07/12/2015
Nouvelles du front
"La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : la jouissance de la vie ici, sur terre, d'une multitude de manières, une tasse de café qui sent bon, accompagnée d'un croissant, un matin ; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ; l'odeur du pain chaud ; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s'inquiéter des calories, de flirter et de fumer, et de faire l'amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n'importe quel livre, d'aller à l'école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des prélats comme des hommes et femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard, après la mort.
Aucun pays ne profite aussi bien de la vie sur terre que la France.
Paris, on t'aime.
Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous le sommes avec toi".
Voilà donc, d'après Éric Brunet (Valeurs actuelles, 26 novembre 2015) ce qui a été publié dans le New York Times, par un anonyme, en anglais, quelques heures après les attentats du 13 novembre 2015.
C'est ce qui s'appelle de la francophilie et ça fait chaud au cœur.

Dans le même numéro, André Bercoff rend compte d'une mission en Syrie ; le ministre du Tourisme de Bachar al Assad rappelle : "En 1960, 40 % de la population parlait encore français. Ils ne sont plus que 1 % aujourd'hui".
Quant à Philippe Barthelet, il s'insurge contre le temps "futur" employé, selon lui, de façon incantatoire par les politiques. Par exemple, par le Président de la République, qui annonce "L'état d'urgence sera décrété", alors que l'on aurait attendu de sa part : "est déclaré", voire "a été déclaré". On pourrait ajouter que le mode passif (donc impersonnel) n'est pas non plus adapté ; pourquoi ne pas dire "J'ai décrété l'état d'urgence" ?
C'est bizarre cet emploi du futur car, dans la vie courante, a contrario, on l'évite sans cesse au profit du présent : "Je t'appelle" ou bien "Je passe à 17 heures" ou bien "Vendredi prochain, je ne suis pas là"...
Faut-il rappeler, enfin, la confusion permanente, plutôt orthographique et grammaticale, entre "futur" et "conditionnel" ? "Demain, je serais au cours de gym", au lieu de "Demain, je serai au cours de gym". Avec, à la base, une confusion sur la prononciation ("è" fermé au lieu de "é" ouvert).
07:30 Publié dans Actualité et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)
03/12/2015
Natacha est de retour !
À l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Natacha Polony a été invitée à débattre avec Alain Minc dans le "Marianne" du 27 novembre 2015.
Voici ce qu'il dit :
"… Nous héritons d'un merveilleux instrument que vous n'avez pas évoqué, notre langue française, moins rationnelle que l'allemand, moins romantique que le russe, mais beaucoup plus subtile que la plupart des autres".
Et voici ce qu'elle lui répond, à propos des langues, à la fin de l'entretien :
"Vous n'arrêtez pas de louer la langue française pour ses performances et ses bons chiffres de diffusion.
Ma position est plutôt que toutes les langues méritent identiquement d'être défendues car elles participent de la diversité humaine. Si je souhaite préserver le français, c'est par attachement à la vision du monde dont il est le vecteur.
De même, je ne souhaite pas défendre la France pour ses résultats économiques ou son degré d'adaptation à la mondialisation mais parce qu'elle représente un moment essentiel de la conscience humaine.
…

Je ne plaide pas pour un réenracinement ou un retour en arrière ; je m'appuie sur les conceptions universalistes qui sont celles de la France. Ce n'est pas à l'ouverture que je m'oppose mais à la globalisation et à l'uniformisation.
Dans le monde contemporain, le diversité des peuples et des climats s'efface derrière le culte stérile de la performance".
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Économie et société, Essais, Francophonie, Littérature, Polony Natacha | Lien permanent | Commentaires (0)
01/12/2015
Le "bien écrire" devient bihebdomadaire à partir du 1er décembre 2015
Depuis le 1er juillet 2014, j'ai écrit 520 billets et enregistré 80 commentaires...
C'est une sorte d'astreinte volontaire qui m'a fait rédiger et publier, quasiment chaque jour, un texte d'une page, illustré, à partir d'une actualité, d'une revue de la presse ou d'une lecture.
Dans un premier temps, j'ai rendu compte de la progression - impressionnante - de mon lectorat en me fiant au compteur du serveur hautETfort. Et j'ai ainsi aligné des fréquentations à trois chiffres : presque 120 visites par jour, plus de 600 visiteurs uniques par mois, et des pages vues par milliers.
Las ! à l'été 2015, l'administration du site a arrêté ce service, en nous informant qu'il était totalement biaisé : au lieu de compter seulement les lecteurs des billets, il comptabilisait tous les accès, y compris ceux - largement majoritaires - des moteurs de recherche pour leurs propres référencements. Et nous renvoyant aux outils spécialisés de mesure de fréquentation.
J'ai opté durant l'été pour XiTi (voir le logo qui apparaît en tête de chaque billet) et pu ainsi retomber les pieds sur terre : en moyenne, ce ne sont que dix visiteurs qui lisent chacun de mes billets, et 250 par mois, depuis août 2015… En revanche, l'outil m'a permis de découvrir que mes lecteurs, majoritairement européens, sont aussi parfois nord-américains, asiatiques et africains.
Voici par exemple la fréquentation en novembre 2015 :

Voici maintenant la géolocalisation pour la période août-novembre 2015 :

N'est-ce pas magique d'arriver à toucher autant de lecteurs inconnus et si différents ?
Même si c'est pour dix fois moins de lecteurs que prévu, écrire ces billets reste un plaisir et ce ne sont pas les sujets qui manquent : le dossier constitué depuis tant d'années avec des coupures de presse, les nombreuses actualités linguistiques dans les médias, les précieux manuels d'expression écrite et d'orthographe et tant et tant de livres encore à lire et à commenter… mes sources sont inépuisables.
Ni la fréquentation réelle ni l'épuisement du sujet ne sont une raison pour diminuer mon rythme de publication !
Quoi d'autre alors ?
Ma disponibilité, tout simplement… Je croule sous les centres d'intérêt et les activités afférentes. En particulier, je cherche à suivre sérieusement deux cours de FUN, qui demandent un temps que je n'ai plus.
Bref, pour le retrouver (un peu), je vais publier mes billets deux fois par semaine (au lieu de quotidiennement), les lundi et jeudi.
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