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22/08/2016

Et l'anglais dans tout cela ?

Le Brexit a fait parler de la Grande-Bretagne et, en attendant qu’il soit vraiment et complètement mis en œuvre (ce qui reste à voir), il a fait parler de l’anglais.

Voici ce que déclarait à Marianne le 17 juin 2016, Michael Edwards, professeur au Collège de France, Académicien et écrivain : « Être britannique, c’est (aussi) parler une langue unique parce que hybride, à la fois germanique et franco-latine. Une langue en relation avec le Nord de l’Europe, par la syntaxe et la grammaire, et avec le Sud, par les mots et le lexique. Langue proche du monde concret, le corps, les hommes ou les objets autour de soi, mais aussi tournée vers l’esprit ou la théorie. Langue hétérogène, comme la communauté britannique, d’un côté anglo-saxonne, les Anglais avec du sang viking et normand et, de l’autre celtique avec l’Écosse, l’Irlande du Nord et le pays de Galles. Un pays fait de quatre pays (…). Notre littérature (…) est une ouverture au monde ».

Ben voyons, une langue parfaite pour un pays parfait dont les ressortissants n’ont pas la grosse tête…

Voici par ailleurs la vision d’Olivier Kamm, essayiste et éditorialiste au Times : « Pour moi, le cœur du caractère britannique est sa littérature et ses langues. L’anglais est une langue mondiale sans être le seul idiome des îles britanniques ni le plus ancien. Il reflète le caractère international de la Grande-Bretagne dans sa manière d’intégrer des mots étrangers (sic !) : il a emprunté des mots (un terme impropre car les mots ne sont jamais rendus !) de l’anglo-normand et de bien d’autres langues ».

Là encore, en toute modestie… Remarquez qu’il ne cite pas le français comme langue auquel l’anglais a emprunté des mots…

Bref ces fiers intellectuels que le doute ni l’objectivité n’étouffent, étaient à fond contre le Brexit, que leur magnifique pays aux mille qualités uniques a pourtant adopté à la majorité.

C’est dur d’être anglais…

John Steed.jpg

Un peu moins subjectif est l’éditorial de Jack Dion dans le même numéro : « Brexit or not Brexit, l’anglais a gagné. Je parle ici non pas du Britannique moyen mais de la version mondialisée de sa langue, ce globish devenu le verbiage des marchés et donc des élites. Le linguiste Claude Hagège a résumé l’enjeu d’une formule : Imposer sa langue, c’est imposer sa pensée. Ce fut le cas à l’époque du colonialisme. C’est encore vrai en cette période d’impérialisme idéologique du néolibéralisme décomplexé (…). L’anglais s’installe partout, dans les structures officielles, dans les entreprises, dans la presse, dans les publications scientifiques, dans la culture, dans la pub, dans la mode, dans le sport (NDLR : c’est bien ce que nous dénonçons à longueur de billets dans ce blogue) (…). Au lieu de présenter une éventuelle sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe (NDLR : c’est fait…) comme une catastrophe pour le Vieux Continent, mieux vaudrait permettre à l’Europe de préserver un pluralisme linguistique en voie de disparition ».

Tout est dit…

20/08/2016

Nice, very sad

C’était il y a déjà plus d’un mois… Mon billet d’hommage aux victimes était intitulé « Sans voix ».

Mais reprenons espoir avec une voix et avec des mots, ceux du poète de Toulouse :

 

Nice, very nice, disent les vagues aux galets

En glissant le long d'la prom'nade des Anglais

Nice, very nice, Nice

 

Et moi sur la plage de ta peau réglisse

Face à la mer fleurie de lis

Je t'ai dit tout bas comme pour faire un bis

Nice, very nice, very Nice

promenade-des-anglais.jpg

 

 

Et Nice dans la nuit a glissé son collier

De perles sur le cou d'la Méditerranée

Nice, very nice, Nice

 

Et moi j'ai osé un baiser qui glisse

De ton épaule à ta joue lisse

Un premier baiser, puis deux et puis dix

Des roses et des bleus, tout un feu d'artifice

Nice, very nice, very Nice

 

Paroles de Claude Nougaro, musique de Bernard Arcadio

18/08/2016

Arnaud et François parlent bien

François Bayrou.jpgFrançois Bayrou cherche souvent ses mots ; certains y voient une difficulté d’élocution ou pire une vacuité de la pensée ; mon diagnostic est différent : il veut par-dessus tout bien parler, parler une langue correcte, châtiée, bien balancée. Je l’ai entendu récemment sur France Inter interrompre une phrase mal embouchée et en reprendre la construction pour qu’elle soit exprimée en bon français.

Mais mon coup de cœur du jour va à Arnaud Montebourg. Interrogé longuement par Marianne dans le numéro du 8 juillet 2016, il dit, à propos de la restauration démocratique qu’il appelle de ses vœux : « Il est donc nécessaire de construire un autre équilibre des pouvoirs. Qu’ont inventé les Grecs au Vème siècle avant Jésus-Christ ? La reddition des comptes. Où est-ce que ça existe en Europe ? Partout ! Y a-t-il une exception ? Oui, la France ! Il faut rendre des comptes et installer des systèmes de contrôle démocratiques sérieux ».

Arnaud Montebourg.jpgOui, vous avez bien lu ! Arnaud Montebourg utilise le terme « reddition de comptes » comme substantif de « rendre des comptes » ! Nous sommes donc deux, Arnaud et moi, à parler comme cela ; quel bonheur de ne pas être seul et d’être en si prestigieuse compagnie !

Le plus étonnant est que la plupart des francophones s’en étonnent. On parle bien de la reddition d’une armée qui se rend ; rendre des comptes, c’est pareillement, faire de la reddition de comptes.

 

Morale de ce billet : il n’y a plus que les agrégés de lettres et les (vrais) avocats qui parlent français.