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18/06/2016

Mauvaises fréquentations IV

En tant que prévisionniste, je suis mauvais !

Mi-mai, dans le billet "Mauvaises fréquentations III", je me lamentais de ce que la fréquentation du blogue faiblissait et j'étais prêt à imaginer toutes sortes de raisons...

Mais, une semaine plus tard, mon lectorat culminait à 24 visiteurs, conduisant à une fréquentation pour le mois de mai 2016 de 320 visiteurs, non loin du record de février (329).

Comme il est plus facile de faire le bilan du passé que des plans sur la comète, voici les chiffres depuis la mise en place de l'outil de mesure XiTi :

- d'août 2015 à janvier 2016 inclus : stabilité autour de 267 visiteurs uniques ;

- février 2016 : 329

- mars 2016 : 311

- avril 2016 : 307

- mai 2016 : 320

- juin 2016 est bien parti (184 visiteurs au 15 juin, prévision de l'outil pour le mois complet : 368 !).

But de Dimitri Payet France-Roumanie juin 2016.jpgAu pire, la fréquentation s'établit donc au premier semestre 2016 sur un nouveau plateau, autour de 315 visiteurs uniques, soit une progression de 19 % d'un semestre à l'autre.

Merci à tous !

Et restez fidèles.

 

07:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

16/06/2016

Irritations linguistiques XXVIII : langue de Président, langue de philosophe, langue de patron

On avait souffert de la diction particulière de M. Chirac, de ses césures intempestives et de ses « euh… » qui ne l’étaient pas moins.

François Hollande discours.jpgOn est à peine mieux loti avec le président actuel, M. Hollande, qui a sa syntaxe à lui. Jugez-en : « La France, elle a fixé ses conditions, la France, elle a dit s’il n’y a pas de réciprocité, s’il n’y a pas de transparence, si pour les agriculteurs il y a un danger, si on n’a pas accès aux marchés publics et si en revanche les États-Unis peuvent avoir accès à tout ce que l’on fait ici, je ne l’accepterai pas » (cité par Bruno Rieth dans le Marianne du 29 avril 2016). N’a-t-il pas appris à faire des phrases simples – sujet, verbe, complément – ? 

 

Dans le même numéro, c’est Régis Debray qui répond à une question sur la confusion entre l’idée de république et celle de démocratie : « En 1989, nous étions déjà gallo-ricains. Mais il y avait encore du jeu. Vingt-sept ans après, nous sommes devenus des Ricains pur sucre, et de bon cœur. Nous avons donc pris les étiquettes d’outre-Atlantique, d’où le brouillage des cartes. L’ancienne gauche républicaine se rêve en parti démocrate (…). Et l’ancienne droite démocrate s’appelle les Républicains. À part le roquefort et le refus très provisoire des spots payants de campagne électorale, je ne vois plus un trait de notre vie publique qui ne soit pas importé de la métropole.

Cela dit, au titre près, les tempéraments de base restent les mêmes, hérités de l’Histoire et en particulier de la Révolution (…). On me dit par exemple que certains officiers dans notre armée totalement otanisée s’expriment encore en français alors que les ordres reçus sont en anglais, tout comme les lettres de M. Moscovici, commissaire européen, à M. Sapin, ministre de son état ». 

Écoutons maintenant M. Drahi, qui va coiffer les journaux qu’il a achetés, de son opérateur téléphonique qui va ainsi devenir : « un éditeur de contenus cross media s’appuyant sur un très diversifié portefeuille de marques premium ». 

Fanzone.jpgEn ce moment, il y a aussi les fan zones qui nous écorchent les oreilles. J’en tenais pour responsables le snobisme et la paresse de nos concitoyens, surtout de leurs élites… Eh bien je me trompais ! C’est une invention de l’UEFA, qui l’impose aux pays d’accueil de l’Euro de football. À vrai dire, ce n’est pas la seule incongruité qui apparaît quand on se documente sur l’organisation de ces compétitions : l’UEFA laisse les pays payer la mise à ses normes de leurs stades mais empoche les recettes ; elle prend carrément la main sur une partie du service d’ordre et sur les fameuses zones où elle a toute latitude pour laisser les marques « partenaires » matraquer les spectateurs avec leurs publicités ! Vous avez dit sport ? Vous avez dit spectacle ? Pauvre société de consommation ! 

J’ai eu un doute l’autre jour en entendant un journaliste parler des « littoraux français » (France Inter, la matinale du 9 juin 2016)… Mais oui, c’est bien le pluriel de « littoral », qui ne se comporte pas comme « festival » et « carnaval » !

J’ai entendu aussi « boycottage », alors que les gens utilisent en général « boycott ». Pourquoi pas ? Autant franciser les emprunts en leur donnant un mode de construction et une consonance familiers. 

Amélie Nothomb.jpgIntrigué et agacé par le succès commercial des Musso et Lévy (Marc, pas B.-H.), j’avais lu et commenté dans ce blogue leur dernier livre (l’histoire de la baudruche…). Je n’ai pas encore fait de même avec Amélie Nothomb mais l’entrefilet d’Alexandre Gefen à son sujet dans le Marianne du 6 mai 2016 ne m’encourage guère à me lancer : « Un nom belge, un chapeau de sorcière sur le melon, un sourire inusable, un discours parfaitement calibré pour une sortie de Seconde (…). Amélie, le culte du moi et des plateaux-télé (…). Capable de vous fournir le même roman pas trop long, pas trop cher, chaque année ; à l’heure de cadeaux de dernière minute pour votre nièce ado, vous penserez Nothomb ».

 

Enfin, dans le même numéro, le sociologue Christopher Lasch parle de ego branding pour désigner l’incessante auto-promotion à laquelle se livrent les responsables publics sur les réseaux sociaux.

13/06/2016

Alain Mabanckou : ses leçons au Collège de France (V)

Après un détour d’un mois par quelques livres d’Alain Mabanckou, nous revenons à son cours au Collège de France, en l’occurrence sur celui du 10 mai 2016 ; il répondit aux détracteurs de son « Sanglot de l’homme noir ».

Ce jour-là (le 10 mai...) évoque différentes choses aux Français… Pour Alain Mabanckou, c’est la commémoration de l’abolition de l’esclavage en France métropolitaine, suite à la loi Taubira.

Petit rappel historique :

Journée commémorative de l'abolition de l'esclavage en France métropolitaine

Commémoration 10 mai 2016.jpgLe président de la République française, Jacques Chirac, a décidé de faire du 10 mai la Journée commémorative de l'abolition de l'esclavage en métropole : l'occasion pour la France métropolitaine d'honorer le souvenir des esclaves et de commémorer l'abolition de l'esclavage.

La date du 10 mai correspond à l'adoption par le Parlement, le 10 mai 2001, de la loi Taubira "reconnaissant la traite négrière transatlantique et l'esclavage". 

Commentaire lu sur le site journee-mondiale.com :

Hideo (contribution publiée le 8 mai 2014 à 15:05) 

"Aujourd'hui, l'esclavage existe encore.

  • en Afrique, on vend des jeunes filles, on force les mariages, on vend les enfants, on fait de l'immigration un vrai trafic d'êtres humains. Certaines ambassades africaines en France pratiquent l'esclavage envers leur personnel. Sous couvert d'immunité diplomatique, des diplomates africains sont impunis. Il faut changer la Convention de Vienne et punir ces gens qui n'hésitent pas à traiter de racistes ceux qui les dénoncent.
  • En Amérique du Sud, on exploite les enfants dans les mines.
  • En Asie, les grandes marques de textiles utilisent les enfants pour fabriquer des vêtements de marque, vendus très chers.

L'histoire de l'esclavage avant la colonisation : les royaumes africains faisaient de la vente d'esclaves noirs sur le marché international de Djeddah en Arabie et le Hadje de la Mecque était un piège pour beaucoup d'Africains qui se retrouvaient vendus comme esclave. Encore maintenant en Arabie, il existe des ventes clandestines d'esclaves. Sans compter les pauvres ouvriers indiens, pakistanais et bengalis qui travaillent au Qatar pour construire la Coupe du monde et qui sont traités comme des animaux.

Les Pharaons, les Romains, Sparte, Athènes, Genghis Khan, Alexandre Le Grand, tous ont conquis leur puissance grâce à l'esclavage des peuples vaincus.

C'est l’histoire réelle des peuples du monde et cela ne se résume pas seulement à la sombre époque coloniale africaine. C'est ridicule et criminel de vouloir opposer et culpabiliser les seuls Blancs, au motif que certaines associations à caractère raciste font du clientélisme anti-blanc. C'est inacceptable dans le pays des droits de l'homme et, à l'étranger, on juge sévèrement cette attitude typiquement française, y compris parmi la communauté noire américaine.

Alors cessons de raconter tout et n'importe quoi (…). C'est tous unis, quelle que soit la couleur de notre peau, notre origine ethnique, notre religion, que nous vaincrons l'esclavage et que nous rendrons un noble hommage à tous ceux qui ont souffert et qui sont morts à cause de l'esclavage et de la folie humaine". 

Bon, ce jour-là, Alan Mabanckou choisit donc d’illustrer et de défendre son livre de 2012 « Le sanglot de l’homme noir », dont j’ai déjà rendu compte. Il considère que ce livre a été interprété au-delà de ce qu’il voulait dire et cité hors contexte (sur des sites d’extrême-droite d’une part et, à l’opposé, sur slate.afrique par des Africains d’autre part).

On l’a en particulier accusé de « porter les valises des Blancs »... Mais ce qui l’intéresse, ce sont les douleurs des immigrés, qui sont les siennes. Pour lui, l’autocritique des Africains (et pas seulement celle des Européens) est nécessaire pour comprendre ce qui est arrivé.

Son premier chapitre est une « lettre à Boris », son fils né d’une Française de Guadeloupe et qui n’a jamais vu l’Afrique, pour qu’il ne s’arrête pas aux préjugés.

Il n’y a pas de communauté noire en France car ce peuplement ne s’est pas fait comme aux États-Unis. D’où le concept de négritude. En particulier, pour lui, il n’y a rien de commun entre les différents Noirs qui habitent en France car ils ne partagent que la couleur de peau et la langue ; ce sont des « citoyens de l’alternative » car ils peuvent toujours rentrer dans leur pays d’origine, contrairement aux Noirs américains. Il y a même un contentieux entre les Noirs américains et antillais, et les Africains, ces derniers étant accusés d’avoir contribué à la traite triangulaire (il est vrai qu’il y a eu des « collabos noirs »). D’une façon générale, il y a des chocs de cultures entre Noirs d’origines différentes.

Il recommande le livre « Le devoir de violence » de Ouologuem, qui évoque l’esclavage par les Arabes et les notables africains.

« Lorsque le Malien Yambo Ouologuem publie "Le devoir de violence" en 1968, il obtient le prix Renaudot (une première pour un écrivain africain) et déclenche un véritable coup de tonnerre (pour la première fois, la complicité active et féroce des notables africains dans certains des pires aspects de la société est dépeinte et mise en cause au même titre que celle du colonisateur). C'est aussi dans ce roman que Ouloguem forgea le terme de "négraille" par dérision envers la "négritude" de Senghor, qu'il réfute sans pitié » (critique empruntée au site littéraire Babélio). 

Au total il regrette que son livre ait été critiqué sur ces thèmes, alors qu’il en abordait bien d’autres. Il a même reçu des menaces de la part de mouvements noirs…

Mais il est optimiste : « Le monde de demain est un monde de courtoisie » (voir son colloque du 2 mai 2016 au Collège de France, dont je rendrai compte). 

Dans sa conclusion, Alain Mabanckou revient sur la commémoration de l’abolition. En 1948, on célébrait plus l’assimilation que l’abolition (on effaçait les douleurs, on oubliait…). Mais commémorer, c’est reconnaître un crime contre l’humanité ! 

Au bout d’une heure, on se dit que, bien sûr, le thème de réflexion est légitime, qu’il concerne à bon droit les Noirs de France et d’ailleurs, que la position de notre écrivain est équilibrée et humaniste… mais qu’on est quand même très loin de la littérature.

La Chaire a bon dos (et la chair est faible).