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29/11/2015

FLUCTUAT NEC MERGITUR

"Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littératur',
N'en déplaise aux jeteurs de sort,
Aux jeteurs de sort,
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds,
Mais des amis franco de port,
Des copains d'abord".

Mêlés aux massacres à Paris le 13 novembre 2015, il y a internet et les fameux "réseaux sociaux" (tiens, c'est vrai, ça se dit comment en anglais ?). Ce n'est pas rien ! Ils ont contribué à mettre en contact des personnes qui avaient besoin les unes des autres et qui, il y a dix ans, seraient restées isolées et démunies : les otages avec les forces de l'ordre, les blessés avec les secours, les sans-abris provisoires avec des gens généreux et courageux qui leur ont offert une boisson, un lit, du réconfort.

Il y a eu aussi, d'une façon générale, la communication, la mise au courant très rapide des populations du monde entier et les messages de solidarité, qu'on a pris l'habitude, malheureusement, de résumer dans des slogans ("Je suis Charlie") à très grande diffusion. (C'est horrible de parler d'habitude…).

Peace-for-paris.jpg

Cette fois-ci, ce fut à double détente : d'abord quelqu'un a lancé "PRAY FOR PARIS", qui a suscité assez vite des protestations (sur le mode : "Pourquoi prier pour la capitale d'un État laïc ?" ou bien "Pourquoi opposer un Dieu à des fous de Dieu ?"). Et j'ajouterais, pourquoi en anglais ? Si on se sent solidaire de Paris, pourquoi ne pas le dire dans sa langue, internationale et parlée sur les cinq continents ?

Sa langue ou sa devise !

Et c'est alors que quelqu'un lança FLUCTUAT NEC MERGITUR, devise de résistance largement reprise.

Elle a aussi fait l'objet d'une immense fresque Place de la République.

Comme chacun sait, cette devise signifie "Elle flotte mais ne coule pas".

Laurent Nunez, qui lui a consacré une page dans le Marianne du 16 novembre 2015, raconte qu'une mère l'a traduite comme suit à sa petite fille en passant devant : "Touchée mais pas coulée".

C'est bien vu.

PS. le logo ci-dessus, qui mêle le symbole du pacifisme et la Tour Eiffel, est dû à un graphiste nantais qui travaille à Londres, Jean Jullien. Il a 34 ans. Son logo a été partagé plus de 160000 fois.

 

28/11/2015

Paronymes

Il y a des mots sujets à confusion, ceux qui se ressemblent et ne signifient pas du tout la même chose. M. Courault en a dressé la liste suivante :

clouer et clouter

collision et collusion

compréhensible et compréhensif

dénouement et dénuement

oppresser et opprimer

ampleur et amplitude

inanité et inanition

conjecture et conjoncture

donation et dotation

Paronyme.jpget l'on pourrait ajouter : donateur et donataire, imprudence et impudence, industriel et industrieux, inclination et inclinaison, incrédule et incroyant, inculquer et inculper, infecter et infester, justice et justesse, intègre et intégral, consumer et consommer (victime par ailleurs du franglais consumérisme), imaginaire et imaginatif, flottage et flottaison, et même flottement, idiotisme et idiotie, inapte et inepte, amputation et imputation, anoblir et ennoblir, colorer et colorier, denture et dentition, notable et notoire...

 

 

Ça fait beaucoup,  non ?

27/11/2015

"Les mots de ma vie" (B. Pivot) : critique

J'ai lu tranquillement, à petites doses mais sans sauter de page, le livre que Bernard Pivot a consacré aux mots de sa vie.

C'est une bonne idée pour celui qui, de "Ouvrez les guillemets" à "Bouillon de culture", a fait toute sa carrière autour des livres, de la langue et des dictées. On passe ainsi, comme dans un dictionnaire personnel, de "Ad hoc" à "Zut".

Et B. Pivot s'y révèle un fameux dénicheur de facéties du français (j'en ai cité quelques-unes dans des billets antérieurs, comme par exemple à propos du mot "eau") et un amoureux de mots rares ou surannés (épatant, chouette, croquignolet, historier, frichti, philistin, à la raspaillette, etc.), surtout quand ce sont ceux de sa jeunesse.

Il est d'ailleurs attaché à son enfance et à sa région d'origine (Lyon et le Beaujolais) ; plusieurs anecdotes en témoignent.

Beaujolais.jpg

Amoureux des mots, il excelle dans les jeux (de mots) et l'humour (littéraire).J 'ai moins aimé en revanche une sorte d'esprit potache ou d'esprit gaulois, qui frôle la gaudriole dans certains articles. Comme ceux qui pratiquent l'humour, il a manifestement du mal à résister à une saillie et ce n'est pas toujours très heureux. D'aucuns diront peut-être qu'il n'est pas bégueule...

Modeste - faux-modeste ? on ne peut jamais savoir -, il multiplie les récits de ses déboires, de ses faiblesses et de ses moments de stress, difficiles à imaginer quand on était devant l'écran et qu'il officiait dans "Apostrophes".

Au total, 324 pages agréables à lire comme on boit du petit lait, avec quelques voiles entrouverts sur la personnalité et la vie d'un homme sympathique mais ni un traité ni récit inoubliable.