01/06/2015
Irritations XV
Quand il rassemble les militants pour faire approuver le nouveau nom de son parti, M. Sarkozy choisit le "Paris Event Center"...
Et s'il prend du "Ricoré au lait" de Nestlé le matin pour déjeuner, il a sous le nez, en blanc sur violet : "1 Travel Mug offert"...
Le soir, quand harassé par toutes ces réunions et interventions tous azimuts, il s'effondre dans son canapé et se branche sur les programmes de la TNT, il doit endurer les pubs de Lancôme, Bourgeois, etc., la plupart en anglais ou en franglais..
Dans quel pays vivons-nous ?
Est-il raisonnable de se gargariser encore sur "le pays de la culture", "le pays du savoir-vivre", "le pays des joutes oratoires", et notre "art de la conversation" ?
Ne sommes-nous pas, depuis quelques décennies, dans un pays ouvert à tous les vents des modes stupides, de la consommation effrénée, du snobisme le plus bête, du plus mauvais goût et de l'américanomania béate ?
08:58 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
17/05/2015
Carrefour du franglais (II)
Je vous parlais hier de la pétition du syndicat CGT de Carrefour à Nîmes.
Et en voici le texte :
Le syndicat CGT du magasin Carrefour Nîmes-Sud, présente une pétition de protestation contre la politique anglicisante de Carrefour et, plus avant, contre la politique d’anglicisation qui s’opère actuellement en France et partout en Europe
Madame, Monsieur,
Les signataires de la présente pétition, lancée par le Syndicat CGT de Carrefour Nîmes-Sud, demandent à M. Georges Plassat, Président-directeur général du groupe Carrefour, de faire le nécessaire pour que le caractère anglicisant de Carrefour cesse, afin de ne plus polluer l’environnement francophone de notre pays.
Ils demandent, entre autres choses pour cela, que les produits Carrefour soient nommés en français, que les noms "drive", "market", "city", "property", etc. soient changés par des appellations respectueuses de notre langue, que la musique d’ambiance des magasins ne soient pas majoritairement en anglais, que les annonces de sécurité qui y sont données, si elles sont traduites en anglais, le soient également dans, au moins, une autre langue étrangère, que les slogans publicitaires ne soient pas en anglais comme le fameux et humiliant "Monday, happy day", etc.
Ils demandent aussi qu’une commission de terminologie soit créée à Carrefour, afin d’éviter l’emploi abusif et systématique de termes anglais chaque fois qu’apparaît un nouveau concept (le "Cross marchandising", le "remodeling", la "Supply Chain", le "e-learning", le "self scanning", par exemple).
Enfin, ils se permettent de rappeler à Monsieur le Président-directeur général que la langue du commerce, c’est celle du client, et pas forcément en priorité et systématiquement, celle de Mickey.
Les éléments qui accompagnent la pétition sont très intéressants, à lire. J'en résume ci-après les idées-forces.
D'abord l'intuition qu'il y aurait une relation entre la perte progressive des acquis sociaux (NDLR. Voir la lame de fond contre les systèmes de protection sociale, dans tous les pays développés, depuis le début des années 80, c'est-à-dire depuis Miss Maggie et Ronnie Reagan) et la perte de sa propre langue au profit de l'anglais (NDLR. Ou du globish plus exactement), la langue des financiers qui veulent gouverner le monde (NDLR. Ou plus simplement qui savent ce qui est bon pour lui et pour leur propre portefeuille…).
Ensuite le constat qu'en France, qu'ils soient de droite ou de gauche, les gouvernants semblent obsédés par l'objectif d'imprégner toujours davantage de cerveau de nos enfants avec l'anglais, et cela dès la maternelle (NDLR. Voir la récente et déplorable loi Fioraso).
Et que la notion républicaine de "liberté", qui rimait en France avec "égalité" et "fraternité", est remplacée de plus en plus par son acception anglo-saxonne, en résumé par celle du renard dans le poulailler.
Que cela vient de l'adoption généralisée du modèle anglo-américain, à savoir le libéralisme, qui se fiche des valeurs de la République française et se craint pas de fouler aux pieds sa langue même.
L'implication de tout cela est claire : il est temps de se révolter contre cette dictature et en premier lieu de refuser la politique qui consiste à mettre de l'anglais en tout lieu et en tout domaine.
Avec une exigence habile (NDLR. C'est celle de tous les militants de la francophonie, et de Claude Hagège entre autres) : partout où il y a de l'anglais, qu'il y ait aussi, à égalité, d'autres langues étrangères (NDLR. Je pense qu'il devrait y avoir en priorité l'allemand, au titre de l'Europe et l'espagnol, au titre de sa diffusion mondiale), sous peine de plainte pour discrimination.
"Soyons des indignés linguistiques" a dit Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal et géant (1,98 m…) de la francophonie.
Quel plus beau programme ? quelle meilleure justification du combat de ce blogue ?
07:00 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
16/05/2015
Carrefour du franglais (I)
Il y a déjà quelques années que, dans nos campagnes et dans nos villes, les magasins Carrefour nous choquent avec leurs enseignes : quelques hurluberlus de la direction de ce géant de la distribution ont cru malin - et surtout potentiellement rentable - de rebaptiser leurs lieux de vente avec des noms anglo-saxons. Et on a vu fleurir des Carrefour Market, Carrefour City and so on (Il est vrai que ses concurrents ne sont pas en reste avec par exemple les Monop'Daily et Casino Shop de Casino).
À quoi sert ce délire ? Il n'y a pas ici de concurrence internationale, il n'y a pas de rentabilisation à l'export à attendre, c'est du local, du franco-français, c'est même parfois de la clientèle captive quand Carrefour est seul sur une zone de chalandise. Alors quoi ? Mystère...
Il avait été dit que le nouveau PdG Georges Plassat n'était pas fan de cette trouvaille de son prédécesseur. Mais depuis sa nomination, rien. GDF Suez peut bien dépenser des dizaines de millions d'euros pour se rebaptiser Engie, et Suez Environnement tout autant pour désigner de ce seul nom toutes ses filiales (Degrémont…), apparemment Carrefour ne peut pas trouver quelques petits millions pour respecter l'esprit et la lettre de la loi Toubon...
Apparemment tout le monde s'en fiche... Toute la Gaule ? non, un noyau d'irréductibles, fédérés par le syndicat CGT de Nîmes, a décidé de réagir et a créé pour ce faire une pétition. La voici :
http://www.petitions24.net/non_a_langlicisation_de_carref...
On y apprend que Carrefour donne des noms anglais à ses produits : First Line, Blue Sky, Top Bike, Green Cut, Bootstore, Ooshop, Pomelos Drink, etc., avec les majuscules siouplaît !
Claude, pardonne-leur, ils sont devenus fous !
À la lecture des pages saumon du Figaro du 25 avril 2015, on pouvait se remettre à espérer car on apprenait que Carrefour allait tester une nouvelle enseigne "Bon app !", sans point après l'abréviation "app" mais en français tout de même.
Tenez-vous bien : c'est quoi pour Carrefour ce "nouveau format de proximité" ? C'est Leur enseigne snacking ! Désespérant.
Elle me parlait anglais tout le temps
Je lui répondais deux trois mots bidon
Des trucs entendus dans des chansons
Consternation…
07:02 Publié dans Actualité et langue française, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)