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31/12/2014

Dans l'interminable ennui de la plaine

Dernier jour de l’année 2014… riche en événements !

l'hiver.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, ni consigne ni devinette ; la poésie toute simple…

Dans l’interminable

Ennui de la plaine,

La neige incertaine

Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre

Sans lueur aucune,

On croirait voir vivre

Et mourir la lune.

Comme des nuées

Flottent gris les chênes

Des forêts prochaines

Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre

Sans lueur aucune.

On croirait voir vivre

Et mourir la lune.

Corneille poussive


Et vous, les loups maigres,

Par ces bises aigres


Quoi donc vous arrive ?

Dans l’interminable

Ennui de la plaine


La neige incertaine

Luit comme du sable.

 

Commentaire des internautes sur ce poème de Paul Verlaine (Romances sans parole) : (je résume) « C’est juste magnifique » (Ils disent la même chose à chaque nouveau disque de Céline Dion)…  Cela étant, un internaute qui lit Verlaine ne peut pas être totalement nul.

 

Mon commentaire : vous avez noté que Paul Verlaine se permet la forme interrogative bâtarde « Quoi vous arrive ? », au mépris du billet « Dis pas ci, dis pas ça » de ce blogue… Comment voulez-vous que les petits Francophones parlent correctement après ça ?

Il évoque aussi les "forêts lointaines"… Naturellement, rien à voir avec ces animateurs de télé bavards et incultes qui annoncent à tout bout de champ "la prochaine chanson" (au lieu de "la chanson suivante"). Ici, il s'agit des forêts proches, tout simplement.

30/12/2014

Dominique et Georges

Je vous ai déjà parlé de ces coïncidences, de ces « rencontres » fortuites, qui, dans la littérature, me plaisent particulièrement. Elles m’ont souvent permis de faire des sauts de puce d’une œuvre à l’autre, d’un auteur à l’autre.

Jeanne Voilier.jpgJe vous parlerai un autre jour de Dominique Bona, Académicienne depuis 2013 et surtout spécialiste de la biographie. Comme Paul Valéry m’intrigue, je n’ai pas pu m’empêcher de me jeter sur « Je suis fou de toi », l’histoire du grand amour de Paul Valéry pour Jeanne Voilier.

Et là, au détour d’un chapitre consacré au Pygmalion de Jeanne, que lis-je ? Que le susnommé, avocat de son état, a défendu en 1924, dans un procès qui avait passionné la France (et qui l’avait fait se plier de rire), un certain La Fouchardière. Ce triste sire était poursuivi en diffamation par l’archevêque du Mans, pour l’avoir accusé, tenez-vous bien, de toucher les loyers de plusieurs maisons closes ! Ça ne vous dit rien, l’archevêque du Mans ?

Comme je suis d’humeur badine, je vous laisse deviner son nom, ce sera l’objet d’une nouvelle devinette, qui permettra, peut-être, à ICB de prendre sa revanche sur FPY…

Et je continue l’histoire, telle que racontée par Dominique Bona.

Non content d’une accusation de proxénétisme, notre pamphlétaire s’était permis de surnommer l’archevêque, « Georgette Pétensoie », en allusion à des « mœurs efféminées » comme on disait à l’époque.

On aurait pu croire que le ténor du barreau allait défendre la soutane ; non, il défendait le provocateur ! Et l’un de ses amis, autre avocat, fit venir à l’audience, et asseoir au premier rang, toutes les prostituées de la ville.

Le comble de ce vaudeville est que l’archevêque est entré à l’Académie française (en 1936) et est resté célèbre, non pour ses frasques, mais pour son Dictionnaire des lettres françaises.

Et que notre avocat, pour y entrer lui aussi, dix ans plus tard, dut aller demander sa voix… à l’archevêque !

20/12/2014

Écrivains contemporains et langue française : Élise Fischer (XI)

J’avais préparé mon voyage à Nancy en lisant un petit livre d’Élise Fischer (il y a bien « sch » dans son patronyme et non pas « sh », on est dans l’Est !) intitulé « Le roman de la place Stanislas » (2007), que j’avais trouvé fort opportunément dans une brocante.

Je l’ai relu en revenant ; c’était encore mieux.

La place Stanislas, magnifique avec ses grilles dorées, est la grande fierté des Nancéens ; elle est maintenant entièrement piétonne, devant l’hôtel de ville et le musée des Beaux-Arts. C’est vers elle que convergent les défilés de la Saint Nicolas et c’est là que s’admirent les feux d’artifice. Seul débat des passionnés : doit-elle être versée au crédit de Stanislas, dernier duc de Lorraine mais non héritier d’une dynastie lorraine ou bien de Léopold, son prédécesseur, le duc légitime ?

Elise Fischer.jpgÉlise Fischer, née d’un père lorrain et d’une mère alsacienne, fait partie des passionnés et de ceux qui en pincent pour Léopold ; influencée par sa mère, elle n’est pas loin de considérer que la présence de Stanislas sur le trône ducal est une imposture. Un roi de pacotille.

Son livre est une commande d’éditeur ; elle y brode l’histoire de Lorraine avec son histoire personnelle ; avec l’histoire de France aussi, parce que, depuis le XIIIe siècle, la France est un modèle et une grande pourvoyeuse de ducs (René d’Anjou…) et d’épouses (Élisabeth-Charlotte, l’épouse de Léopold est la nièce de Louis XIV, fille de la Palatine et de Monsieur ; a contrario, Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, est la fille de François Ier d’Autriche-Hongrie et ancien duc de Lorraine).

C’est bien troussé et souvent touchant ; Élise Fischer réussit à mettre en scène « sa » Lorraine, ses personnages illustres et les lieux de Nancy qu’elle aime : le musée lorrain, le parc de la Pépinière, la cathédrale, l’église Saint Epvre.

Elle a écrit de nombreux autres livres, dont la Lorraine est le cœur ou le prétexte ; « Les alliances de cristal » autour de Prouvé, Majorelle, Vallin, Corbin, Guingot, Gruber, Friant, Daum, Gallé, les maîtres de l’Art nouveau ; « Mystérieuse Manon » autour de Léopold… sont habilement évoqués dans le Roman de la place Stanislas.

Un écrivain régional ou régionaliste, discret mais de qualité.

« J’ai besoin de croire que l’esprit des lieux n’était pas prisonnier des vieilles pierres. Qu’il s’était posé, déposé et flottait ici et là. Avec sagesse, il aura attendu la fin des travaux pour revenir. Il n’est pas possible que tant d’histoire se perde. Stanislas, cette fois, veille… Et Léopold aussi. Mais pas seulement. À nous aussi, il appartient d’œuvrer. D’ouvrir le tiroir des curiosités, trop souvent ensommeillées dans nos petites têtes. À nous de veiller et de réveiller les endormis de l’histoire. Callot me l’a soufflé. Quand passe le vent dans les feuilles, tout peut arriver… ».