21/04/2015
Marques d'infamie (II)
Autant que j'aie pu voir, les marques de luxe (haute couture, parfums, maroquinerie…) n'ont pas enfourché ce cheval boiteux. À mon avis, elles n'en ont pas besoin, au contraire, cela nuirait à leur principal atout : "Faire français".
On distingue dans tout cela deux paramètres à deux valeurs, et donc quatre cas de figure : les multinationales d'origine française (Peugeot, Air France, Total…) ou étrangère (Hewlett-Packard, Audi…) d'une part et la communication à France ou à l'étranger d'autre part.
Que hp s'affuble de cette espèce de devinette "Make it better" aux États-Unis et même partout dans le monde, pourquoi pas et grand bien lui fasse. Mais en France, ne pourrait-il pas faire un peu plus couleur locale ? Malheureusement, il est vrai que les marques françaises ne montrent pas l'exemple, on revient toujours au même problème de soumission et de conformisme (voir mon billet de l'an dernier sur la galerie marchande de La Défense).
Que Air France s'envoie en l'air in english partout dans le monde, admettons… si la french touch est à ce prix… Mais en France ! Il y a quand même un sacré paradoxe et partant, un certain culot, à s'afficher en anglais avec le mot France dans sa raison sociale !
On m'objectera que la concurrence et donc la publicité sont mondiales, et que les agences de pub sont payées (très cher) une fois, pour trouver un slogan unique (mondial). C'est sans nul doute la facilité mais le nec plus ultra de la communication moderne n'est-il pas de s'adapter à ses cibles ? Danone a bien changé son nom dans les pays anglo-saxons, pour une question de prononciation...
Comprenne qui pourra.
"J'ai une tendresse particulière", non pas "pour ces filles qui n'font pas de manières…" mais pour nos amis allemands, qui sans complexe (ou plutôt si, avec un énorme complexe de supériorité) nous gratifient de "Das Auto", nous qui n'apprenons plus l'allemand.
Un beau pied de nez...
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20/04/2015
Marques d'infamie (I)
Je profite de l'intervention des députés Amirshahi et Premat et en particulier de leur dénonciation des slogans en franglais (voir mon billet du 19 avril 2015) pour vous livrer les fruits de la petite enquête que j'ai faite sur les marques, plus précisément sur les "sous-titres", les sortes de "signatures" qui ornent les noms de marque, à la télévision et dans la Presse.
Commençons par Renault, qui après la voiture à vivre (idiot mais innocent) annonce simplement "La vie, avec passion" pour le nouveau Espace.
Peugeot, quasiment chinois, préfère "MOTION & EMOTION" (en bas de l'encart publicitaire de la nouvelle 308 GT).
Toujours dans l'automobile mais chez les allemandes, on note une autre tendance : parler allemand (gage de qualité et de fiabilité ?) : Volkswagen signe "Das Auto" (LA voiture) et Audi "Vorsprung durch Technik" (le progrès par la technique) !
Chez les Japonais, SUZUKI s'affiche avec Way of life, bah voyons...
Envolons-nous : AIR FRANCE se sigle "FRANCE IS IN THE AIR" mais ajoute "Comme dans un écrin". Ouf...
TOTAL nous fera tout, fort de ses bénéfices records peu imposés : "COMMITTED TO BETTER ENERGY" (engagé pour une énergie meilleure). Généreux et même philanthrope, il veut rendre l'énergie accessible à 50 millions de personnes (lesquelles ?) grâce à son programme "Total Access to Energy" (avec les majuscules, s'il vous plaît !).
Hewlett-Packard, qui a réussi à imposer les initiales "hp" (en minuscules s'il vous plaît), les fait suivre de "Make it matter" (donnez-lui du sens)...
Cela n'est qu'un florilège de cette manie des multinationales de "faire américain" au pays de Voltaire ; je vais continuer cette enquête, au prix d'une ou deux soirées à passer devant la pub à la télé.
06:00 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
19/04/2015
Deux députés pour une francophonie plus ambitieuse
Pouria Amirshabi (député des Français au Maghreb et en Afrique de l'Ouest) et Christophe Premat (son homologue pour l'Europe du Nord) constatent dans le Marianne du 27 mars 2015, une prise de conscience de la fragilité et en même temps du potentiel de la langue française (soit dit en passant, j'ai été frappé par la qualité du français parlé par les jeunes Algériens dans le Thalassa du 3 avril dernier, alors que je croyais qu'il avait été éradiqué par le pouvoir en place, au profit d'une arabisation intégrale).
Mais leur thèse est que les francophones sont en retard d'une stratégie et que les élites manquent de vigueur sur le sujet.
Rien de ce qui suit ne surprendra les lecteurs qui adhérent aux convictions et au combat de ce blogue.
Ils dénoncent les slogans en franglais - voire en anglais tout court - dans les spots (sic) publicitaires et les démarches commerciales. Et de citer "les My winter sale de la dernière période de soldes et autres formules ridicules, aux côtés des enseignes permanentes, et donc plus dangereuses encore, telles Carrefour City ou Dailymonop".
"Incroyable encore, l'attitude de certains responsables français de premier plan : ainsi le commissaire européen Pierre Moscovici qui adresse au ministre Michel sapin, une lettre entièrement en anglais ! Ou encore Valérie Pécresse, Louis Schweitzer, Christine Lagarde, feu Christophe de Margerie, Jean-Claude Trichet et bien d'autres, qui ont souvent choisi de parler anglais devant des auditoires pourtant équipés de traducteurs et d'interprètes". Voir son article du 11 mai 2013 dans Marianne, déjà.
Se voulant positifs, ils prêchent pour :
- la valorisation du multilinguisme (à l'école…) ;
- le soutien à la diversité culturelle (en rendant effectifs les quotas de musiques francophones à la radio (voir mon billet récent à propos de France Inter) ;
- la promotion de toutes les littératures francophones (en introduisant les écrivains non français dans le cadre scolaire : Camus, certes, mais aussi Maalouf, au même titre et au même rang) ;
- une coopération renforcée avec un noyau resserré de pays, autrement dit une nouvelle alliance - y compris économique - de nations œuvrant à la convergence de leurs contenus éducatifs, scientifiques, économiques et culturels ;
- des plates-formes d'échange entre professionnels, un Érasmus et un visa francophone ;
- l'aide substantielle à des systèmes scolaires en péril ;
- la transformation des instituts français en instituts francophones, et idem pour les lycées, dans l'esprit de cogestion de TV5 et ARTE
Il ne manque plus qu'une volonté (politique)...
06:00 Publié dans Actualité et langue française, Données chiffrées sur le français | Lien permanent | Commentaires (0)