Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/07/2014

Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font

J'interromps ma chronique des difficultés de la typographie et de l'orthographe françaises pour vous faire part de ma stupéfaction suite à un reportage déjà ancien, vu sur France 2.


Intitulé "je twitte, tu twittes, il twitte" (titre qui se voulait humoristique et en tous cas accrocheur), ce reportage narrait une expérience "pédagogique" à l'école primaire, dans le Pas-de-Calais.

Je passe sur le fait que la séquence, annoncée à plusieurs reprises tout au long du Journal de 20 heures, a été, un peu avant son lancement effectif à l'antenne, qualifiée de "marginale"... cette information était au contraire primordiale et aurait dû empêcher sa diffusion, tout simplement. À quoi sert de diffuser, à l'heure de plus grande écoute, le compte rendu d'une expérimentation "marginale" ?


Mais venons-en au fond...


Un instituteur a trouvé malin, sous prétexte de pédagogie, de mettre Twitter à la disposition de ses élèves et de les faire travailler autour de cet outil : imaginer et taper des textes au clavier, les lire sur grand écran, les corriger...


Et de montrer des enfants, tous plus appliqués et enthousiastes les uns que les autres (devant la caméra), concentrés et tirant la langue, en train d'ânonner sur leur clavier, lettre après lettre, de vérifier à l'écran et de s'envoyer des messages. Consternant...


Tout aussi consternant, le discours convaincu du maître, qui pense ainsi préparer ses élèves au monde de demain (et à l'orthographe ?).

Pas moins consternant que d'entendre les parents interrogés, espérant qu'ainsi on prépare leurs enfants au monde de demain (et peut-être à l'orthographe, qu'eux-mêmes martyrisent chaque jour ?)...


Voici maintenant les réflexions que cette "expérience marginale" m'inspire : 


Est-il vraiment indispensable pour enseigner l'écriture, la lecture et l'orthographe, de passer par la case Twitter, sauf à vouloir en rajouter encore sur l'appétence des jeunes pour tout ce qui fait "style", pour tout ce qui est ludique, pour tout ce qui fait espérer "ne pas être en classe pendant la classe" ?


Comment ne pas avoir mal au cœur en voyant ces enfants-cobayes, à qui l'on fait croire qu'il s'agit de s'amuser à taper avec un doigt, alors qu'il s'agit bien, comme tout apprentissage, de faire un effort et que c'est du travail ?


L'outil Twitter lui-même, a été spécifié pour l'envoi de messages courts, limités en nombre de caractères. Il est responsable, avec les téléphones mobiles, du charabia actuel : textos abrégés à outrance, tics d'écriture, absence de ponctuation, etc., au point que c'est quasiment devenu une langue à part, étudiée par les linguistes et les sémiologues (cf. les articles à ce sujet dans Wikipedia).


D'ailleurs, qu'en sera-t-il de Twitter quand ces gamins auront 15 ans ? croupira-t-il avec Visicalc, Atari et autres fossiles de la technologie ?


Pourquoi commencer "par la fin", en les faisant taper, sur un clavier dont tout le monde sait qu'il est inadapté (ce clavier du XIXème siècle était adapté aux machines à écrire mécaniques !), des caractères qu'ils pourraient tout aussi bien écrire sur une feuille de papier ou au tableau ?

L'Éducation nationale ferait mieux d'étudier et d'adopter enfin le clavier Marsan, ergonomique et adapté au français ?

Et tant qu'à se préparer au monde de demain, et si l'on croit que la communication de demain continuera à se faire par clavier, pourquoi ne pas plutôt leur apprendre une bonne fois pour toutes, la dactylographie (apprendre à taper) ?

Ne serait-ce pas plus utile à long terme, pour les futures études longues de ces bambins de 7-8 ans ? (Rem. : comme au violon, il faudrait peut-être des quarts ou des demi-claviers...).

30/07/2014

L'évêque et le bien écrire

En 1938, Monseigneur Georges GRENTE, évêque du Mans et académicien français, publiait la onzième édition de « La composition et le style ».

Dans ce petit livre, il prodiguait, dans une langue qui nous paraît aujourd’hui surannée et avec force paternalisme et bien-pensance, tout une série de conseils pour réussir à bien écrire.

Logiquement, il commençait son ouvrage par un paragraphe intitulé « Importance de bien écrire » et citait Voltaire :

« Les choses qu’on dit frappent moins que la manière dont on les dit… ».

Et il concluait son introduction par ceci : « Si le style est un don, le travail est nécessaire ; on peut apprendre à écrire » et « peut-être parviendrons-nous à nous faire lire par des hommes qui auraient, sans l’agrément de notre style, négligé notre œuvre ou dédaigné notre talent ».

Pour lui, les moyens d’apprendre à bien écrire sont l’observation, la lecture, la traduction (des Anciens, grecs et romains) et l’imitation (des auteurs classiques ou contemporains).

Pour les rédacteurs de textos, de courriels et de notes diverses que nous sommes, il n’y a plus guère que la lecture qui soit un moyen concret d’apprendre à écrire correctement. Cela reste l’alpha et l’oméga.

Dans les chapitres suivants de son livre, G. GRENTE parle de la composition, du style (élocution, clarté, concision, harmonie, figures) et des divers genres de composition (description, discours, lettre…).

C’est bourré de conseils pertinents ; nous y reviendrons donc dans ce blogue, ne serait-ce que parce que l’évêque disserte sur « le pouvoir des mots », « les locutions vicieuses », « les phrases tortueuses », « l’orthographe, l’accentuation, la ponctuation » !

À bientôt donc, Monseigneur.

Georges GRENTE « La composition et le style », mcmxxxviii, Beauchesne et ses Fils, Paris, rue de Rennes, 117

25/07/2014

Abrégeons mais comme il faut

On a souvent (mais pas toujours...) besoin d'aller vite, y compris par écrit.

Le langage texto et le langage des forums sur internet usent et abusent des abréviations, dans une tentative vaine de faire que la langue écrite soit "de l'oral sans parole". Cette course à l'ellipse et à la concision masque peut-être quelques difficultés inavouables avec l'orthographe mais privent surtout leurs lecteurs du temps de la réflexion et du recul nécessaire.

Quoiqu'il en soit, les abréviations existent et sont bien utiles dans la langue écrite orthodoxe que nous essayons de préserver. Leur bon usage n'est pas toujours connu. Voici quelques rappels.

Pour terminer une énumération, on utilise "etc." (et cetera, avec un point de troncature, cf. infra) ou bien "..." (trois points de suspension) mais pas les deux ni deux points ni quatre points.


Les premiers, deuxièmes, etc. s'écrivent : 1er , 1re, 2nd, 2de, 1° (primo), N° (numéro).

Pour renvoyer à une source à part, on écrit : cf. (avec un point de troncature).

On écrit "c.-à-d." pour "c'est-à-dire".

Et enfin, le fameux point de troncature !

On n'écrit pas de point à la fin d'un mot abrégé si le dernier caractère de l'abréviation est aussi celui du mot à abréger. Exemple : "Mme" pour abréger Madame et "Dr" pour Docteur.

Dans le cas contraire, on écrit un point, qui vaut pour tout le reste du mot qui a disparu (qui a été abrégé). Exemple : "M." pour Monsieur (et non pas "Mr" comme tous les franglophones aiment l'écrire, pour "faire anglais"). De même "MM." pour Messieurs.