Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/01/2015

Dis pas ci, dis pas ça (XIV)

On n’en a pas fini avec le « L »…

L’Académie souligne une fois de plus l’aberration qui consiste à utiliser des mots anglais à la place de mots français parfaitement adaptés et nombreux. Exemple typique : look (et aussi touch). Comme dans le « Petit dictionnaire » que j’ai déjà présenté, elle donne les équivalents français : air, allure aspect, dehors, expression, et même gueule, dégaine, touche (mes parents disaient couramment : « elle a une drôle de touche »).

Et comme cela a été maintes fois mentionné dans ce blogue, elle dénonce l’importance « aux yeux de certains de se donner un air de modernité en empruntant à l’anglais mots et expressions à la mode ».

 

Duffle-coat.jpgEnfin, emboîtant le pas à Étiemble, elle fait remarquer que la mode passe et que, comme pour le fameux duffle-coat, l’étoile de look et de touch déjà pâlit. Vous connaissez mon point de vue sur le sujet : la mode du duffle-coat est revenue et la french touch fait florès…

Ce qui me fait penser à une bizarrerie : comment se fait-il que l’on parle de smartphone et de tablette ? Pourquoi le mot français « tablette » s’est-il imposé ?

Allez, c’est mon vœu pour 2015 : que l’on revienne au français, que le débat soit clos et que l’on passe enfin aux choses sérieuses (chômage, pauvreté, précarité, recherche, innovation, entreprenariat) !

02/01/2015

Devinette (II bis)

Comme je n’ai pas eu de réponse et que c’étaient les vacances (scolaires) et les fêtes, je vous donne une seconde chance en prolongeant la date-limite au 6 janvier 2015.

Et revoici la question :

« Quel est le nom de l’archevêque du Mans dont il est question dans le billet du 30 décembre 2014 ? ».

Écrivains contemporains de langue française : Dominique Bona (XII)

Dominique Bona est discrète et peu connue, me semble-t-il. Je suis tombé  sur son livre « Il n’y a qu’un amour » (Grasset, 2003) par un concours de circonstances, qui m’a fait découvrir André Maurois et revenir à Anatole France par ricochet non pas littéraire mais biographique. En l’occurrence, pour le premier de ces deux écrivains, sa vie est plus passionnante que son œuvre…

 

Dominique Bona.jpgLa bibliographie de D. Bona (je vous ai mis sa photo en grand, parce que…) compte quinze ou seize ouvrages, dont dix biographies. En fait, elle traite de « thèmes » biographiques plutôt que de biographies proprement dites, et souvent l’angle choisi, c’est l’amour ou les amours.

Ainsi, dans « Il n’y a qu’un amour », elle raconte l’amour d’André Maurois pour les trois femmes qui auront marqué sa vie et elle illustre, en filigrane, la thèse qui veut que l’on n’oublie jamais la première, peut-être parce que l’on ne se remet jamais de ses vingt ans. Ce n’est donc pas la vie d’A. Maurois que l’on parcourt mais son parcours sentimental. A. Maurois a d’autres biographes. D. Bona prend les raccourcis et les chemins de traverse.

De même, « Je suis fou de toi » (Grasset, 2014) n’est une biographie ni de Paul Valéry ni de Jeanne Voilier mais le récit de leur passion.

Dans « Camille et Paul, la passion Claudel » (Grasset, 2005), D. Bona raconte surtout les relations entre ces frère et sœur surdoués, qui se terminent par la folie et l’internement de Camille, l’élève de Rodin. Le grand frère viendra quelquefois la voir mais si peu. Terrifiant…

Dans le site Babelio, je trouve, à propos de ce livre, ces commentaires d’internautes que je peux prendre à mon compte : « Écriture vivante et sensible, chapitres courts, recherches et documentation énormes, citations nombreuses : une multitude de renseignements qui donnent à voir en parallèle deux vies, deux trajectoires, deux œuvres », « Cette double biographie des deux Claudel est un passionnant travail historique, faisant renaître le temps d'un livre, la vie sociale et artistique au tournant du 20è siècle, ses courants de pensée, ses conventions, ses codes de société. Le contraste entre la petite bourgeoise catholique et bien pensante, et les milieux artistiques et libertaires, est finement décrit ».

 

Il est vrai qu’avec « Berthe Morisot, le secret de la femme en noir » (Grasset, 2000), D. Bona renoue avec le récit plus linéaire d’une vie, celle de la seule femme peintre impressionniste, égale des plus grands.

 

À force de collectionner les prix littéraires (Interallié, Goncourt des biographies, Elle, Madame Figaro, Prince Pierre de Monaco), Dominique Bona s’est retrouvée Immortelle. Elle n’est pas Marguerite Yourcenar mais elle vaut largement Giscard !

 

Pour autant, son style n’est pas exempt de reproches ; ainsi, j’ai noté dans « Je suis fou de toi » : « Adorable avec les petits-enfants – on peut compter sur lui pour les garder –, Jeannie ne peut pas lui reprocher d’avoir manqué à l’appel… ». Cette phrase est bancale : « Adorable » se réfère à Paul Valéry, tandis que le sujet de la principale est Jeannie, son épouse…

J’ai gardé un souvenir extraordinaire de « Il n’y a qu’un amour », pour une raison que je ne peux pas donner ici, et aussi pour son style, au point que, pour moi, ce livre est bien supérieur à celui d’André Maurois lui-même qui traite du même sujet (« Les roses de septembre »). Mais ses autres ouvrages se distinguent plus par leur composition, leur rythme et l’originalité de leur angle de vue que par leur style.

 

Il me reste à lire « Romain Gary » (Mercure de France, 1987). On verra…

 

D. Bona utilise aussi, il me semble, cette méthode de butinage d’un sujet à l’autre, par sauts de puce, dont j’ai déjà parlé ici. Ainsi, brossant le cadre de vie de Paul Valéry, habitant, dans le XVIè, un immeuble construit par Berthe Morisot et Eugène Manet, en voisin et ami de Julie Manet, la fille unique des susnommés, retrouve-t-elle des éléments de son ouvrage précédent. J’y ai bien retrouvé mon archevêque !

 

En résumé, la biographie, c’est passionnant à écrire et aussi à lire.