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01/06/2015

Irritations XV

Quand il rassemble les militants pour faire approuver le nouveau nom de son parti, M. Sarkozy choisit le "Paris Event Center"...

Et s'il prend du "Ricoré au lait" de Nestlé le matin pour déjeuner, il a sous le nez, en blanc sur violet : "1 Travel Mug offert"...

Le soir, quand harassé par toutes ces réunions et interventions tous azimuts, il s'effondre dans son canapé et se branche sur les programmes de la TNT, il doit endurer les pubs de Lancôme, Bourgeois, etc., la plupart en anglais ou en franglais..

douce-france-affiche.jpgDans quel pays vivons-nous ?

Est-il raisonnable de se gargariser encore sur "le pays de la culture", "le pays du savoir-vivre", "le pays des joutes oratoires", et notre "art de la conversation" ?

Ne sommes-nous pas, depuis quelques décennies, dans un pays ouvert à tous les vents des modes stupides, de la consommation effrénée, du snobisme le plus bête, du plus mauvais goût et de l'américanomania béate ?

 

31/05/2015

Cécile ou Natacha ? Je garde les deux !

J'avais lu et conservé plusieurs chroniques de Natacha Polony dans Marianne et Le Figaro. Le 28 mai 2015, j'ai eu la chance (!) de la voir dans l'émission "Des paroles et des actes" consacrée au déclin français, réel ou fantasmé.

Natacha Polony.jpgQuel brio ! quelle pêche ! C'est un régal.

Cette jeune femme s'est spécialisée dans les questions d'éducation et a déjà plusieurs livres à son actif.

Une petite recherche sur internet et je découvre son blogue "Éloge de la transmission". Vous me voyez venir ; ce titre a été choisi en hommage à George Steiner, dont j'ai eu l'occasion de vous parler à propos de son essai co-écrit avec Cécile Ladjali, une autre quadra agrégée de lettres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et comme Natacha a trois enfants et qu'aujourd'hui, c'est la fête des mères, bonne fête et à bientôt (dans ce blogue) !

30/05/2015

Cécile, ma sœur (IX)

Voici encore quelques passages choisis de Mauvaise mangue, le livre de Cécile Ladjali.

Sur la lecture

"L'élève doit cependant apprendre à circonscrire ce plaisir du texte qui va être celui de l'intimité et de la sphère familière. Un plaisir entre lui et lui. Certes ce tête-à-tête sombre et limpide avec soi-même reste, à quinze ans, quelque chose de terrifiant. Et c'est pour cette raison que l'on préfère la banale parole des autres, la multiplication des discours et des regards vides. On s'y perd, on s'y cache et on reste ainsi certain de ne pas être cerné.

Or, par le pacte d'une lecture honnête, les perspectives se déplacent et l'horizon s'élargit. Le précieux échange se réalise avec l'œuvre au cours d'une rencontre intransigeante capable de bouleverser une vie. Mais le séisme ne se voit ni ne s'entend. La satisfaction et le bénéfice retirés de la modification auront été tout personnels, réalisés dans le huis clos d ela conscience, sans témoin, sans palabre. La grâce aura été celle d'une métamorphose, et le texte aura offert au lecteur un présent en proportion de ce que ce dernier lui aura donné à travers l'honnêteté de sa lecture (page 55)".

Sur l'écrit et l'oral

"On entend souvent dire que les élèves rencontrent plus de difficultés à l'écrit qu'à l'oral, pour la simple raison qu'il appartiennent à une culture de l'oral. L'argument qui suit l'affirmation est qu'aujourd'hui la télévision et le cinéma ont remplacé les livres".

Le meilleur des mondes.jpgQue l'on me permette ici un souvenir personnel. À l'École des Nobel, le professeur d'anglais, M. Roulier, auquel nous devons notre prononciation, avait fondé sa pédagogie sur le constat inverse. Les jeunes Français (de l'époque…) étaient de culture écrite et avaient donc d'insurmontables difficultés à l'oral (s'agissant de parler anglais en l'occurrence). C'est ainsi qu'il avait mis au point la "morphonétique" qui permettait de déduire la prononciation des mots de leur graphie (on se souvient tous de la fameuse règle LU-RU car les Français adorent les exceptions qui confirment les règles). C'est aussi pour cette raison qu'il nous faisait apprendre par cœur des pages entières de "Brave New World" d'Aldous Huxley. Je me rappelle encore la douce musique de "Mister Foster was left in the decanting room. The Director opened a door. They were in a large bright room…".

"Or, les faits m'obligent à dire que les élèves et les étudiants éprouvent encore plus de difficultés à parler qu'à écrire. Quand il est question de développer une idée en la reformulant, en cherchant des synonymes, en dépliant une syntaxe qui, par sa souplesse, montera que les contours de l'idée ont été cernés, maîtrisés, le silence est souvent de mise. Même les bons éléments à l'écrit sont incapables de répondre à une question autrement que par… un mot. Il n'est pas question de phrase, mais d'un unique mot. Parfois, ce mot est un monosyllabe… (page 61)".

C'était le mot "passion" !