06/01/2015
La clarté du style selon Georges Grente
Relisons Georges Grente.
« Le style est clair si l’on peut saisir immédiatement et sans effort les pensées ou les sentiments exprimés. (Contrexemple : Nous n’avons pas eu l’idée d’avoir la pensée de rien faire qui pût nous faire supposer l’intention d’en avoir !).
Fénelon réclame d’abord une diction simple, précise, dégagée, où tout se développe soi-même et aille au-devant du lecteur.
Les deux principales conditions de la clarté du style sont la pureté de la langue et la propriété des termes.
Par pureté de la langue on entend l’emploi des mots que consacre l’usage et des constructions de phrases que la syntaxe approuve.
Surtout qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée !
En vain vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux,
Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,
Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours, quoiqu’il fasse, un méchant écrivain
Boileau, Art poétique, I, 155-162
Il ne faut pas employer de locutions vicieuses…
On n’écrira pas de phrases enchevêtrées…
Les phrases tortueuses, où les idées se succèdent pêle-mêle, doivent être évitées…
Les mots seront disposés de manière qu’il n’y ait nulle équivoque…
N’abusons pas des inversions ou renversements de l’ordre habituel établi par la syntaxe…
On surveillera particulièrement les pronoms personnels, les relatifs, les possessifs et les adverbes pronominaux (en, y), dont l’emploi défectueux peut amener les plus regrettables confusions…
Défions-nous des mots impropres…
Contrôlons aussi les synonymes…
Les termes techniques d’arts, de métiers, de sciences, etc. ne seront pas employés, à moins qu’il ne s’agisse d’un travail destiné à des spécialistes compétents…
On n’usera pas sans discernement d’archaïsmes ni de constructions surannées…
Il ne faut pas accepter les néologismes ni se permettre surtout d’en forger soi-même… (le néologisme proscrit est l’expression lancée brusquement par la mode, et dont l’emploi est inutile)…
Et de citer Voltaire :
Qui ne peut briller par une pensée
veut se faire remarquer par un mot
L’orthographe, l’accentuation et la ponctuation seront respectées. (Ceux qui m’ont connu dans le milieu professionnel doivent se dire, avec un brin de remords : « C’est donc ça… Il n’avait rien inventé ! »).
Les élèves négligent l’orthographe et la ponctuation parce qu’ils n’y attachent aucune importance. Tel écrivain, disent-ils, s’en moque. Molière avait répondu d’avance à l’objection :
Quand sur une personne on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il faut lui ressembler
Être nul en orthographe ne donne pas du génie. D’ailleurs, la clarté exige que l’on n’écrive pas indifféremment dessin et dessein, à (préposition) et a (verbe), où (adverbe) et ou (conjonction), etc.
La clarté ne réclame pas moins l’observation des règles de la ponctuation : Le concierge, dit le docteur, est un voleur / Le concierge dit : le docteur est un voleur…"
Décidément, l’archevêque avait tout compris !
11:45 Publié dans Règles du français et de l'écriture | Lien permanent | Commentaires (0)
05/01/2015
Passeport avec accents
Lu sur le site Service-public : pour demander un passeport, il faut remplir un formulaire en majuscules et en mettant les accents !
Demande de passeport pour une personne majeure
Mise à jour le 11.09.2012 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)
Principe
Ministère en charge de l'intérieur
Cerfa n°12100*02
Pour être accepté au guichet, les informations doivent être saisies directement à partir de votre ordinateur.
Le formulaire doit donc être enregistré sur votre ordinateur avant d'être imprimé (vous ne pouvez pas le compléter à partir de votre navigateur internet).
Les lettres doivent être saisies en majuscule et comporter les accents éventuels.
Une fois renseigné, le formulaire doit ensuite être imprimé. Le formulaire ne doit pas être imprimé vierge et renseigné de façon manuscrite.
Cela étant, hormis la typographie, la procédure n’est pas la même dans l’avis ci-dessus et dans le formulaire en Acrobat une fois affiché à l’écran… Je plains les allergiques à l’informatique qui veulent absolument un passeport !
17:55 Publié dans Actualité et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)
Devinette (II ter)
Oui, ICB a raison, je parlais bien de Georges Grente, évêque du Mans, académicien et auteur, entre autres, du petit livre « La composition et le style » (Beauchesne et ses fils, 1938), dont je vous ai rebattu les oreilles dans mes billets de fin juillet et fin août 2014.
Voici ce qu’en dit Wikipedia :
« Georges François Xavier Marie Grente, né le 5 mai 1872 à Percy (Manche, France) et mort le 4 mai 1959 au Mans (Sarthe, France), est un cardinal français, évêque-archevêque du Mans, académicien, historien et essayiste. Il rédigea un imposant Dictionnaire des lettres françaises en plusieurs volumes qui fait encore aujourd'hui autorité.
Dans Ces Messieurs du Canard (Stock, 1973), Jean Egen raconte en jubilant un tour que le Canard enchaîné joua à l'archevêque ; ce dernier, peu avant la Première Guerre mondiale, avait acheté des maisons closes qu'il trouvait trop proches de la cathédrale, dans l'intention de donner congé à leurs gênants locataires. Mais le conflit surgit et les autorités tinrent à conserver ces établissements, si utiles au moral des troupes. Après l'Armistice de nouvelles lois sur le maintien dans les lieux permirent aux tenanciers de rester sur place en versant des loyers, au reste ridicules, au prélat qui enrageait. Georges de La Fouchardière eut vent de l'affaire et se hâta de publier dans le Canard enchaîné des documents prouvant que l'archevêque était propriétaire de maisons closes, sans détailler le contexte. Le prélat fit un procès en 1924 mais le perdit, le tribunal estimant qu'il n'y avait pas diffamation mais simple plaisanterie. L'article est en fait paru dans L’Œuvre du 25 octobre 1924, no 3312. La Fouchardière avait alors pris comme avocat Maurice Garçon ».
09:06 Publié dans Histoire et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)