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25/01/2015

Dis pas ci, dis pas ça (XIX)

« Cette fille est la plus belle de toutes »…

Vous voyez de qui je veux parler.

« Cette fille est la moins envieuse » (sous-entendu : des  filles de son âge, par exemple).

C’est la même, vous voyez qui…

Mais les choses se compliquent quand on ne compare plus cette fille-là (ou une autre !) qu’avec elle-même ! C’est donc un superlatif relatif que l’on va employer (à l’aide de « le plus », « le moins »). Allons-y.

Doit-on dire : « C’est quand elle est maquillée que cette fille est la plus belle » ou bien « C’est quand elle est maquillée que cette fille est le plus belle » ?.

Eh bien, c’est la seconde phrase qui est correcte ; on peut la remplacer (pas la fille, qui est irremplaçable… mais la phrase) par « C’est quand elle est maquillée que cette fille est belle au plus haut degré ».

Résumons la règle : lorsqu’il y a comparaison entre les différents états d’une même chose (la fille dont je parle ne va pas apprécier…), l’article reste invariable.

 

Poivre d'Arvor.jpgSans transition, comme dirait Poivre, voyons l’accord des verbes avec les pourcentages. Dans l’ensemble N des entiers naturels, O et 1 jouent des rôles bien particuliers (éléments neutres de l’addition et de la multiplication, entre autres). Je n’avais pas retenu que le 2 avait aussi sa particularité. Eh bien si ! Quand un « pour cent » n’a pas de complément, on met le verbe au singulier s’il est inférieur à 2 et au pluriel sinon. On dira donc « 1,9 % a voté contre la motion », « 97,1 % ont voté pour la motion » et « 1 % s’est abstenu ». J’avoue que je découvre ; j’en suis encore tout ébaubi.

Pour terminer ce billet, je dédie ce paragraphe à mes anciens collègues, grands adorateurs des processus. L’anglais « process » a été emprunté du français « processus » aux environs de l’an 1300 ! Pourquoi donc certains trouvent-ils malin aujourd’hui de parler de « process » à tout bout de champ ? « Procéder » et « procédé » sont de la même famille.

24/01/2015

Dis pas ci, dis pas ça (XVIII)

De Gennes.jpg

 

L’Espace des sciences Pierre-Gilles De Gennes, dans le Vème arrondissement de Paris présente des expos sur des phénomènes physiques surprenants et, chaque lundi soir, des exposés. Hier, j’y ai vu, en légende d’une expérience sur le compactage de billes : « Ces chaînes de force dévient le poids… » et j’ai lu, en fait, « Ces chaînes devient le poids… » ; la phrase n’avait plus de sens, même en supposant qu’il y avait une faute sur « devient » qui aurait dû être « deviennent »… Et tout cela pour un misérable petit accent sur le « e ». É. Orsenna a écrit, je crois, sur les accents.

 

 

Quand j’habitais en Picardie, on entendait souvent « Tant pire ! » à la place de « Tant pis ! » ; je croyais que c’était une déformation régionale. Que nenni ! L’Académie signale la confusion fréquente entre « pis » (comparatif de « mal ») et « pire » (comparatif de « mauvais »). Et « pire » est un adjectif.

Petite question : « mieux » et « meilleur » sont les comparatifs de quels adjectifs ? (Si vous ne savez plus, pas la peine de chercher sur internet…).

 

Un des (seuls) grands débats linguistiques de mon enfance que je me rappelle, concernait « battre son plein ». Un soir, mon père est rentré à la maison en nous demandant : doit-on dire « les fêtes battent leur plein » ou « les fêtes battent son plein » ? On a séché…

L’Académie nous dit qu’aujourd’hui, tout le monde est d’accord avec Littré, à savoir :

§  « son » est un adjectif possessif ;

§  et « plein » un substantif, qui, dans la langue des marins, signifie « la pleine mer ».

Il faut donc dire « les fêtes battent leur plein ».

23/01/2015

Dis pas ci, dis pas ça (XVII)

J’hésite à vous reparler de « pallier ». Le livre de l’Académie ne dénonce que son emploi incorrect sous forme intransitive : « Pallier aux défaillances » au lieu de « Pallier les défaillances ». Cette erreur, fréquente, est étonnante parce que la tendance, sous l’influence de l’anglais, est à la simplification, au gommage des aspérités du français ; or transformer un verbe transitif en un verbe intransitif est plutôt se compliquer la vie… Cela vient sûrement d’une confusion avec d’autres verbes comme « remédier (à) ». Or « pallier » vient du latin « palliare » qui signifiait « couvrir d’un pallium (un manteau) », c’est-à-dire dissimuler.

Mais il ne mentionne pas la faute d’orthographe, bien plus fréquente, qui fait écrire le verbe « pallier », comme le « palier » d’un immeuble… Agaçant.

Au lycée, on nous interdisait d’écrire « par contre ». L’Académie indique que cette interdiction vient de Littré, qui lui-même s’était rangé à l’avis de Voltaire… Mais de nombreux excellents écrivains ont utilisé « par contre ». Et André Gide faisait remarquer que si une femme disait « Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche, j’y ai perdu mes deux fils », cela choquerait… Et tout cela pour éviter d’utiliser « par contre »… La règle est donc d’employer un autre adverbe (« en revanche ») chaque fois que c’est possible et que cela ne conduit pas à une ambiguïté.

Plus subtil : le nom « Personnel » est un pluriel ! Car c’est un nom collectif qui désigne un ensemble d’individus. Il est donc fautif de dire « L’ensemble des personnels de la tour W. » ; c’est tout simplement « L’ensemble du personnel », voire « Le personnel de la tour W. ». Évidemment, s’il y a deux ou plusieurs catégories distinctes d’individus, on écrira « Les personnels civil et militaire des armées ».

Il y a encore quelques mots à revoir à la lettre P mais comme ce sont, selon moi, des pépites, je les garde pour un prochain billet (ce qui ne veut pas forcément dire, le suivant !).