ressemblent et ne signifient pas du tout la même chose. M. Courault en a dressé la liste suivante :

clouer et clouter

collision et collusion

compréhensible et compréhensif

dénouement et dénuement

oppresser et opprimer

ampleur et amplitude

inanité et inanition

conjecture et conjoncture

donation et dotation

Paronyme.jpget l'on pourrait ajouter : donateur et donataire, imprudence et impudence, industriel et industrieux, inclination et inclinaison, incrédule et incroyant, inculquer et inculper, infecter et infester, justice et justesse, intègre et intégral, consumer et consommer (victime par ailleurs du franglais consumérisme), imaginaire et imaginatif, flottage et flottaison, et même flottement, idiotisme et idiotie, inapte et inepte, amputation et imputation, anoblir et ennoblir, colorer et colorier, denture et dentition, notable et notoire...

 

 

Ça fait beaucoup,  non ?

27/11/2015

"Les mots de ma vie" (B. Pivot) : critique

J'ai lu tranquillement, à petites doses mais sans sauter de page, le livre que Bernard Pivot a consacré aux mots de sa vie.

C'est une bonne idée pour celui qui, de "Ouvrez les guillemets" à "Bouillon de culture", a fait toute sa carrière autour des livres, de la langue et des dictées. On passe ainsi, comme dans un dictionnaire personnel, de "Ad hoc" à "Zut".

Et B. Pivot s'y révèle un fameux dénicheur de facéties du français (j'en ai cité quelques-unes dans des billets antérieurs, comme par exemple à propos du mot "eau") et un amoureux de mots rares ou surannés (épatant, chouette, croquignolet, historier, frichti, philistin, à la raspaillette, etc.), surtout quand ce sont ceux de sa jeunesse.

Il est d'ailleurs attaché à son enfance et à sa région d'origine (Lyon et le Beaujolais) ; plusieurs anecdotes en témoignent.

Beaujolais.jpg

Amoureux des mots, il excelle dans les jeux (de mots) et l'humour (littéraire).J 'ai moins aimé en revanche une sorte d'esprit potache ou d'esprit gaulois, qui frôle la gaudriole dans certains articles. Comme ceux qui pratiquent l'humour, il a manifestement du mal à résister à une saillie et ce n'est pas toujours très heureux. D'aucuns diront peut-être qu'il n'est pas bégueule...

Modeste - faux-modeste ? on ne peut jamais savoir -, il multiplie les récits de ses déboires, de ses faiblesses et de ses moments de stress, difficiles à imaginer quand on était devant l'écran et qu'il officiait dans "Apostrophes".

Au total, 324 pages agréables à lire comme on boit du petit lait, avec quelques voiles entrouverts sur la personnalité et la vie d'un homme sympathique mais ni un traité ni récit inoubliable.