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05/08/2015

La lecture, c'est l'aventure (IV) : lire et écrire

Mais écrire, c'est aussi l'aventure.

Voici le témoignage de Jean-Philippe B., extrait du Journal des activités sociales de l'énergie (juillet-août 2015) :

"J'écris des nouvelles. L'atelier d'écriture m'a permis de me vider la tête, de revoir aussi mon français, de mettre les mots au bon endroit, au bon moment.

J'avais dans la tête des histoires d'enfance et je ne savais pas comment les partager. Les mettre sur papier m'a permis de libérer de l'espace dans ma tête, même si ça peut paraître un peu bizarre. J'ai par exemple écrit sur un moment fabuleux que j'ai vécu avec mon grand-père. Il était forain, on est parti ensemble pendant deux mois, j'ai vécu une liberté presque totale, alors que j'avais à peine dix ans. J'étais aussi avec mes cousins qui m'emmenaient dans des aventures extraordinaires. Ça a été un moment très agréable de revivre tout ça.

Le problème des paroles, c'est qu'elles s'envolent, il n'en reste rien après. Écrire m'a apporté une certaine tranquillité.

Et plus d'ouverture : je lis les livres différemment, j'ai plus de sensibilité sur le travail d'écriture des autres. Et j'ai beaucoup plus d'imagination. C'est un vrai plaisir, ça m'amuse et ça me plaît".

N'est-ce pas une merveilleuse revanche sur le temps qui fout le camp, sur l'individualisme et le mercantilisme exacerbés, sur la mondialisation uniformisatrice, sur la technologie aveugle et accaparante ?

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On prend un stylo, une feuille et on vide sa tête (et son cœur), c'est tout simple.

 

04/08/2015

La lecture, c'est l'aventure (III) : ateliers d'écriture

Auteur de plusieurs ouvrages de littérature et de poésie, Véronique Pittolo anime des ateliers d'écriture dans le cadre des PARLE (Pratiques amateurs au rendez-vous de la lecture et de l'écriture) dont j'ai déjà parlé.

Véronique Pittolo.jpg

"Animer un atelier ne signifie pas embrigader dans un dispositif scolaire. Pour apprivoiser les personnes, je leur propose de travailler par exemple sur une passion : on peut écrire un poème sur le foot, sur la cuisine, etc.

On n'est pas obligé d'avoir fait des études supérieures ou de lettres pour écrire un poème. Il suffit de savoir faire une phrase : sujet, verbe, complément".

"Bernard Stiegler explique que nos sociétés formatées nous empêchent d'exprimer suffisamment de bon narcissisme (NDLR : c'est AL qui va être d'accord). Savoir que l'on peut avoir un élan créatif redonne un peu de ce bon narcissisme, dénué d'égocentrisme.

La démarche est valorisante : un amateur produit une œuvre, qui va être mise au propre, dactylographiée, voire imprimée. Il y met tout son cœur sans essayer toutefois d'être le meilleur. certains amateurs écrivent des choses géniales, sans le savoir. On peut être très créatif en étant amateur. le collectif de l'atelier est un espace de liberté, d'émancipation de la pensée. Chaque atelier est différent, on ne sait jamais ce qu'il va s'y passer… c'est une aventure".

Et quand on lui demande quel livre a eu le plus d'impact sur elle, Véronique P. répond, la chère enfant : "À la recherche du temps perdu (de Marcel Proust). Je l'ai lu trois ou quatre fois. C'est l'expérience de l'intériorité, si forte et si bien transcrite qu'elle vous accompagne et vous prend par la main".

Source : Le journal des activités sociales de l'énergie, juillet-août 2015

Alors, c'est décidé, on va dans des ateliers d'écriture, cet été ou la rentrée ?

 

 

19/12/2014

Écrivains contemporains et langue française : Éric Orsenna, addendum (X)

Je ne veux pas quitter Éric Orsenna sans mentionner un autre point, lié à l’omniprésence et à la précipitation : les vedettes médiatiques font vendre et sont pour cela courtisées, entre autres par les éditeurs pour des préfaces, des commentaires ou des postfaces. Il y a certainement la tentation pour ces vedettes d’accepter et de s’acquitter le plus vite possible de la tâche, avec le risque qu’elle soit bâclée.

J’en veux pour preuve le magnifique ouvrage sur Kerdalo, le jardin continu (Éd. Eugen Ulmer, 2007), qu’ont signé Eric Orsenna (en gros caractères) et Isabelle et Timothy Vaughan (en plus petits), ainsi que Yann Monel.

Kerdalo.jpgBon, rétablissons les contributions de chacun : les Vaughan ont repris et développé le jardin breton des Côtes d’Armor conçu par Peter Wolkonsky, le père d’Isabelle. Y. Monel a réalisé les photographies, une merveille. Quant à notre homme du Quai Conti, il a écrit un texte de présentation et les commentaires des photos. Pour l’éditeur, c’est sans doute un livre de l’Académicien avant tout.

Son texte est très bon : il raconte l’histoire du jardin, en commençant par celle de son amoureux, Peter Wolkonsky, né à Saint Pétersbourg au début du XXe siècle, qui l’achète à des propriétaires angevins dont il est dit que « Plus leur plaît le Val de Loire que la sévère Armorique ». La magie peut agir, la langue accompagne les brumes bretonnes et souligne le dessein du créateur. Le savoir-faire et le goût du jardinier sont à l’unisson de l’art moderne du jardin : évoquer, symboliser, mettre en valeur ou se fondre dans le paysage… comme chez Pascal Clément, comme au festival des jardins d’Amboise. Le site internet est somptueux : http://www.lesjardinsdekerdalo.com

 

Et on aimerait, on est en droit d’exiger, que la forme soit à la hauteur du fond. Mais dès la première page, ça sent le laisser-aller : une vieille photo montre Peter et sa « soeur » (même mon iMac a du mal à l’accepter écrit comme cela…). On passe sur le « 4 » en chiffres dans la légende d’une photo, alors qu’il devrait être écrit en lettres (comme tous les chiffres !). Las ! page 23, on lit « Et pourquoi tout conserver se demande Isabelle et Tim ? ».

Je ne veux pas vous embêter avec cette lecture pointilleuse et maniaque du livre, d’autant que je vous ai déjà fait le coup avec l’histoire de la Lorraine…

Un dernier exemple : page 63 « Au premier plan dominent les scabieuses, bleu mauve font écho au bleu du géranium… ».

Voilà donc ce qu’un éditeur vend 30 euros, sous la signature d’un Immortel, qui n’a manifestement pas relu ce qui était imprimé en son nom. Misères de l’édition, de la précipitation et de l’omniprésence.

Allez ! depuis le temps que je tergiverse… j’écris à Éric Orsenna.

09:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)