19/11/2015
Le salon-bibliothèque de Bernard
Je vous ai beaucoup parlé de bibliothèque, à un certain moment, quand je lisais le livre de Cécile Ladjali.
Voici, sur le même sujet, ce qu'écrit Bernard Pivot dans "Les mots de la vie" et que je partage entièrement :
"Quelles que soient l'ancienneté des reliures, l'originalité des collections, la rareté des éditions de luxe, la beauté des grands papiers, la distinction des exemplaires numérotés, non coupés,
rien ne vaut, dans un salon ou une salle de séjour,
l'alignement sur les rayonnages de centaines de livres d'édition courante, y compris de poche, dont on voit bien, aux rides de leurs dos, à la patine du temps, à une légère fatigue générale,
qu'ils ont été lus, puis jugés dignes, sur leur contenu et non sur leur apparence,
de rester à demeure, sous le regard proche et reconnaissant des habitants du lieu".

C'est à la rubrique "Salon-bibliothèque" de son petit dictionnaire personnel.
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17/11/2015
Jours de deuil national (III)
"Vos coups d'ongle rayant tous les sublimes livres,
Vos préjugés qui font vos yeux de brouillard ivres,
L'horreur de l'avenir, la haine du progrès ;
Et vous faites, sans peur, sans pitié, sans regrets,
À la jeunesse, aux cœurs vierges, à l'espérance,
Boire dans votre nuit ce vieil opium rance !
Ô fermoirs de la bible humaine ! sacristains
De l'art, de la science, et des maîtres lointains,
Et de la vérité que l'homme aux cieux épelle,
Vous changez ce grand temple en petite chapelle !
Guichetiers de l'esprit, faquins dont le goût sûr
Mène en laisse le beau ; porte-clefs de l'azur,
Vous prenez Théocrite, Eschyle aux sacrés voiles,
Tibulle plein d'amour, Virgile plein d'étoiles ;
Vous faites de l'enfer avec ces paradis !"

Victor Hugo
Les contemplations
Autrefois - Aurore
À propos d'Horace
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16/11/2015
Jours de deuil national (II)
"… Ainsi je vis ; ainsi
Paisible, heure par heure, à petit bruit, j'épanche
Mes jours, tout en songeant à vous, ma beauté blanche !
J'écoute les enfants jaser, et par moment,
Je vois en pleine mer, passer superbement,
Au-dessus des pignons du tranquille village,
Quelque navire ailé qui fait un long voyage,
Et fuit sur l'Océan, par tous les vents traqué,
Qui, naguère, dormait au port, le long du quai,
Et que n'ont retenu loin des vagues jalouses,
Ni les pleurs des parents, ni l'effroi des épouses,
Ni le sombre reflet des écueils dans les eaux,
Ni l'importunité des sinistres oiseaux."

Victor Hugo
Les contemplations
Autrefois - L'âme en fleur - Lettre
Près le Tréport, juin 18..
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