20/04/2015
Marques d'infamie (I)
Je profite de l'intervention des députés Amirshahi et Premat et en particulier de leur dénonciation des slogans en franglais (voir mon billet du 19 avril 2015) pour vous livrer les fruits de la petite enquête que j'ai faite sur les marques, plus précisément sur les "sous-titres", les sortes de "signatures" qui ornent les noms de marque, à la télévision et dans la Presse.
Commençons par Renault, qui après la voiture à vivre (idiot mais innocent) annonce simplement "La vie, avec passion" pour le nouveau Espace.
Peugeot, quasiment chinois, préfère "MOTION & EMOTION" (en bas de l'encart publicitaire de la nouvelle 308 GT).
Toujours dans l'automobile mais chez les allemandes, on note une autre tendance : parler allemand (gage de qualité et de fiabilité ?) : Volkswagen signe "Das Auto" (LA voiture) et Audi "Vorsprung durch Technik" (le progrès par la technique) !
Chez les Japonais, SUZUKI s'affiche avec Way of life, bah voyons...
Envolons-nous : AIR FRANCE se sigle "FRANCE IS IN THE AIR" mais ajoute "Comme dans un écrin". Ouf...
TOTAL nous fera tout, fort de ses bénéfices records peu imposés : "COMMITTED TO BETTER ENERGY" (engagé pour une énergie meilleure). Généreux et même philanthrope, il veut rendre l'énergie accessible à 50 millions de personnes (lesquelles ?) grâce à son programme "Total Access to Energy" (avec les majuscules, s'il vous plaît !).
Hewlett-Packard, qui a réussi à imposer les initiales "hp" (en minuscules s'il vous plaît), les fait suivre de "Make it matter" (donnez-lui du sens)...
Cela n'est qu'un florilège de cette manie des multinationales de "faire américain" au pays de Voltaire ; je vais continuer cette enquête, au prix d'une ou deux soirées à passer devant la pub à la télé.
06:00 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
19/04/2015
Deux députés pour une francophonie plus ambitieuse
Pouria Amirshabi (député des Français au Maghreb et en Afrique de l'Ouest) et Christophe Premat (son homologue pour l'Europe du Nord) constatent dans le Marianne du 27 mars 2015, une prise de conscience de la fragilité et en même temps du potentiel de la langue française (soit dit en passant, j'ai été frappé par la qualité du français parlé par les jeunes Algériens dans le Thalassa du 3 avril dernier, alors que je croyais qu'il avait été éradiqué par le pouvoir en place, au profit d'une arabisation intégrale).
Mais leur thèse est que les francophones sont en retard d'une stratégie et que les élites manquent de vigueur sur le sujet.
Rien de ce qui suit ne surprendra les lecteurs qui adhérent aux convictions et au combat de ce blogue.
Ils dénoncent les slogans en franglais - voire en anglais tout court - dans les spots (sic) publicitaires et les démarches commerciales. Et de citer "les My winter sale de la dernière période de soldes et autres formules ridicules, aux côtés des enseignes permanentes, et donc plus dangereuses encore, telles Carrefour City ou Dailymonop".
"Incroyable encore, l'attitude de certains responsables français de premier plan : ainsi le commissaire européen Pierre Moscovici qui adresse au ministre Michel sapin, une lettre entièrement en anglais ! Ou encore Valérie Pécresse, Louis Schweitzer, Christine Lagarde, feu Christophe de Margerie, Jean-Claude Trichet et bien d'autres, qui ont souvent choisi de parler anglais devant des auditoires pourtant équipés de traducteurs et d'interprètes". Voir son article du 11 mai 2013 dans Marianne, déjà.
Se voulant positifs, ils prêchent pour :
- la valorisation du multilinguisme (à l'école…) ;
- le soutien à la diversité culturelle (en rendant effectifs les quotas de musiques francophones à la radio (voir mon billet récent à propos de France Inter) ;
- la promotion de toutes les littératures francophones (en introduisant les écrivains non français dans le cadre scolaire : Camus, certes, mais aussi Maalouf, au même titre et au même rang) ;
- une coopération renforcée avec un noyau resserré de pays, autrement dit une nouvelle alliance - y compris économique - de nations œuvrant à la convergence de leurs contenus éducatifs, scientifiques, économiques et culturels ;
- des plates-formes d'échange entre professionnels, un Érasmus et un visa francophone ;
- l'aide substantielle à des systèmes scolaires en péril ;
- la transformation des instituts français en instituts francophones, et idem pour les lycées, dans l'esprit de cogestion de TV5 et ARTE
Il ne manque plus qu'une volonté (politique)...
06:00 Publié dans Actualité et langue française, Données chiffrées sur le français | Lien permanent | Commentaires (0)
18/04/2015
Irritations XII : expressions toutes faites
Rien de plus énervant que les expressions toutes faites que certains emploient aveuglément comme s'ils ne connaissaient pas l'origine de leur construction.
Un exemple, très fréquent : "Et c'est le parti-pris… que j'ai pris". Mais bon sang de bon sang, "un parti-pris", c'est un "parti" que l'on a pris, c'est-à-dire une position que l'on a adoptée, un camp que l'on a rejoint… Donc, il suffit de dire "Et c'est le parti que j'ai pris".
Là où cela devient drôle - mais somme toute plus compréhensible - c'est quand les mêmes insèrent du franglais dans leur discours. Ainsi, j'ai lu dans le Revenu du 3 avril 2015, la phrase suivante : "L'actif concerné (de TOTAL) est situé en onshore (sur terre) et donc potentiellement vulnérable". Ce journaliste a l'air d'ignorer que onshore et offshore signifient littéralement "sur la plage" et "hors rivage" (à savoir "en mer") et qu'il est donc aberrant d'écrire "est situé en onshore" (et d'ajouter "sur terre" entre parenthèses) ! Cet actif (d'ailleurs, pourquoi ne pas l'appeler par son nom ? c'est un champ pétrolier) est donc un champ pétrolifère terrestre, tout simplement...
PS. Vous le savez mais j'insiste à propos du titre de ce billet : "tout" est normalement invariable. Mais ici, il précède un adjectif au féminin. Pour préserver l'euphonie, on fait une entorse à la règle. Et, tant qu'à faire, comme c'est au pluriel, on ajoute un "s".
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