22/09/2015
Petites nouvelles du front
J'ai découvert dans le Journal des activités sociales de l'énergie (septembre 2015) que, dans un département français d'outremer (la Guyane), certains Français pouvaient parler quatre langues. Et quelles langues ! Le français bien sûr, le créole de là-bas, et aussi le taki-taki (parlé en territoire bushinengué) et le sranan tongo (langue du Surinam voisin). Il y a six langues amérindiennes parlées en Guyane, et Guy Beausoleil pourrait bien en apprendre une, le wayana, ce serait sa cinquième...
Quand je songe qu'ici on ne parle que de l'abandon du latin et du grec, éventuellement de la reconnaissance administrative de langues régionales et surtout que l'on sue sang et eau pour aligner trois mots d'anglais… C'est un autre monde, le Nouveau Monde !
J'ai trouvé dans ma boîte aux lettres un papillon de couleur jaune (que les inconscients appellent flyer) d'un Bureau Information Jeunesse qui est intitulé Job dating… Voici donc la langue parlée par ces gens qui s'occupent des jeunes et les aident à trouver un boulot ! Sûr que ça ne va pas encourager ces mêmes jeunes à s'exprimer en bon français ; pourtant les "rendez-vous de l'emploi" ou les "rencards pour bosser", ça aurait une bonne gueule, non ?
Un petit encart dans le Valeurs actuelles du 17 septembre 2015 nous parle de deux études américaines parues dans les revues Psychological Science et Pediatrics et qui démontrent que faire la lecture quotidienne à son enfant, même très jeune, constitue un formidable outil de développement de son cerveau. Les enfants en question feront plus facilement la transition avec l'écrit et disposeront de davantage de vocabulaire. Le cerveau d'un tel enfant est plus "actif" que celui d'un enfant qu'on laisse seul face à une tablette numérique. Ça me fait penser à ma petite-nièce qui a passé la semaine dernière tout un repas au restaurant et une partie de l'après-midi devant sa tablette. Avantage : on ne l'a pas entendue… Les rejetons des dirigeants d'Apple et de Google eux n'ont pas droit aux bienfaits des nouveaux outils numériques ; allez savoir pourquoi...
Vu un encart publicitaire pour la revue IDEAT, sous-titrée "CONTEMPORARY LIFE" et modestement qualifiée de "plus beau magazine de déco français". Français ? Jugez-en : design, trips, saudade type, lifestyle, ce sont les chapitres accrocheurs de cette publication qui se veut branchée… Pauvres bobos !
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
21/09/2015
Découvrons Guillaume Musso
Dans le billet "Que valent les best sellers ?", il était question de Guillaume Musso, écrivain français que je n'ai pas lu mais qui vend des millions de livres à travers le monde (en 2013, à 38 ans, il en avait vendu seize millions et avait été traduit en 36 langues).
J'ai retrouvé récemment une revue d'entreprise qui l'avait interviewé en juin 2013 et cet article me l'a rendu sympathique.
Né à Antibes en 1974, ancien professeur de sciences économiques et sociales en Lorraine, enseignant à Valbonne pendant cinq ans, il explique ainsi, en toute modestie, son processus de création littéraire : "Il y a un premier niveau de lecture purement divertissant. On tourne les pages en entrant dans l'histoire comme dans un bon film. puis un deuxième niveau, où je parle de sujets qui me touchent au moment de l'écriture"… "J'ai toujours été fasciné par la douleur que les hommes étaient capables de s'infliger en étant constamment tourmentés par les regrets d'hier ou en imaginant ce que pourrait être demain. Trop souvent, on attend de se retrouver le dos au mur pour comprendre que seul le moment présent compte"… "J'accepte les choses sur lesquelles je n'ai pas de prise. Et je me bats pour celles que je peux faire évoluer".
Ses infuences : le cinéma américain, Alfred Hitchcock, Stephen King, Richard Matheson, René Barjavel, Jean-Christophe Grangé, la série "La quatrième dimension"...
"Depuis L'appel de l'ange, j'écris des romans à suspense psychologique, où un personnage ordinaire est embarqué dans la spirale de l'aventure. Mes trois derniers livres m'ont apporté de nouveaux lecteurs (NDLR : j'aurais dit "m'ont amené…"), plutôt masculins d'ailleurs, qui ne s'autorisaient pas à me lire avant, pensant que je n'écrivais que des romances, voire des bluettes ou des histoires fantastiques".
Le journaliste de la revue lui dit : "Votre écriture est très visuelle, les chapitres sont courts, l'action avance vite".
"J'aime travailler tous les jours, de 9h à 19h30, dans un lieu différent de mon appartement… J'écris dix mois de l'année sur douze. Un cycle scolaire est découpé et organisé…".
"Le seul contrat implicite que je me fixe est d'essayer d'écrire chaque fois des histoires qui vont offrir à mes lecteurs quelques heures d'évasion et de dépaysement".
Au total, un type sûr de lui, avec des idées simples et saines, imprégné du mythe américain et donc en phase avec l'époque, plutôt "écrivain professionnel" que "écrivain maudit", qui s'estime heureux et poursuit son petit bonhomme de chemin (un roman par an), sans rien demander à personne ni se prendre pour Balzac, plutôt sympathique en somme...
Ses romans les plus connus : "Skidamarink" (le premier en 2001), "Et après…" (2004), "L'appel de l'ange", "Demain" (2013) et le dernier "L'instant présent" (2015).
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Écrivains, Littérature, Musso Guillaume | Lien permanent | Commentaires (1)
20/09/2015
Comment prononcer Crédit agricole ?
Je vous avais parlé, le 18 septembre 2015, de l'interrogation de Damien Jullemier à propos de la prononciation d'une expression comme "Crédit agricole" (qui est une marque en l'occurrence).
Il est vrai que la prononciation du français est une calamité : songeons à "fils (à papa)" et "fils d'Écosse" ou à "Il est excellent" et "Ils excellent"...
Je reproduis ci-dessous les règles que Damien Jullemier a trouvées dans le "Traité de prononciation française" de Pierre Fouché.
On ne fait pas la liaison entre un substantif singulier et un adjectif :
• un enfant | intelligent
• un teint | olivâtre
• un vent | impétueux
• un bruit | affreux
• un goût | exécrable
• un coup | imprévu
• un nez | aquilin
• un rang | excellent
• l'univers | entier
• un remords | accablant
• un mets | agréable
Mais on fait cependant la liaison dans les locutions toutes faites :
• accentaigu
• droitacquis (ah bon ?)
• un tempsaffreux (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)
Même si l'on prononce fait, joug sans faire sentir la consonne finale, on fait la liaison dans :
• faitaccompli
• faitacquis
• faitauthentique
• faitindiscutable
• un faitexprès
• jouginsupportable (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)
• jougodieux (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)
• le caséchéant
Tout dépend donc de la manière dont on considère l'expression « Crédit agricole ». Si on lui applique la règle générale, on ne fait pas la liaison : Crédit | agricole. Mais si on la considère comme une locution toute faite (et ce peut être en particulier le cas des employés du Crédit agricole envers leur propre société), alors on fait la liaison : Créditagricole.
07:30 Publié dans Règles du français et de l'écriture | Lien permanent | Commentaires (0)