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13/01/2015

L'harmonie du style selon G. Grente (II)

Bon, bien écrire, avec un style harmonieux, c’est donc très simple…

Pour conclure son chapitre, l’archevêque cite quelques extraits fameux, qu’il nous invite à admirer et à essayer d’imiter (aïe ! deux infinitifs qui se suivent…), avec précaution cependant.

Je fais de même car cela revigore.

 

La plus noble pensée

Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée.

Boileau, Art poétique, I, 112

 

Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle :

Madame se meurt, Madame est morte !

Bossuet, Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre

 

Je sais sur la colline

Une blanche maison,

Un rocher la domine,

Un buisson d’aubépine

Est tout son horizon.

Lamartine

 

Légers vaisseaux de l’Ausonie,

Fendez la mer calme et brillante ;

Esclaves de Neptune, abandonnez la voile

au souffle amoureux des vents…

Quand retrouverai-je mon lit d’ivoire,

La lumière du jour, si chère aux mortels,

Les prairies émaillées de fleurs,

Qu’une eau pure arrose.

Chateaubriand, Les Martyrs

 

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Racine, Andromaque, V, v

 

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,

Et de tous les côtés au soleil exposé,

Six forts chevaux tiraient un coche.

Femmes, moine, vieillard, tout était descendu.

L’attelage suait, soufflait, était rendu.

La Fontaine, Fables, VII, Le coche et la mouche

 

Attention néanmoins aux dangers de l’harmonie pour l’harmonie !

La clarté, le naturel, la concision ont le pas sur elle et ne lui seront jamais sacrifiés.

Une mélodie perpétuelle n’ennuierait pas moins qu’une éloquence continue.

La variété demande qu’on brise parfois la cadence.

12/01/2015

Le français de tous les pays (II)...

Tout au long de ces journées d'horreur, puis de rassemblement, de recueillement et d'appels à la liberté d'expression, on a entendu parler beaucoup de gens de toutes origines.

Deux "groupes" ont attiré mon attention.

D'abord celui des personnalités étrangères, amies de la France, qui ont tenu à s'exprimer en français. Et quel français ! Je ne reviens pas sur le discours de l'américain John Kerry, qui a sans doute été écrit par ses conseillers. Mais l'intervention en direct de Matéo Renzi, Président du conseil italien, et encore plus celle du Premier Ministre grec, se sont distinguées par leur très grande qualité. Oui, on peut être bilingue ; oui, le français est encore appris, et à quel niveau, ici et là, et pratiqué !

Ensuite les journalistes et les anonymes.

Les premiers ont tenu l'antenne pendant des heures et des heures, et c'est déjà une performance. Force est de constater que ma récolte de mots impropres et de formules incorrectes est très maigre… J'ai noté une "procédure de lock down" évoquée à propos de la fermeture des établissements scolaires, qui fait un peu penser, en moins bien, à "Cazeneuve tire la chevillette et la bobinette cherra" ; et, Pascale Clarck, insupportable quand elle prononce avec emphase, à l'anglaise, le nom de son émission "aliiiiive", avoue que tout cela est "confusant" et évoque "le jour d'après". Mais, au total, peu de choses en vérité.

Idem pour les hommes et les femmes de la rue, interrogés par les journalistes tout au long de la grande marche de dimanche : je n'ai rien entendu de plus - je ne parle pas du fond, bien entendu - que les tics verbaux habituels : "sur Paris" au lieu de "à Paris", les questions posées sans la forme interrogative, "amener" au lieu de "apporter", "pour pas que ça se reproduise" et même "pour plus que ça se reproduise", "ils" utilisé alors que l'on parle de sujets féminins… Même l'émotion n'a pas abîmé la langue, du moins celle de ceux qui étaient là.

Encore un succès collectif !

11/01/2015

La Parque t'as tuée, et cendre tu reposes

Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose

En sa belle jeunesse, en sa première fleur,

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,

Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose,

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,

Embaumant les jardins et les arbres d’odeur.

Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,

Languissante elle meurt feuille à feuille déclose. 


Ainsi en ta première et jeune nouveauté,

Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,

La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
 


Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,

Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,

Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.