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12/08/2014

Pour écrire un texte publiable : les sept conseils de L. Timbal-Duclaux

Voici les sept conseils d'un gourou, Louis Timbal-Duclaux, pour écrire des textes "publiables", c'est-à-dire lisibles par d'autres que leur auteur.

LTD1. Transformez les titres creux en titres pleins

(exemple de titre creux : "Introduction" ; exemple de titre plein : "l'urgence est contraire à la démocratie" ; V. Hugo et A. Dumas ont beaucoup utilisé les titres pleins. Que l'on se rappelle celui-ci : "Où l'on découvre que notre héros était moins malheureux qu'il ne le croyait"...)


LTD2. Mettez la conclusion en tête


LTD3. Chassez les termes techniques ou expliquez-les


LTD4. Faites des phrases de moins de quinze mots


LTD5. Utilisez toute la gamme des signes de ponctuation (mais n'abusez pas du "!" ni des "...")


LTD6. Surveillez la mise en page


LTD. Relisez !

 

J'ajouterais volontiers, pour tenir compte des évolutions technologiques et linguistiques :


BG1. Respectez les règles typographiques (dont les signes diacritiques)


BG2. Adoptez une feuille de style sobre (pas de mélange de polices, de couleurs, de mises en valeur)

 

BG3. Bannir le franglais

 

BG4. Utiliser les correcteurs orthographiques

 

BG5. Quand un mot manque... inventez-le 

11/08/2014

Il faut voir comme on nous parle !

Voici une brassée de fleurs sauvages, un bouquet d'herbes folles, en un mot un florilège ou même un bêtisier...


Vu à la télé (une chaîne de la TNT) : panégyrique d'un chanteur à la mode, dont on nous dit, en cours d'émission : "C.M., qui groove super bien (sic !), ne porte que des baggy (j'aurais écrit baggies mais bon...), parce que les slims le gênent (sous entendu : aux entournures ?)". Il faudra m'expliquer le rapport avec la musique et l'intérêt pour le public de savoir quel type de futal ce chanteur porte...

Lu (dans le journal Le Revenu n°1092 du 1er au 7 octobre 2010) : "... permet à l'assuré d'opter pour une assurance au kilomètre, appelée aussi "pay as you drive". D'habitude, on traduit en français, pour le lecteur de Montauban, une expression quelque peu barbare prisée par les cercles parisiens (à savoir : en franglais). Mais ici, on a une expression en français, parfaitement compréhensible, qui se suffit à elle-même.... et on la traduit en anglais, peut-être pour que la prochaine fois, on ait oublié le nom français ?


Lu dans le même journal n°1089 du 10 au 16 septembre 2010) : "... la première application iphone de trading en streaming...". Et aussi une pub "apprenez à trader les devises avec FXCM". Et le fouting de gueule, ils connaissent ?

Entendu sur France Inter, à longueur d'entretiens : "Merci à vous" pour prendre congé d'un invité. Qu'est-ce que c'est que cette expression ? Pourquoi pas "Merci" tout court ? C'est un peu comme la traduction des titres de films américains : sait-on que "the day after" en américain, c'est "le lendemain" et non pas "le jour d'après" (ce qui ne correspond à rien en français) ?

Sur la même radio de service public : "émission à réécouter ou à podcaster sur notre site internet". Pourquoi pas "télécharger" tout simplement ? Outre la publicité gratuite pour le joujou d'Apple (qui n'en a plus besoin), on frémit à l'idée que ce téléchargement ne soit possible qu'avec l'ipod... Ce serait un complet renversement de situation par rapport au baladeur de Sony, qui a conduit à appeler "walkman" (nom commercial), tout produit identique sorti ultérieurement. Dans le cas de l'ipod, il n'était pas le premier mais plus probablement le dernier !

Sur la même radio : "Untel a été enregistré en direct, en live comme on dit"... pourquoi "comme on dit" ? Quelle langue parle-t-on en France ? 


Entendu dans un réseau des communicants : "on vous fera un push mail (ou pushed mail ?)"... ça apporte quoi par rapport à "je vous enverrai un message (ou un courriel)" ?


Lu dans le programme d'un concert de musique brésilienne : "Black Orfeus" et "One note samba"... ces brillants musiciens savent-ils que c'est le portugais que l'on parle et écrit au Brésil ? et que ces (inoubliables) compositions ont été baptisées "Orfeo negro" et "Samba uma una nota" (de mémoire, veuillez excuser les erreurs éventuelles) par leurs géniaux papas ?


Lu dans la presse économique : l'offre "triple play"... ne serait-ce pas plus simple de parler de "3 en 1" ?


Vu la pub de NISSAN pour Qashqai (au fait, ça se prononce comment à Auch ?) : "Connect edition - Urbanproof, mastered... SHIFT the way you move".


Pour terminer, voici deux brèves réjouissantes :


Vu sur le site de la Défense (voir mon autre billet illustré de photos sur ce haut lieu de la consommation) : le stand Brother, qui bien qu'affichant son leitmotiv "at your side" (à vos côtés), décline son métier de la façon suivante : "Imprimer, Numériser, Copier, Télécopier" (en français dans le texte). Ce n'est pas tout ! les mots sont en majuscules et ces majuscules sont accentuées !

Respect !


Sûr qu'une boîte française, comme Bull au bon vieux temps, aurait écrit "Print, Digitize, Copy and Fax". Tout se perd, même le snobisme.

 

PS. merci à Alain Souchon pour le titre de ce billet, emprunté à Foule sentimentale

10/08/2014

Faut-il des règles ?

L’objectif de ce blogue de « rappeler les règles d’écriture » du français a pu sembler à tel et tel lecteur, prétentieux, suranné ou inutilement normalisateur.

Je voudrais donc, dans ce billet, préciser ma position.

 

La méconnaissance, voire le mépris, des règles par certains de nos contemporains, rend la lecture de leurs productions écrites, malaisée et donc inefficace ; ils sont les premières victimes de leur manque de soin car leurs textes sont peu attrayants, se comprennent mal et se mémorisent mal. Les lecteurs souffrent aussi des barbarismes et solécismes, de l’abus du franglais, de la syntaxe martyrisée, des thèses mal développées et des démonstrations mal construites. C’est le premier point.

 

Ensuite, certains rédacteurs souffrent de leurs difficultés avec la langue, soit qu’ils échouent à des examens, soit qu’ils soient moqués par leurs collègues, soit qu’ils n’arrivent pas à bien communiquer… ils désirent bien faire mais ils ont oublié les fameuses règles apprises à l’école. Ce blogue est aussi pour eux mais sans prétention académique ni scolaire. Tout le monde oublie… et moi le premier. Je ne suis ni écrivain ni professeur de grammaire ni linguiste, uniquement un « honnête homme » du XXème siècle, qui révise ce qu’il ne sait plus et veut faire partager ses découvertes dans les écrits de « ceux qui savent ».

 

Enfin, notre langue est en péril. Je ne partage pas l’optimisme de Gabriel de Broglie (chancelier de l’Institut) pour qui le français est moins menacé que l’anglais par le phénomène mondial d’uniformisation des langues (cf. le globish, qui révulse les aristocrates de la haute société anglaise). Notre langue est envahie, la plupart du temps sans raison, par les termes franglais et les tournures anglo-saxonnes. C’est dû au snobisme, à la paresse et à une sorte d’avilissement devant le modèle américain. Je propose, avec beaucoup d’autres, de résister.

 

Les règles sont aussi une aide, pour construire des textes harmonieux, cohérents, convaincants.

 

Les règles du français sont issues de son histoire ; elles sont parfois « illogiques » ; elles peuvent évoluer. Mais elles ont été utilisées, avec quel brio, par Corneille, Racine, La Fontaine, Lamartine, Hugo, Proust, Claudel, Giono…

Qui aura la prétention de les bafouer et de les malmener ? au nom de quoi ?

 

En résumé, pas d’impérialisme culturel dans tout cela !

Cultivons notre langue, comme notre bien commun et continuons à nous comprendre.

Et revenons au grand Hugo :

« Les règles sont utiles aux talents et nuisibles aux génies »

Sommes-nous tous, vraiment, des génies ?