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27/08/2015

Ballade irlandaise, c'est un peu l'Italie

"Le soleil brille haut dans le ciel. Cette autre jeune femme, assise devant un demi, qui plonge dans le vague ses regards émeraude, ressemble à une princesse irlandaise. Son visage de porcelaine, qu'écarquillent les taches de rousseur, boit la lumière à longs traits. On voudrait la rejoindre pour un été pur malt, des nuits frangées de houblon, tandis que le vent souffle sur la mer Celtique, rebrousse la lande tramée d'ajoncs et de bruyères, peine à desceller les murets de pierre sèche. Sous le ciel gris intense, elle pédale éperdue, fée de l'île verte parmi l'or de genêts. Elle se prénomme Abbie, ou peut-être Caytlin, a grandi à Kinslane dans le comté de Cork. Ses cheveux défaits dessinent une étoile rousse sur l'oreiller. sa voix rauque fait tanguer les syllabes ; son accent m'emporte au bout des terres.

 

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Au bout de la rue se lève une tornade brune. Je la baptise Laura. Laura dégage un parfum d'Italie que proclament son nez aquilin, son teint mat et ses yeux de flamme ; arbore un sourire en coin, trempé de mélancolie. Elle porte au fond des yeux cette violence qui sourd des cités italiennes, m'évoque les façades superbes et lépreuses du Trastevere à Rome. Les villes du Sud détiennent un secret : le soleil est une tragédie. Laura file à toutes jambes vers le cinquième acte. Je sais que ça va mal finir. Bords du Tibre, ballet de vespas sur un air de Verdi et la lame nue d'un couteau qui saigne les cyprès. Requiem pour un amour de vacances. Je regarde son profil aigu, sa splendeur implacable avant de détourner la tête. Addio Laura" (page 14).

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Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.

 

 

 

26/08/2015

Vacances (III)

"Accepter les caprices du temps ; accepter l'imprévu ; le silence et les temps morts. Savoir s'ennuyer.

Ces petits renoncements trament l'étoffe des vacances. Je me souviens d'un été au Touquet. Il plut beaucoup. Dans les allées d'une supérette, une vacancière excédée se plaignait du temps au téléphone, animée d'une colère qui frisait l'hystérie. Ses propos étaient d'une violence sidérante. Elle en voulait au temps.

 

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Pourtant ces ciels tourmentés, ces lumières brusques qui dévalaient les dunes et ces trouées bleues, soudain, quand le vent ouvrait une brèche dans le bastion des nuages ; ces soleils trempés d'averses, ces oyats couchés sous le vent... L'énumération pourrait continuer longtemps.

Rien ne sert de partir quand on ne sait plus voir" (page 16).

Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.

25/08/2015

Vacances (II)

"Aussi loin que je me souvienne, il y a le ciel et les tilleuls. Ceux-ci avaient été, me disait-on, plantés sous Henri IV par le ministre Sully. Énormes et rassurants, ils ombrageaient la place de l'église, abritaient mes jeux de petit citadin en vacances...

Sous les tilleuls se tenaient chaque été la fête et la foire du village. Une fois, il y eut une couleuvre qui fut tuée à coups de pioche. Une autre, c'était une vache échappée du troupeau qui vint se frotter contre l'écorce des arbres. Et puis brusquement, aux alentours du 15 août, ça arrivait.

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Les graines des tilleuls tournoyaient comme des hélices, descendaient en spirale ; au bout de quelques jours elles jonchaient la place. Quand tombait la première, lente, silencieuse, c'était pourtant comme une déflagration et je savais, le cœur serré, que les vacances filaient vers leur fin, que nous avions commencé de descendre la pente douce de l'été" (page 27).

Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.