03/12/2015
Natacha est de retour !
À l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Natacha Polony a été invitée à débattre avec Alain Minc dans le "Marianne" du 27 novembre 2015.
Voici ce qu'il dit :
"… Nous héritons d'un merveilleux instrument que vous n'avez pas évoqué, notre langue française, moins rationnelle que l'allemand, moins romantique que le russe, mais beaucoup plus subtile que la plupart des autres".
Et voici ce qu'elle lui répond, à propos des langues, à la fin de l'entretien :
"Vous n'arrêtez pas de louer la langue française pour ses performances et ses bons chiffres de diffusion.
Ma position est plutôt que toutes les langues méritent identiquement d'être défendues car elles participent de la diversité humaine. Si je souhaite préserver le français, c'est par attachement à la vision du monde dont il est le vecteur.
De même, je ne souhaite pas défendre la France pour ses résultats économiques ou son degré d'adaptation à la mondialisation mais parce qu'elle représente un moment essentiel de la conscience humaine.
…
Je ne plaide pas pour un réenracinement ou un retour en arrière ; je m'appuie sur les conceptions universalistes qui sont celles de la France. Ce n'est pas à l'ouverture que je m'oppose mais à la globalisation et à l'uniformisation.
Dans le monde contemporain, le diversité des peuples et des climats s'efface derrière le culte stérile de la performance".
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Économie et société, Essais, Francophonie, Littérature, Polony Natacha | Lien permanent | Commentaires (0)
30/11/2015
Chateaubriand et Bossuet
Ce n'est pas si souvent qu'on peut lire de nos jours, dans un texte public, une référence à Chateaubriand et Bossuet à la fois !
Eh bien, c'est le cas dans un appel récent de Malik Bezoun à ses coreligionnaires français, suite aux massacres de Paris.
"Or le sentiment patriotique doit l'emporter sur toutes autres considérations comme le rappelait naguère Chateaubriand qui invitait chaque partie à «[…] (abandonner) quelque chose de ses prétentions pour concourir à la gloire de la patrie » en proie à de graves troubles et divisions. Me faisant, sans prétention aucune, le continuateur de l'illustre écrivain, j'invite mes frères et sœurs, Français de confession ou de culture musulmane, à rejeter le point de vue consistant à dire qu'il appartient aux Français, anciens ou de souche, de faire la part des choses en séparant le bon grain de l'ivraie, si je puis dire. Hélas, on peut attendre longtemps. Car la peur, engourdissant la raison, et la prégnance de certains préjugés, réactivés par une actualité décrivant un monde arabo-musulman violent et sanguinaire, sont autant de freins à une évolution plus positive de la perception de l'arabo-islamité dans la société française. Aussi n'attendons plus !
...
Le temps presse. Les extrémistes, de tous bords, sont aux aguets et souhaitent, en silence, que la peur fasse son œuvre dans l'espoir de jouer leur sinistre partition. Pour l'amour de la France, sa sauvegarde, son salut, ne leur en donnons pas l'occasion. Soyons des bâtisseurs. Soyons des patriotes prosélytes. Endossons ce rôle, un rien ingrat, consistant à faire la preuve de notre attachement, sans borne, au pays à chaque fois qu'un soubresaut intégriste l'ensanglante et le tétanise, en nous démarquant, de façon plus que visible, de ceux qui en sont à l'origine.
...
Aussi, n'ayons aucun état d'âme et crions en chœur notre amour du pays de Bossuet. Il en va de l'unité de la nation française qui exige que l'on brise, sans plus tarder, les barreaux de cette prison victimaire dans laquelle on s'est enfermé depuis bien trop longtemps, à la grande joie des communautaires professionnels et des identitaires radicaux. Nos enfants, demain, nous en remercierons.
À la francité, notre bien commun sacré".
Physicien de formation, Malik Bezouh est un spécialiste de la question de l'islam de France. Il est l'auteur de France-islam: le choc des préjugés
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
29/11/2015
FLUCTUAT NEC MERGITUR
"Ses fluctuat nec mergitur
C'était pas d'la littératur',
N'en déplaise aux jeteurs de sort,
Aux jeteurs de sort,
Son capitaine et ses mat'lots
N'étaient pas des enfants d'salauds,
Mais des amis franco de port,
Des copains d'abord".
Mêlés aux massacres à Paris le 13 novembre 2015, il y a internet et les fameux "réseaux sociaux" (tiens, c'est vrai, ça se dit comment en anglais ?). Ce n'est pas rien ! Ils ont contribué à mettre en contact des personnes qui avaient besoin les unes des autres et qui, il y a dix ans, seraient restées isolées et démunies : les otages avec les forces de l'ordre, les blessés avec les secours, les sans-abris provisoires avec des gens généreux et courageux qui leur ont offert une boisson, un lit, du réconfort.
Il y a eu aussi, d'une façon générale, la communication, la mise au courant très rapide des populations du monde entier et les messages de solidarité, qu'on a pris l'habitude, malheureusement, de résumer dans des slogans ("Je suis Charlie") à très grande diffusion. (C'est horrible de parler d'habitude…).
Cette fois-ci, ce fut à double détente : d'abord quelqu'un a lancé "PRAY FOR PARIS", qui a suscité assez vite des protestations (sur le mode : "Pourquoi prier pour la capitale d'un État laïc ?" ou bien "Pourquoi opposer un Dieu à des fous de Dieu ?"). Et j'ajouterais, pourquoi en anglais ? Si on se sent solidaire de Paris, pourquoi ne pas le dire dans sa langue, internationale et parlée sur les cinq continents ?
Sa langue ou sa devise !
Et c'est alors que quelqu'un lança FLUCTUAT NEC MERGITUR, devise de résistance largement reprise.
Elle a aussi fait l'objet d'une immense fresque Place de la République.
Comme chacun sait, cette devise signifie "Elle flotte mais ne coule pas".
Laurent Nunez, qui lui a consacré une page dans le Marianne du 16 novembre 2015, raconte qu'une mère l'a traduite comme suit à sa petite fille en passant devant : "Touchée mais pas coulée".
C'est bien vu.
PS. le logo ci-dessus, qui mêle le symbole du pacifisme et la Tour Eiffel, est dû à un graphiste nantais qui travaille à Londres, Jean Jullien. Il a 34 ans. Son logo a été partagé plus de 160000 fois.
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Histoire et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)