05/02/2015
Dis pas ci, dis pas ça (XXIII)
Bizarrement, la « solution de continuité » est une rupture, une discontinuité. Car « solution », ici, vient de « destruction », « désagrégation » (aujourd’hui on dirait dissolution). Donc, une fissure est une solution de continuité dans un objet. Et si l’on dit que , dans une politique, il y a une solution de continuité, c’est qu’on y cherche en vain la continuité !
Cette possibilité de confusion me fait penser à une autre, d’un autre genre : celle qui est attachée au mot « modèle ». Les journalistes ont pris l’habitude de nous rebattre les oreilles avec le « modèle français », le « modèle anglo-saxon », le « modèle d’affaire » (business model), le « modèle économique ». Un jour l’un de mes amis, qui n’est pas lecteur de ce blogue, hélas pour lui, excédé par le « modèle français » entendu à la radio, m’a dit : « On se trompe complètement ; la France n’est pas un modèle, loin de là ; on est à la traine sur quantité de sujets ! ». C’est que la nouvelle acception du mot « modèle » signifie mécanisme, organisation de fonctionnement, dispositif, ensemble de règles, etc. et n’a rien à voir avec le fait d’être exemplaire.
J’aurais dû parler des vœux avant fin janvier… j’arrive trop tard. Mais c’est la faute à la lettre S, qui n’arrive qu’après R et Q.
Un vœu est, concernant la cérémonie de début d’année, un souhait. On ne peut donc pas souhaiter ses vœux ! On présente ses vœux à son patron et on lui souhaite le meilleur, la réussite, le rebond de l’action, un résultat largement positif, etc.
Comme ça fait longtemps que je n’ai pas pesté contre le franglais, eh bien, je vais me rattraper. La génération Y aime bien « speeder », « se speeder », « être speed ». Rappelons simplement (et non pas « juste ») qu’en français, nous disposons de « se presser », « se dépêcher », « s’empresser », « grouiller » ou « foncer » si l’on veut s’approcher de l’argot, « faire diligence » si l’on veut faire élégant ou suranné…
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04/02/2015
Le cinéma aussi
Il y a actuellement sur les écrans (les grands…) un film qui raconte les difficultés de jeunes pour trouver du travail dans le Nord de la France.
C’est « Les règles du jeu » de Claudine Bories et Patrice Chagnard.
Leurs difficultés viennent, entre autres, de ce qu’ils ne possèdent pas le vocabulaire « qui va bien » ni même le vocabulaire tout court.
Exemple de dialogue :
Question : « Quelle est votre principale qualité ? »
Réponse : « Je suis spontané ».
Question : « C’est-à-dire ? »
Réponse : « J’arrive toujours à l’heure ! »
Question : « … ? … Vous voulez dire ponctuel ? »
À ces jeunes qui n’en peuvent mais, on parle d’employabilité et on demande s’ils sont job ready…
Pauvre France.
Plus gaie, cette histoire de « so ». Un sot sur un cheval tient de la main gauche un seau. Dans sa main droite, il porte le sceau du roi. Le cheval subitement fait un saut ; les trois … tombent à terre.
Comment écrire les trois s… qui sont tombés.
L’Académie, facétieuse, suggère de retenir la transcription phonétique (so) mais ajoute que ce ne sont pas des sons qui sont tombés (ni les serpents qui sifflent sur nos têtes d'ailleurs !). En fait il est impossible d’écrire de la même façon des homonymes non homographes. Par définition même.
Merveilleux français.
07:30 Publié dans Actualité et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)
03/02/2015
Dis pas ci, dis pas ça (XXII)
« Sabler le champagne » et « Sabrer le champagne » sont deux expressions distinctes, qui ne veulent pas dire la même chose : « Sabler », c’est boire d’un trait et, par extension, « célébrer un événement en buvant du champagne » ; « Sabrer », c’est ouvrir la bouteille de champagne d’un coup de sabre… (opération dangereuse, à ne pas tenter !).
« Sans que » n’exige pas l’emploi de la négation mais, dans un contexte « négatif », il est conseillé de l’employer quand même ! On écrira donc : « Il vient sans qu’on l’en ait prié » et « Il ne vient jamais sans qu’on ne l’en ait prié ».
On se rappelle quelque chose et on se souvient de quelque chose. Et, de la même façon, on dira « Je me le rappelle » et « Je m’en souviens ».
Il n’est pas obligatoire (mais c’est considéré comme plus élégant) de réserver « second » aux énoncés où l’on ne considère que deux éléments et d’employer « deuxième » lorsque l’énumération va au-delà de deux.
« S’ensuivre », qui a le sens de « découler », « résulter », s’écrit en un seul mot !
« Soi-disant » est invariable et ne s’applique qu’à des personnes (qui revendiquent telle ou telle qualité).
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