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09/08/2014

Les mots d'or

Créée en 1988 à l’initiative de l’association "Actions pour promouvoir le français des affaires" (A.P.F.A.), la Coupe francophone des affaires "Le Mot d’or" a pour objectif d’inciter les élèves, étudiants et professeurs, professionnels et le grand public à travailler sur l'utilisation du français dans le langage des affaires et à faire connaître les mots nouveaux rendus nécessaires par l'évolution des techniques.

Les PROFESSIONNELS (entreprises industrielles et commerciales, presse audiovisuelle, presse écrite, édition, traduction, etc.) sont évalués à travers leurs actions.

Les ÉLÈVES et les ÉTUDIANTS participent, le mardi ou le jeudi de la semaine de la langue française et de la francophonie, de 14 heures à 15 heures, à une épreuve individuelle d'une heure qui comprend trois niveaux (initiation, approfondissement, spécialisation) et dont les différentes parties sont indépendantes et adaptées : chercher des mots nouveaux pour des concepts nouveaux. (Le candidat doit proposer, en justifiant ses propositions, un mot, un sigle ou une expression pour désigner en français des concepts nouveaux du domaine des affaires) ; donner un mot ou une expression de la langue des affaires dont la définition est fournie ; remplacer dans un texte des mots étrangers ou relevant du franglais par des équivalents français ; retrouver l'origine étymologique de deux mots de la langue des affaires ; savoir entreprendre en français. (Le candidat doit présenter, en une dizaine de lignes, un projet réaliste de création d'entreprise).

Le GRAND PUBLIC peut participer, le samedi de la semaine de la langue française et de la francophonie, à la Coupe francophone du vocabulaire des affaires, épreuve des Mots d'Or de la francophonie pour tous, intitulée "La Dictée des Mots d'Or". Cet exercice comprend trois parties assez brèves : le début d'un petit conte terminologique contenant des termes relevant du français des affaires, dont quelques néologismes que les participants sont invités à repérer ; la dictée de la suite de ce conte ; l'illustration d'un ou de plusieurs (au choix) des dix mots de la Semaine de la langue française et de la Francophonie.

En 2008, le Ministère de l’Économie et des Finances avait accueilli la cérémonie de remise des prix à Bercy, pour distinguer « les professionnels qui, dans la sphère économique, œuvrent sans relâche au bon usage de la langue française ». Dans le domaine de l’automobile, le récompense avait été attribuée au Comité des constructeurs d’automobiles. Ce comité héberge une commission de terminologie spécialisée et édite la brochure « Des mots et des autos », qui fournit aux professionnels le mot français exact pour tous les termes liés à l’automobile (rem. : c’est sans doute sous son haut patronage que Renault a été le premier a écrire « electronic » sur ses R16 ou R20 et qu’il vient de récidiver avec sa « Captur »). Quoiqu’il en soit, le Comité a inventé le terme « monospace » pour désigner les « minivans ». Ce terme est paru au Journal Officiel et il est passé dans le langage courant.

 Les lauréats reçoivent des médailles, des séjours d’étude, des dictionnaires et aussi des ouvrages tels que :

  • "La langue iaai" (D. Miroux - Alliance Champlain),
  • "Les mots de la francophonie" (L. Depecker - Éditions Belin),
  • "Un amour de Loire" (J. Lacarrière - Éditions Christian Pirot),
  • "Lexique de comptabilité" (P. Lassègue - Éditions Dalloz),
  • "Dictionnaire de mercatique" (Gilardi et Koehl - Éditions Foucher),
  • "Gérer l'entreprise" (collection A. Rossignol - Éditions Foucher),
  • "Testez vos connaissances en orthographe" (J.P. Colignon - Éditions Hatier),
  • "Cartes du monde politique" (IGN),
  • "Tableaux de l'économie française" et "Portrait social de la France" (INSEE),
  • "Manuel de gestion interculturelle" (J.M. Fèvre),
  • "Dictionnaire roumain de mercatique" (M. Dipse - Éditions Mayon - Bucarest),
  • "Le français des affaires" (I. Constantinescu - Éditions Milena - Bucarest),
  • "Mots pratiques, mots magiques" (N. Guilloton - Éditions Les Publications du Québec),
  • "Halte à la mort des langues" (C. Hagège - Éditions Odile Jacob),
  • "La naissance du français" (B. Cerquiglini - Éditions PUF),
  • "Entre signe et concept" (L. Depecker - Presses Sorbonne Nouvelle),
  • "Communication" (Wolijsters-M. Verjans - Éditions Uitgeverij Plantyn - Anvers),
  • "Le petit dictionnaire pratique des affaires" (J.M. Fèvre et M. Zajac - Éditions Wydawnictwo PLJ - Varsovie).

Il n’y a que l’embarras du choix pour les lecteurs de ce blogue...

 

"LE MOT D'OR" a été créé :

- en hommage à la richesse d'initiative des professeurs, des élèves et des étudiants pour faire connaître et faire apprécier les mots d'aujourd'hui de l'économie et de la gestion, porteurs d'enthousiasme et de rigueur, source d'efficacité de toute action ;

- pour accompagner la recherche de l'excellence dans la maîtrise du vocabulaire des affaires par les professionnels dans la langue maternelle de chacun, condition de la création de relations durables, riches de la diversité des cultures ;

- pour développer une pédagogie du mot nouveau et du savoir entreprendre afin que tout échange et toute entreprise soient fondés sur des langues bien faites et que les mercaticiennes et les mercaticiens puissent être toujours plus à l'écoute attentive des autres.

Exactement les objectifs de ce blogue !

 

[source : site internet de l’A.P.F.A.]

08/08/2014

Le petit dico franglais-français d'Alfred Gilder (2014)

Je vous propose de découvrir un petit livre Le petit dico franglais-français, d'Alfred Gilder (Éditions FIRST Édi8, 2014).

A. Gilder, ancien haut fonctionnaire de terminologie auprès des ministères, avait réalisé en 2009 un logiciel de correction reprenant les termes de la Base FranceTerme qui est alimentée par les listes publiées au Journal Officiel. Ce logiciel proposait pour chaque terme étranger à la langue (franglais en pratique...) son ou ses équivalents français.

Au premier abord, ce nouvel opuscule m'a irrité de par son titre ; en effet, le qualifier de "dictionnaire", n'est-ce pas reconnaître au franglais le statut d'une langue (comme une autre), qui serait sur un pied d'égalité avec le français ? Ce qui n'est pas le cas... le franglais n'est qu'une manie (une paresse ?) française d'émailler son discours, ses courriels et ses textos de termes anglais ou pseudo-anglais. Donc le "traduire" en français n'a guère de sens. Le titre est mal choisi et indispose.

Mais on se rend compte à la lecture d'une des 160 pages de lexique de ce format de (petite) poche, que l'auteur est bien de notre côté : il allie un humour souvent féroce à sa conviction intime. Même si, par esprit de système, il use et abuse de jeux de mots plus ou moins pertinents, pour ridiculiser les termes franglais...

Il augmente, à mon avis abusivement, le corpus du franglais tel qu’on le parle, en ajoutant, pour les besoins de l’édition, des termes purement anglais, qui ne sont pas utilisés en pratique.

Il multiplie les synonymes et les propositions de termes substitutifs... à mon avis, c'est excessif car proposer mille façons de nommer une chose ou une notion, n'est-ce pas n'en proposer aucune ? Le lecteur, amusé et même convaincu (de la richesse du vocabulaire français)... n'en retiendra aucun (ou plutôt si : le terme franglais qu'utilisent ses collègues de travail ! A. Gilder s'est là mélangé les pinceaux : entre dictionnaire, encyclopédie distrayante et ouvrage de lexicologue, il n'a pas su (ou voulu) choisir.

Au total, A. Gilder a néanmoins réalisé un lexique amusant, qui fait de nombreuses suggestions pour se passer du franglais. Il est créatif et cultivé, on apprend donc pas mal de choses.

Qu’il me permette de citer quelques phrases de son opuscule :

« … Ce dico vous permet d’éviter le sabir atlantique et ses termes franglais parfois pédants, souvent poly sémiques ou ectoplasmiques, euphémiques ou inintelligibles. Pour être compris de tous, employez les mots français qu’il vous propose, surtout si vous voulez produire de l’effet ! … le Petit Gilder vous invitera à solliciter les ressources immenses et les nuances multiples de notre langue ». (préface de Jean-Joseph Julaud)

 

07/08/2014

Ébauche d'un nouveau lexique franglais-français

En plus du domaine professionnel des bureaux (réunions, mél.), il y a malheureusement de nombreux autres domaines où le franglais s'est infiltré. Ce sont, logiquement, les domaines où le modèle américain s'est imposé (la musique, la chanson et l'informatique depuis les années 60, la communication plus récemment), dans lesquels il est de bon ton de "faire moderne" et les domaines de technologie avancée, dans lesquels, il est vrai, le français tarde à proposer des équivalents (on adopte donc le terme américain, plus ou moins déformé).

Voici quelques exemples :

Communicant 

baseline : ligne de base, ligne directrice

push mail : information poussée (vers le destinataire) (à améliorer... des propositions ?)

sponsoring : parrainage, soutien, appui 

homepage : écran ou page d'accueil

footer : pied de page 

webmaster : webmestre

community manager : animateur de communauté

template : modèle, canevas

wording ("on va améliorer le wording") : rédaction, formulation

scope : la perspective, le champ d'application, le cadre

smiley : figurine ou bien en ch'timi "cabotan"

le buzz : la rumeur, le ramdam

bonne journée à vous, merci à vous (de l'anglais "Happy birthday to you") : bonne journée, Monsieur, Madame ; merci Lucile, merci Marie-France

triple play : trois en un

en off, voix off : hors micro, voix en surimpression

storyboard : scénario, canevas, déroulé

Mais il n'y a pas que nous, dans les bureaux ! 

 

Musicien :

Chorus : solo, improvisation 

Riff : ritournelle 

Fret : sillet 

Chord : accord

Barclay a signé C. Nougaro... : pour dire que C. Nougaro a signé (un contrat) chez Barclay !

 

Sportif :

Corner : coup de pied de coin

Penalty : coup de pied de pénalité

Score : résultat

Set : jeu

Coach : l'entraîneur, le sélectionneur, le patron

On va jouer l'OM, ils ont explosé le PSG... : sans commentaire (ces verbes sont normalement intransitifs)

Pole-position : tête de file, première position

Ma prof. de gym : le step, step-touch, Just do it...

 

Divers :

Collector : objet de collection

Start up : gazelle (inventé par Renaud Dutreil, secrétaire d'État au commerce extérieur)

Quels sont donc les arguments des utilisateurs du franglais (en pratique, il y a très peu de défenseurs...).

D'abord que ça va plus vite d'utiliser des mots anglais. On constatera, grâce au lexique ci-dessus, que c'est rarement le cas.

Ensuite que cela permet de parler aux anglophones plus facilement. C'est assez souvent faux : "parking" et "footing" ne disent pas grand'chose aux Américains (ils parlent de parking lot et de jogging).

Je crois que les raisons sont autres...

D'abord le snobisme, le souhait de se montrer moderne, à la page, au courant et au fait des dernières nouveautés (déjà, dans la Recherche, Mme Verdurin émaillait son discours de termes anglais ; mais, alors, c'étaient plutôt des citations).

Ensuite la paresse et l'indifférence quant aux questions de langue ("quelle importance, les mots que l'on utilise si tout le monde les comprend et les utilise aussi, alors que la faim, la guerre, l'injustice, le fanatisme, le manque d'eau, etc., ravagent le monde ?". Certes...).

Plus profondément, il y a la subtilité et le goût des "connotations" et des nuances inhérents à la langue française.

Par exemple : le mot "stretching" se traduit aisément par étirement... Mais si on dit à quelqu'un : "Tu fais de l'étirement ?", cela sous-entend qu'il est en train de s'étirer. Pour lui demander s'il suit des cours de gym. dans lesquels il y a des étirements, alors on sera tenté de lui dire "Tu fais du stretching ?".

Le Français aime les nuances à l'infini, il aime couper les cheveux en quatre et être précis. C'est la raison de la puissance (passée) du français dans la diplomatie. C'est aussi l'origine de ce cri du cœur d'un Anglo-Saxon :

« Boy, those French ! They have a different word for everything » (Steve Martin).