Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/12/2014

Écrire et relire

On n'en finirait pas de s'agacer...

Je sais bien que je peux lasser mes lecteurs à la fois avertis du problème et indemnes du défaut ; mais tant pis, je râle encore une fois.

On lit de plus en plus de textes truffés de fautes d'orthographe et de grammaire, ou plutôt - ne soyons pas méprisants - de coquilles. Quand il s'agit de journalistes, d'écrivains, de personnes diplômées, en effet, on n'imagine pas qu'ils aient oublié les règles, encore moins qu'ils ne les aient jamais apprises. Non, ce sont des coquilles (à propos, savez-vous que ce terme est fort ancien ? et pour trouver son origine, enlevez donc une consonne au milieu…).

Et les coquilles arrivent à tout le monde, simplement les gens ne relisent plus leur texte. Vite, aller toujours plus vite !

 

Premier exemple: le bouquin "Jours de collège" de Louise Cuneo et Sophie Delcourt (Bartillat, 2014). C'est le journal, reformulé par une journaliste, d'une prof. d'histoire débutante, Normalienne de formation, lors de sa première année dans un collège de banlieue parisienne en ZEP. Bien que toutes les difficultés racontées soient connues et aient fait l'objet de pas mal de livres déjà, c'est intéressant et déprimant ; quelle jeunesse ! et quelle misère sociale ! l'un expliquant sans doute l'autre.

Mais côté français, aïe, aïe, aïe : une coquille toutes les cinq pages, au moins ; articles ou conjonctions oubliés, "s" oubliés, phrases bancales...

Où est le temps où c'étaient des Normaliens, justement, qui corrigeaient la prose de leurs contemporains chez les éditeurs avant publication ?

Second exemple, pour ne pas être trop long : un éditorial en forme de réponse à un lecteur dans le journal d'un Comité d'entreprise envoyé aux salariés et retraités, appelés "bénéficiaires".

Rien de sert de paraphraser ni de geindre, je vous livre les phrases telles quelles.

"il m'arrive quelques fois d'y répondre" ; "tout juste un légitime devoir de réponse" ; "vous informant sur les activités" ; "en faveurs des bénéficiaires" ; "existe dans le sommaire quelques informations" ; "la décision d'être en capacité de communiquer" ; "mon incapacité grandi au fur et à mesure" ; "j'ai bonne mémoire contrairement à vos propos" ; "mon aptitude mémorielle personnelle" ; "quand à la sempiternelle lutte des classes" ; "en imposant un concept de désuétude de cette réalité" ; "voilà ce qui a desservie la conscience de classe" ; "de surcroit" ; "sachez que jamais je ne cesserais d'exhorter les valeurs qui sont miennes" ; "je suis perfectible comme tout à chacun" ; "par causalité, voilà pourquoi je fais référence…" ; "j'affectionne leurs citations" ; "qui a en charge de gérer vos activités" ; "des défauts que vous me permettrez de tenir secret" ; "je travaille à leurs extinction" ; "vous faites part, je vous cite…" ; "Et Alors ?" ; "les salariés n'on pas droit à offrir... ?" ; "est-il honteux de vendre Français ?" ; "votre emportement à vouloir virer…" ; "qui rêve lui a n'en pas douter" ; "m'insulter qu'en à la valeur de mon engagement" ; "mon parcours aux seins des entreprises" ; "les mandats tenus atteste" ; "je vous feras grâce des actions menées" ; "j'en arrêterais là de ma réponse" ; "tout à chacun puisse juger" ; "ce type d'échange ne fais en rien évoluer la problématique" ; "oublier toutes formes de politesses" ; "un Collègue, moi-même, qui a fait le choix" ; "je conclurais par ces propos"...

Certains ont dit qu'à 5-0, la Deutsche Mannschaft aurait dû lever le pied en demi-finale et éviter à la Selecaõ l'humiliation. De même, à un tel niveau d'accumulation de fautes (de coquilles) ce serait peut-être de la charité chrétienne de passer outre et de parler d'autre chose...

On a dit aussi que certains responsables syndicaux faisaient "exprès" de mal parler pour faire peuple. À l'opposé, on pourrait penser que notre éditorialiste a essayé de "faire intellectuel" et s'est mélangé les pinceaux...

Mais gardons l'idée que c'est de la précipitation, de la distraction, que ce sont des coquilles.

Quelle est donc la morale de cette histoire ?

D'abord qu'il faut relire après avoir écrit ; c'est une question de respect des futurs lecteurs ; cela permet aussi parfois de s'apercevoir que certaines idées ont été mal présentées et qu'il faut récrire certains passages.

Ensuite que la probabilité de laisser des coquilles augmente avec la longueur des phrases et la longueur du texte ; donc, être concis et faire des phrases courtes.

Pour moi, la sanction va être immédiate : comme j'étais en retard pour ce billet, je n'ai guère relu… à vos commentaires !

 

Les commentaires sont fermés.