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18/04/2015

Irritations XII : expressions toutes faites

Rien de plus énervant que les expressions toutes faites que certains emploient aveuglément comme s'ils ne connaissaient pas l'origine de leur construction.

Un exemple, très fréquent : "Et c'est le parti-pris… que j'ai pris". Mais bon sang de bon sang, "un parti-pris", c'est un "parti" que l'on a pris, c'est-à-dire une position que l'on a adoptée, un camp que l'on a rejoint… Donc, il suffit de dire "Et c'est le parti que j'ai pris".

TOTAL.jpgLà où cela devient drôle - mais somme toute plus compréhensible - c'est quand les mêmes insèrent du franglais dans leur discours. Ainsi, j'ai lu dans le Revenu du 3 avril 2015, la phrase suivante : "L'actif concerné (de TOTAL) est situé en onshore (sur terre) et donc potentiellement vulnérable". Ce journaliste a l'air d'ignorer que onshore et offshore signifient littéralement "sur la plage" et "hors rivage" (à savoir "en mer") et qu'il est donc aberrant d'écrire "est situé en onshore" (et d'ajouter "sur terre" entre parenthèses) ! Cet actif (d'ailleurs, pourquoi ne pas l'appeler par son nom ? c'est un champ pétrolier) est donc un champ pétrolifère terrestre, tout simplement...

 

 

PS. Vous le savez mais j'insiste à propos du titre de ce billet : "tout" est normalement invariable. Mais ici, il précède un adjectif au féminin. Pour préserver l'euphonie, on fait une entorse à la règle. Et, tant qu'à faire, comme c'est au pluriel, on ajoute un "s".

17/04/2015

Non, France Inter, tes programmes musicaux ne font pas oublier tes émissions !

Le comble du chic - et qui évite de donner un avis sur les trois semaines de grève à l'antenne - consiste à dire que les morceaux de musique passés à longueur de journée à la place de "l'intégralité de nos programmes habituels" étaient tellement excellents que les auditeurs, enamourés, en oubliaient la grève.

Patrick Cohen 2.jpgNon, mille fois non ! En ce qui me concerne, j'ai surtout entendu d'innombrables "raps" en anglais et peu de chanson française. Au point que, souvent, j'ai coupé le sifflet à France Inter, de guerre lasse...

 

 

 

 

 

Tel n'est pas l'avis de Valérie Sasportas, qui, dans le Figaro du 27 mars 2015, ne tarit pas d'éloge sur ce qu'elle appelle "la playlist" de la radio en grève.

Et de prétendre que le programme de base, prévu pour toute interruption d'antenne quelle que soit sa cause, comporte très exactement "35 titres internationaux, 35 francophones et une dizaine provenant d'internet". Je ne connaissais pas ce dernier chanteur, on en apprend tous les jours.

Il y a, comme dans la stratégie nucléaire, une gradation de la riposte : si l'interruption se prolonge, on a droit à une liste de disques (!) "gold, standard et de succès Inter". Vous voyez ce que c'est un disque gold ? Et un disque standard ? Pas moi...

Enfin, si la station est au fond du trou, les programmateurs (humanoïdes) ont le droit de balancer leurs pépites à eux.

Il paraît que les auditeurs ont adoré… (sur les réseaux sociaux, évidemment).

Voici donc mes conclusions, après instruction du dossier (ci-dessus) :

1) France Inter était bien au fond du trou ;

2) les programmateurs ont eu la bride sur le cou ;

3) ils n'aiment que le rap de Detroit.

FRANCE INTER.jpgQuant au Figaro, qui vole au secours de ce déni de service public (concernant la chanson, cela veut dire une majorité de chansons francophones), sa position me fait penser à une allégation célèbre comme quoi "dorénavant, en France, quand il y a grève, on ne s'en aperçoit pas".

Ça va même plus loin, du style "à quoi sert donc de payer les émissions de France Inter, si une simple suite de morceaux pendant des heures contente le peuple ?".

Donc je résume : "ça plaît, ouste !".

16/04/2015

On massacre (enfin ?) l'orthographe anglaise

J'ai déjà signalé les ravages qu'avait faits cette manie de choisir des acronymes prononçables, voire mnémoniques.

À la Libération, SNCF et EDF, s'ils signifiaient évidemment quelque chose, ne se prononçaient pas (sauf lettre par lettre) et surtout n'évoquaient rien.

Notre époque a changé tout cela : quand on baptise un projet de recherche européen, on choisit par exemple PACE, que l'on prononce à l'anglaise "paye-ss" (et non pas "paa-tché" à la latine) et cela évoque le rythme (pacemaker) aux anglicistes et peut-être "la paix" aux latinistes, mais alors sans raison...

Donc l'acronyme moderne :

- se prononce comme un mot ;

- ce mot évoque quelque chose, plus ou moins lié à l'objet désigné, et plus ou moins volontairement ;

- et continue à se décliner lettre par lettre en tant qu'initiales décrivant l'objet.

La manie acronymisante a ainsi "massacré" quantité de mots français, dont on ne sait plus, à force, s'ils prennent un "n" ou deux "n", un "l" ou deux "l", etc.

Mais les meilleurs gisements s'épuisent (il y a belle lurette par exemple que les potentiels noms de marque en cinq lettres, qui soient prononçables sans être des noms communs, sont déposés !).

Et là, je rigole parce qu'on s'attaque maintenant, en France, à l'anglais !

SNCF.jpg

 

 

La SNCF vient ainsi de lancer son application HAPI, service d'idées "culture et tourisme" pour sortir en Île de France.

Bien sûr, cela ne choquera pas les Américains, qui écrivent "night", "nite"… mais les Anglais à parapluie, chapeau melon et bottes de cuir, si.

Pour nous, c'est pas si grave, puisque, grâce à Mme Belkacem et à l'enterrement du latin et du grec, nos enfants seront fortiches en angliche.