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15/11/2014

États Dame (I)

Il y en a qui trouvent que ce blogue a fait le tour du thème « franglais » et que rabâcher serait inutile et lassant. Une ouverture, à la fois des thèmes et vers des communautés de la Toile aux centres d’intérêt proches, serait souhaitable, transformant le monologue du blogue en une sorte de forum. D’autres pensent que la présentation des billets est austère et que des photos égailleraient le propos…

Bon, tout cela est à considérer par l’animateur que je suis (remarquez cette tournure, dont nos Politiciens sont friands…). Et c’est donc l’occasion pour moi de préciser l’origine et l’objectif de ce blogue.

À l’origine était le Verbe… et pour moi, il y a eu deux faits générateurs, tous deux dans le milieu professionnel ; d’abord, au début des années 80, la prise de conscience de la transformation de notre langue en franglais (j’ai déjà raconté cela dans un billet précédent). Et cela bien que nous fussions passionnés à l’époque de musique et de chanteurs anglo-saxons (Les Beatles, Bob Dylan, Leonard Cohen, Simon and Garfunkel, Pink Floyd). Ce sont deux choses différentes, de même que, quand on est bilingue, le fait de parler chacune des deux langues avec sa richesse propre, sans opérer de transferts intempestifs entre les deux. À partir de cette époque, j’ai commencé à amasser une volumineuse documentation, faite de coupures de presse et d’extraits de textes ou de conversation, glanés ici et là.

Ensuite, vingt ans plus tard, avec le constat que les ingénieurs et techniciens produisaient très souvent des notes d’une piètre qualité linguistique, bourrées de sigles, de phrases alambiquées, voire incompréhensibles et de termes franglais (B. Meyer ne disait pas autre chose ; voir la série de billets que je lui ai consacrés). De là, des dizaines de projets de rapports techniques corrigés au feutre rouge par mes soins et aussi un stage de formation à une meilleure expression écrite, que j’ai co-animé avec une consultante. De cette époque date un « cours » formalisé, avec des conseils de rédaction, tant des notes techniques que des visuels ou des courriels. Il est prêt à re-servir.

Le test d’un outil de réseau social professionnel dans mon entreprise m’a donné l’occasion de publier mes premiers billets, dont certains ont été repris dans ce blogue. J’avais choisi un ton mi-ironique mi-doctoral, que j’ai gardé.

09/10/2014

Vous reprendrez bien un peu de Paul Reboux (III) : la narration

Le duo infernal hommes politiques – conseillers en communication, toujours à la recherche d’améliorations sur la forme du discours, à défaut du fond, a importé lors de l’élection présidentielle de 2007, une approche américaine (évidemment…) nommée story-telling, sans s’apercevoir que cela pouvait être interprété (avec un peu de malice) comme « raconter des histoires », avec tout ce que cela dit de la manipulation, volontaire ou non. Il s’agit donc pour eux de nous raconter des histoires, plutôt que d’avoir un programme et de s’y tenir s’il rencontre une majorité.

Mais nous aussi, nous pouvons avoir à en raconter : histoires drôles de fin de repas, histoires inventées pour nos enfants le soir, anecdotes racontées dans le train ou le métro, nouvelles ou romans à compte d’auteur pour les plus littéraires d’entre nous….

Comment donc conter, c’est-à-dire raconter des histoires ?

Voici donc ce qu’en dit l’inénarrable (!) Paul Reboux. 

1.   Dès le début, ménager l’effet de surprise du dénouement ;

2.   Ne pas enchevêtrer deux ou trois épisodes ;

3.   Ne pas omettre les détails préparatoires indispensables (NDLR : si on les mentionne au cours de la narration, cela embrouille tout) ;

4.   Ne pas conter les anecdotes dans les milieux où elles sont déplacées (et il ajoute, pince-sans-rire : ces gaffes-là ne sont supportables qu’au fort de l’été, à cause du froid soudain qu’elles provoquent…) ;

5.   Veillez à ce que les histoires soient brèves (voici son exemple : « Jean S. frotte une allumette pour voir s’il y a de l’essence dans le réservoir de son auto. Il y en avait. Jean S. était âgé de vingt-trois ans ») ;

6.   Conservez à toute histoire un caractère humain (sentiment vrai, réaction plausible, etc.) ;

7.   Étudiez la présentation. Évitez les développements excessifs. Mais la concision ne doit pas transformer l’anecdote en squelette…

03/10/2014

Vous reprendrez bien un peu de Paul Reboux (I)

Vous vous souvenez de Paul Reboux :

Paul Reboux photo.jpg

de son vrai nom André Amillet (1877-1963), il a été célèbre pour son recueil de pastiches "À la manière de…", dont il a tiré une méthode. Mais il a été aussi critique (littéraire, gastronomique), romancier, et il a écrit des livres d'histoire naturelle, des biographies, des récits de voyage, des livres pour enfants...

(d’après Wikipedia)

 Dans son « Savoir causer », voici ce qu’il écrit des « mots périlleux » :

 « Quand on croit être capable de parler correctement le français, encore faut-il savoir, par exemple, ceci…

Dentition désigne la période où les dents poussent et que denture signifie l’ensemble de ces dents, une fois qu’elles ont atteint leur dimension normale.

Tendresse s’emploie pour les choses du cœur et tendreté pour celles de la table.

Les pédants vous diront que le mot antan signifie « de l’an dernier » et que l’on commet une faute en employant ce terme dans le sens de « autrefois ». Ce sont eux qui se trompent… Antan signifie, non pas « de l’année d’avant », mais bien « d’avant l’année actuelle ». L’Académie et Littré commettent une erreur (sic !) en restreignant le sens de cette expression. La structure du mot s’oppose aux explications données par les lexicographes (sic !). La linguistique comparée remet les choses au point (sic !). Et Villon avait raison quand, évoquant des héroïnes, il les jugeait oubliées, comme les neiges, non de l’hiver précédent, mais des hivers antérieurs.

Prenez garde au mot « vous »… Quand (il) n’est que complément indirect, quand il signifie « à vous » ou « avec vous », il a une fâcheuse tendance à perdre son « à »… C’est ainsi que les speakers de radio disent : "Monsieur Samson François va vous interpréter deux valses de Chopin", alors que ce sont des valses de Chopin qui sont interprétées, non ce « vous » !

On devrait dire « … va interpréter pour vous ».

Parler ainsi, en un tel cas, c’est gagner du temps, certes. Mais toutes les abréviations ne sont pas bonnes. On ne raccourcit pas sans risque.

La guillotine en fait la preuve. »