04/04/2016
Hommage à Jim Harrison
C’est en avril 1999 que j’ai découvert l’écrivain américain Jim Harrison à travers son roman « Dalva », suite à la lecture d’un article de l’Événement du jeudi (24 septembre 1998) « Les coups de gueule de Big Jim », à l’occasion de son passage en France.
J’avais noté à l’époque : « Bon roman ; on s’attache à l’histoire de ces Américains non conformistes d’origine indienne. On attend la suite avec impatience ». Les critiques littéraires rattachaient Jim Harrison à l’École du Montana, à l’Amérique profonde, aux grands espaces… Fascinant !
Né dans le Michigan, il aimait les Indiens, les forêts, la chasse et la pêche, les chevaux, la cuisine et, chose sympathique, les vins français. Il tenait Gabriel Garcia-Marquez pour le plus grand écrivain vivant.
Mi-2000, j’ai lu la suite « La route du retour », que j’ai trouvé moins original que « Dalva », un peu « facile », sans beaucoup de rythme. Cependant la fin du roman était poignante.
Cela fait peu comme critique de livre ! Il faut dire qu’il y a quinze ans, je me contentais de tenir à jour l’inventaire de mes lectures mais pas l’exégèse de leur contenu.
Peu après, j’ai commencé la lecture d’un autre auteur américain William Stegner (« Vue cavalière », « La vie obstinée »). J’y ai trouvé de l’humour, du savoir-raconter, des sujets intéressants mais là encore pas de chefs d’œuvre.
Je crois bien que mon incursion dans la littérature américaine s’est achevée avec « La tache » de Philip Roth, bien construit, bien écrit mais trop « américain », trop loin de nous, un roman un peu noir sur la dissimulation et l’injustice.
Cela fait trop peu pour juger la littérature (ne serait-ce que contemporaine) d’un pays grand comme cinquante France… Mais d’un autre côté cela fut suffisant pour que j’en restasse là : les romans américains, c’est comme le cinéma américain et les actrices américaines ; tout est « trop » ; trop de sentiments déballés, trop d’hémoglobine (ou de sauce tomate), trop de voitures trop grosses, trop de sourires et trop de larmes…
Mais je m’éloigne de mon sujet !
Jim Harrison est mort le 26 mars dernier.
07:30 Publié dans Écrivains, Harrison Jim, Littérature, Roman | Lien permanent | Commentaires (0)
02/04/2016
Mauvaises fréquentations (II)
Le 26 mars dernier, dans mon premier billet « Mauvaises fréquentations », j’avais été bien pessimiste…
En fait le mois de mars, qui compte 31 jours il est vrai, s’il a été un peu moins bon que février (-5 %), a néanmoins fait un bon résultat (311 visiteurs) et se situe dans une tendance à l’augmentation depuis août 2015 (exception faite, encore une fois, de février).
Il a même enregistré, dans ses tout derniers jours, deux pics à 21, puis 19 visiteurs !
Seul regret : mes lecteurs d’Amérique du Sud ne se connectent plus…
Et du coup, la corrélation facile à faire avec les titres des billets concernés (« Shâb » et « Brassens, Brel, Barbara… et Bruel ? ») me donne une idée sur la cause de ces pics : l’actualité. Il s’agissait en effet, d’une part de la critique d’un livre récent d’un écrivain très présent dans les médias culturels (Cécile Ladjali) et d’autre part d’un chanteur à la mode qui remet sous les feux de la rampe en ce moment une chanteuse encore très populaire.
De là à ne plus publier que des billets sur Hollande, Sarkozy, Taubira, le djihadisme, la Syrie et l’Euro 2016, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai évidemment pas.
07:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
31/03/2016
Brassens, Brel, Barbara… et Bruel ?
Les trois B, ce n’est pas la nouvelle martingale proclamée par des consultants en entreprise pour résoudre tous les problèmes (songeons aux 5M et autres marottes de la Qualité, du Management et de la Réingénierie des processus) !
Ce sont les initiales des trois auteurs-compositeurs majeurs des Trente Glorieuses (Brassens, Brel, Barbara), ceux qui ont laissé une trace indélébile dans la chanson française, prenant la suite du grand Charles (Trénet) et avançant imperturbablement au milieu des déhanchements et des chansonnettes des Yéyés, et auxquels il faut d’ailleurs ajouter Léo Ferré, pour établir définitivement que, contrairement à ce que professait Serge Gainsbourg, la chanson n’est pas un art mineur.
Composer une musique inoubliable, écrire un texte parfait et faire en sorte que les deux aillent indissolublement ensemble, voilà le défi qu’ils ont réussi à de nombreuses reprises (réécoutez « Amsterdam », « Mathilde », « Ma plus belle histoire d’amour », « Vienne », « Les sabots d’Hélène », « Les copains d’abord », « La mauvaise réputation », « C’est extra », « Avec le temps », « La vie d’artiste » et "Toulouse"…).
Pour devenir un « monument » (comme disent les médias), il faut un autre ingrédient : être repris, être mis au répertoire des plus jeunes.
Et, dans ce domaine, Brassens (dont on étudie les textes à l’école) et Brel (combien de reprises de « Quand on n’a que l’amour » ?) sont imbattables ; Barbara, elle, a une petite faiblesse ; pour tout dire, elle est un peu oubliée (sauf pour « Göttingen » qui a été chantée par les élèves du Primaire, et peut-être L'aigle noir et Ma plus belle histoire d'amour)…
C’est là qu’intervient Patrick Bruel.
Le chanteur adulé par les midinettes donne actuellement un spectacle (« se donne actuellement en spectacle » serait plus juste…) dans lequel, malgré des qualités vocales limitées, il reprend des chansons de Barbara. Devient-il de ce fait le quatrième mousquetaire, le quatrième B ?
Même si cela peut être opportuniste (relancer sa carrière et se positionner comme chanteur central de sa génération, soucieux de faire vivre et de transmettre l’héritage, au-delà de ses propres créations), c’est une initiative très louable ; à la fois pour faire connaître les magnifiques chansons de Barbara et pour assurer une solidarité et une continuité entre les générations d’auteurs-compositeurs (ce que font très bien les Américains, qui reprennent en permanence les morceaux des uns et des autres, le jazz s’étant même fait une spécialité de transcender les « tubes » de Broadway). Et il est clair que son public habituel découvre totalement Barbara en ce moment à Mogador.
Une fois qu’on a dit ça (comme disent les médias), on ne peut que constater qu’interpréter Barbara n’est pas une mince affaire, parce qu’elle avait une voix exceptionnelle, un phrasé exceptionnel et pour tout dire, une personnalité exceptionnelle ; faire revivre le « monde » qu’elle avait créé, est difficile.
Et on ne peut pas dire que Patrick Bruel y réussisse ; plusieurs débuts de chanson sont si laborieux vocalement qu’on a du mal à les reconnaître, pénalisés qu’ils sont en outre par une orchestration contestable (certains accords sont dénaturés, la batterie synthétique jouée sans nuance par le pianiste est du plus mauvais effet, etc.). Finalement, on est soulagé quand de ci, de là, Bruel reprend l’une de ses propres chansons ; adaptées à sa tessiture et à sa personnalité, elles passent bien (et évidemment il laisse chanter le public…).
Et que dire de sa mégalomanie galopante ? Il présente Barbara à sa mère ; il assiste à une quinzaine de concerts de suite de Barbara à Pantin, cette dernière chantant « Pantin » tout juste terminée, quasiment pour lui ; il chante en famille chaque semaine depuis l’âge de huit ans ; il est ami intime avec le constitutionnaliste Guy Carcassonne… Il ne manquait que le poker !
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Barbara est à l’honneur également en ce moment dans un spectacle de Roland Romanelli (son ancien accordéoniste), « Barbara et l’homme en habit rouge ». C’est peut-être ça qu’il faut aller voir en priorité…
PS. Élément très intéressant, Barbara avait enregistré en 1960 deux disques : "Barbara chante Brassens" et "Barbara chante Brel" ; Les grands esprits… !
Version 2 du 3 avril 2016
07:30 Publié dans Barbara, Bruel Patrick, Chanson, Francophonie, Musique | Lien permanent | Commentaires (0)