22/08/2015
À une passante...
À M.
"Elle a noué ses cheveux auburn dans un chignon tout près de se défaire, effet charmant de la hâte ou fruit d'un art consommé. Le temps n'est pas si lointain où sortir en cheveux paraissait inconvenant. Seules les femmes du peuple, les prostituées ou les pauvresses allaient les cheveux lâchés. Les honnêtes femmes ne se laissaient voir ainsi que dans la plus stricte intimité, ne concédaient ce privilège qu'à leur mari... ou leur amant.
...Rue de la Grande Truanderie, une beauté de grand chemin détrousse les passants, débusque les hommes sur les brisées du divorce. Elle porte en sautoir les cœurs brisés de ses amants, semble aller à l'amour comme on va à la guerre. Son sourire promet du sang, de la sueur et des larmes. La volupté est une possibilité ; la défaite une certitude" (page 53).
"Sa tunique de soie, pourtant légère, pèse sur sa peau. Ses cheveux bruns et drus, ramenés en chignon, découvrent sa nuque qui par-delà les siècles appelle les baisers. C'est l'été 79" (page 69).
Bien sûr, je donnerai mes sources dans un prochain billet !
09:27 Publié dans Littérature, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
14/08/2015
Écrivain... cri vain ?
Quelques amis et lecteurs de ce blogue m'ont gentiment incité à prendre la plume vraiment, c'est-à-dire à écrire vraiment : une histoire, des nouvelles, des mémoires ? Que sais-je...
Je n'ai jamais, une seconde, imaginé d'obtempérer, terrassé d'avance par la difficulté d'écrire encore quelque chose d'intéressant ou sous une forme originale, de nos jours, bloqué par le peu d'intérêt potentiel de ce que j'aurais éventuellement à coucher sur le papier, paralysé par le nombre de livres sans lecteur qui paraissent chaque année à chaque rentrée (en septembre et en janvier) et qui terminent au pilon - tout ça pour ça -, obnubilé que je suis par le temps qu'il me faudrait déjà pour lire tout ce que je voudrais lire avant de m'y coller... bref pas du tout convaincu.
Le genre de la chronique, du billet d'humeur, de l'article écrit d'un seul élan, me convient mieux, je pense. C'est sans doute une solution de facilité ; avant d'accoucher d'un roman, il faudrait le concevoir, puis assurer sa gestation... trop prenant, trop exigeant, trop long. Il y a encore tellement d'auteurs confirmés à découvrir.
Il me reste le geste intime et patriarcal des "souvenirs d'enfance".. beaucoup l'ont fait et le font encore, avec à la clé, la possibilité nouvelle de le mettre en ligne sur un site X ou Y (quand je parle de "site X", je ne pense pas aux films à la même initiale...). Mon père l'a fait. Nous avons de ce fait des anecdotes sur ses grands-parents à lui, ce qui nous plonge dans la période d'avant-guerre (la seconde) ; c'est bon pour la transmission et pour le concept de lignée.
Arrivé à ce stade de mes réflexions, je suis tombé sur un article de Thomas Rabino dans le Marianne du 18 juillet 2014, intitulé "Le blues des écrivains".
Connaissez-vous Marie Sellier, Arnaud Friedmann, Marianne-Maury Kaufmann, Bernard Pascuito, Morgan Sportès, Virginie Ollagnier, Yves Le Pestipon, Pierre Joude ?
Non ? Ce sont pourtant des écrivains qui ont eu l'honneur d'être interrogés par l'hebdomadaire et qui ont donc déjà pignon sur rue, ayant chacun écrit au moins une demi-douzaines d'ouvrages, voire une vingtaine pour certains !
Et ils sont loin des Guillaume Musso et des Marc Lévy qui accompagnent chaque été le bronzage de ces dames et dont les livres reviennent couverts de sable, quand ils reviennent des plages...
Qui eux-mêmes sont peu de chose devant des J.-M.-G. Le Clézio et autres P. Modiano, Nobel s'il vous plaît !
Et ces derniers, c'est du menu fretin à côté de Hugo, Dumas, Chateaubriand, Zola...
Bon, alors que disent de leur métier ces auteurs contemporains inconnus qui rament dans les salons du livre de province et d'ailleurs, pour placer leurs bouquins (j'ai vu à l'œuvre dans cet exercice André L'Héritier et Jean Anglade dans un minuscule village d'Auvergne...) et qui néanmoins noircissent des pages et sont publiés ?
Que d'abord, ce n'est pas un métier ! Car tous ont un gagne-pain à côté, plus ou moins lié à l'écriture.
Qu'ensuite leur violon d'Ingrès est très mal connu ; que loin d'être des nababs, ils doivent faire une partie du boulot des éditeurs ("... sans une mise en place efficace et un suivi médiatique, c'est un peu comme si on les mettait directement à la poubelle"), tout en touchant un très faible pourcentage sur leurs ventes.
Qu'il est difficile de se faire une place quand il y a 600 nouveautés en septembre chaque année et autant en janvier (300 dans les années 80), alors que le nombre d'attachés de presse et le volume de la presse littéraire ont baissé... Que la durée de vie (de visibilité) des ouvrages n'a jamais été aussi courte...
Que la "condition sociale" des auteurs est précaire : "On est dans un monde ultralibéral. es travailleurs isolés, pas de droit au chômage, pas de congés payés, une protection sociale très faible, et pas le moyen d'action qu'est la grève". "... Il importe de soutenir les écrivains pour contrebalancer les lois du marché, qui ne doivent pas régner seules dans la culture".
Que personne, malheureusement, ne lit plus de littérature... Y. Le Pestipon en a fait l'expérience, comme nous tous, lors d'un voyage en TGV. Les voyageurs sortent des magazines, leur ordinateur, leur lecteur mp3, leur mobile... mais pas de roman.
La littérature est concurrencée d'une part par la musique (Deezer et autres) et d'autre part par les images (télévision, cinéma, vidéo, voire bandes dessinées).
L'article cite trois essais sur ce sujet (de Y. Le Pestipon, Tzvetan Todorov et Pierre Ménard), dont je vous parlerai... quand je les aurai lus !
07:00 Publié dans Données chiffrées sur le français, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
06/08/2015
La lecture, c'est l'aventure (V) : le passeur de mots
Timothée Laine est passeur de mots.
"Mon obsession, c'est la relation entre la parole et l'écrit. Quand on ouvre un livre, on n'y trouve pas seulement des traces noires sur une page blanche. Il s'agit aussi de sentir la vitalité de l'auteur, son énergie vitale. Ce n'est pas seulement un travail visuel qu'il faut faire, c'est un travail pour entendre le souffle de l'auteur, son cœur qui bat".
Il propose des récitals de voix parlée intitulés "Épopée du poème, épopée du public", à partir de plus de 200 textes mémorisés (un peu comme Fabrice Lucchini, je suppose).
"Les textes, c'est notre capital, notre patrimoine. Certaines personnes ne savent pas que ça leur appartient, que c'est leur richesse. C'est comme si on réservait cette richesse à une élite. Il est important de dire aux gens : Vous pouvez vous l'approprier".
Source : Le journal des activités sociales de l'énergie (juillet-août 2015).
07:00 Publié dans Actualité et langue française, Littérature, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)