01/01/2019
Fréquentation en rebond et vœux pour 2019
C’est une bonne nouvelle pour le blogueur que je suis : la fréquentation du blogue « Le bien écrire » est repartie à la hausse, modeste certes mais sans équivoque. Que l’on en juge :
Après une chute continue depuis octobre 2017 et un « plus bas » en juillet 2018, la fréquentation a augmenté régulièrement pour atteindre en décembre 80 visiteurs uniques, le même niveau qu’en début d’année.
Même si ce niveau est ridiculement bas par rapport à celui des années fastes (dix fois plus faible…), ne boudons pas notre plaisir ; champagne !
La localisation des lecteurs est également réjouissante : si l’Amérique du Sud et l’Asie sont absentes, et l’Afrique en retrait (4 % du lectorat), l’Amérique du Nord (et essentiellement les États-Unis) prend la corde, avec 45 % !
America’s back !
Dois-je dire « Merci Donald » ?
Peut-être pas mais en tous cas, meilleurs vœux pour l’année 2019 qui commence !
07:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2018
Nouvelles du front (linguistique) VI
Le 16 novembre 2018, Les Échos consacraient deux pages pleines au renouveau des Champs-Élysées, l’idée étant d’aller vers encore plus de luxe et encore plus de marques prestigieuses, comme si cela ne suffisait pas déjà. Pas la peine de poser la question « pour qui donc ? », parce que l’on sait que ce n’est pas pour les Français ni même les Parisiens mais uniquement pour les richissimes visiteuses venant de Pékin ou du Golfe.
Histoire de montrer que tout cela n’est pas bassement du commerce et des gros sous, le journal de Bernard Arnaud titrait « Une myriade de concepts innovants », l’air de dire : « il n’y a pas que les chercheurs scientifiques qui innovent ». Et alors c’est quoi, ces innovations ? Des mégastores pour Nike et Adidas, un concept hybride pour les Galeries Lafayette, les tout nouveaux rayons de Monoprix et un écrin années 1930 (décidément il n’y a pas que M. Macron que ces années-là obsèdent…) pour JM. Weston.
Décortiquons ces innovations.
Pour Nike, c’est le gigantisme (ils prennent la place de Toyota sur 4500 m2). Il paraît que ce projet entre dans un plan stratégique. On est rassuré, mais on consultera plutôt Que Choisir quand il s’agira d’acheter les chaussures de course les plus adaptées. Adidas va proposer au public des écrans tactiles et un service de personnalisation des chaussures. Les deux parlent de showrooms…
Les Galeries Lafayette prendront la place du Virgin Mégastore sur 6500 m2. Le malheur des uns fait le bonheur des autres qui retrouvent l’emplacement de 1927. Retour vers le futur. Mais écoutez bien : Le point de vente « proposera une expérience différente, une espèce d’hybride entre un concept store et un grand magasin traditionnel (…) Il sera numérique mais personnalisera la relation client ». Il faut récrire « Au bonheur des dames » ! Et, écoute bien Zola : « Les 300 vendeurs auront le statut de personal stylists ». Les Échos ajoutent pour les syndicalistes qui liraient l’article : « une fois n’est pas coutume, (ils) seront tous des salariés du groupe ». On est rassuré, ils pourront travailler le dimanche et seront bien payés.
Le Monoprix sera installé juste à côté ; habile ! Je suppose que c’est aussi dans le plan stratégique… Il ressemblera à l’entrée « d’un grand hôtel qui aurait adopté le design des années 1930 ». L’ancêtre Prisunic était dans les lieux en 1933. Encore 1930 ! Mais qu’est-ce qu’ils ont avec 1930 ? « L’aménagement des rayons semble avoir adopté les codes du luxe ». mais il ne s’agit que de modules dupliquables. Les rayons homme et enfant, ainsi que la décoration, sont relégués au sous-sol ; l’égalité homme-femme est passée par là.
JM. Weston prend la place d’une agence du Crédit Lyonnais. « Les vastes fauteuils club invitent aux essayages. On trouve même des cabines ». Incroyable ! Le travail de l’architecte « est raccord avec le style années 1930 de l’immeuble ». Ça faisait longtemps que je n’avais pas rencontré cette horrible expression « être raccord » (à retrouver dans ma rubrique « Les mots à la mode »). « Le flagship est le dixième point de vente de la marque à Paris ». Pour ne pas dire « navire-amiral »… qui ferait trop pompeux ? Ou qui porterait la poisse, sachant que les navires, ça coule parfois ?
Plus bas, un long article est consacré à Apple, qui fait aussi son flagship ici, qui est aussi stratégique, qui va se coller aussi à côté de son concurrent Samsung, et qui veut aussi « dépasser la simple commercialisation de produits pour miser sur le concept d’expérience client » (voir ma rubrique « Les mots à la mode »). Cela se traduira par des séances Today at Apple.
Tous ces gens connaissent-ils le nombre de salariés en France qui gagnent moins de 1400 € bruts et de retraités à 1000 € ?
En bas à droite de cette grande deuxième page, au moment de la tourner, on tombe sur une publicité en couleur de Klépierre, entièrement en anglais (non traduit) :
« EMPORIA
CUTTING EDGE RETAIL ON THE SHORE OF THE BALTIC
SHOP
MEET
CONNECT »
N’est-ce pas complètement illégal ? Que fait donc l’Office de vérification de la publicité ? Que fait le Comité de rédaction du journal ?
Une semaine plus tard, ce sont les Gilets jaunes qui déroulaient leur plan stratégique sur la plus belle avenue du monde…
07:00 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
27/12/2018
"Les cendres brûlantes" (Michelle Maurois) : critique V
C’est à la page 278 que Michelle Maurois raconte l’épisode – la tromperie – qui inspirera le roman « Le lys rouge » d’Anatole France et qui motivera mon intérêt pour cette famille et pour ce milieu passionnant de la fin du XIXème siècle et jusqu’au milieu du siècle suivant.
Anatole France n’est plus guère attiré par Léontine Arman, née Lippmann, qui vieillit mal ; il accepte une invitation à donner une série de conférences en Argentine et prend le bateau le 30 avril 1909 malgré les réticences de sa maîtresse. Après plusieurs mois sans beaucoup de nouvelles de l’infidèle, « le 27 juillet, Léontine confie à l’abbé Mugnier, qu’une femme semble exercer sur France, en Argentine, une emprise » (page 285). « Mais arrivèrent des échos d’Argentine, puis une lettre anonyme donnant des précisions. Le maître avait rencontré une actrice. On avait photographié M. et Mme France. Bientôt tout Paris chuchota la nouvelle ». En effet , sur le bateau se trouvait une actrice, Jeanne Brindeau, qui faisait partie d’une troupe de la Comédie-Française et « pour laquelle, quinze ans auparavant, le docteur Germain Sée s’était ruiné ». « Née en 1861, ayant encore grande allure, blonde, coquette, Mme Brindeau pouvait faire illusion (…) (France) lui trouva le visage fatigué mais des dessous étourdissants et un corps resté très jeune ».
« La liaison de l’actrice et de l’écrivain devient officielle et stupéfie les Argentins ». « Anatole France hésite entre la raison et l’amour. Il a soixante-cinq ans ; il est amoureux comme un jouvenceau » (page 288). Après la série de conférences, il suit Jeanne Brindeau en Uruguay et au Brésil, puis c’est le retour vers l’Europe, depuis Rio, du 11 au 28 août. Arrivé à la Gare Saint Lazare, où Mme Arman l’attendait, « M. France a quitté Brindeau et il est venu courageusement au-devant de Madame » (témoignage d’Eugénie).
« Trente-huit ans plus tard, la petite-fille de Mme Arman, Simone, devait revivre les mêmes tourments que sa grand-mère (mais elle y survécut). André Maurois, de trois ans moins âgé que France en 1909, partit pour une tournée de conférences en Amérique du Sud où sa femme avait refusé de l’accompagner. Il s’éprit, non d’une duègne, mais d’une jeune actrice qui le suivit durant tout son voyage (…). Mon père tira de l’aventure un roman : Les roses de septembre » (page 290).
Cette belle fin de chapitre, factuelle et fataliste, n’est rien à côté du livre magnifique que Dominique Bona écrivit sur la vie sentimentale d’André Maurois et dont j’ai rendu compte dans ce blogue. « Il n’y a qu’un amour » est bien supérieur aux « Roses de septembre » !
07:00 Publié dans Écrivains, Littérature, Livre, Maurois Michelle, Récit | Lien permanent | Commentaires (0)