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04/10/2015

Priorité à la lecture publique : soutien aux bibliothèques en 2016

Lu dans le blogue de Laura (dans le site "haut ET fort") :

"Lors de la présentation de son budget, mercredi 30 septembre, le ministère de la Culture a affirmé donner la priorité à la lecture publique en 2016.

“Le projet de loi de finances 2016 montre la priorité accordée à la politique en faveur du livre et des industries culturelles”, annonce le ministère de la Culture dans la présentation de son budget dévoilé mercredi 30 septembre, et qui sera voté au Parlement à l’automne.
 
“La priorité a été accordée à la lecture publique”, insiste le document, précisant que “les crédits d’intervention en régions augmenteront en 2016 d’un million d’euros pour financer de nouveaux contrats territoire-lecture au bénéfice des collectivités territoriales”.
 
Cette ligne spécifique de crédits passe à 14,4 millions d'euros, soit une hausse de 7,4 %. Par rapport aux 7 083,4 millions d’euros du budget global du ministère, l’effort est de 0,014 %. Ces crédits sont affectés en priorité au réseau des bibliothèques, principal vecteur de soutien de la lecture publique.

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Pour les encourager à ouvrir le dimanche, les bibliothèques devraient toutefois recevoir un soutien supplémentaire, dont les modalités seront précisées dans un amendement du gouvernement, ainsi que l’a annoncé François Hollande lors de l’inauguration de l’exposition consacrée aux 50 ans de l’Ecole des loisirs".

03/10/2015

"Immortelle randonnée" de Jean-Christophe Ruffin : critique (III)

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C'est le principal intérêt du livre : nous donner la réponse de l'Académicien à cette question que nous nous posons tous "Mais pourquoi donc marcher aussi longtemps, sous la pluie ou le soleil ?". Pour le reste, son livre se lit vite et ne laisse pas de souvenir impérissable. Il fait penser, dans la catégorie des récits de voyage, à "Longue marche", sans doute à cause de son style simple, journalistique et prosaïque. Rien de commun avec l'élitisme sympathique de son collègue de l'Académie dans "Transsibérien" (voir mon billet du 1er octobre 2015). Pas d'étalage de culture, pas d'enthousiasme esthétique, c'est l'ouvrage de tout un chacun.

 

 

Sur la forme, peut mieux faire !

page 99 : "C'est un bonheur rare…" et quelques phrases plus loin "… est une volupté rare".

page 105 : "On se sent soulagé de les quitter et d'avancer vers la pointe de sable qui s'avance entre mer et rivière". On ne relit pas ses épreuves à l'Académie ?

La phrase "Si je me permets ici une confidence, je dirais que ce paradoxe est celui de toute ma vie" (page 136) est bancale parce que la concordance des modes et des temps n'est pas respectée.

"C'est un état qui se traduit par quelques signes extérieurs et surtout un nouvel état d'esprit" (page 139) : un état qui se traduit par un nouvel état, n'est-ce pas mal dit ? Ou alors c'est une tentative maladroite pour faire un jeu de mot ?

La première fois qu'on lit cette phrase, page 168, "Prêtres incompétents, alcooliques parfois, fornicateurs peut-être, quand ils se recrutent parmi ces pauvres pasteurs de campagne semblent pouvoir être sinon absous, du moins jugés avec clémence", on ne la comprend pas. Il manque au moins une virgule entre "campagne" et "semblent", qui souligne la fonction de sujet du verbe "semblent" que joue "Prêtres incompétents…".

La dernière partie du livre correspond à la dernière partie du Chemin de Compostelle, dite le "Camino Frances", qui est la plus fréquentée, et par des "pèlerins" arrivés en bus ou en avion, qui sont pour les "vrais", de vrais touristes.

Jean-Christophe Ruffin en profite pour retrouver son épouse, dont je ne dirai rien pour ménager la surprise de la découverte aux futurs (hypothétiques) lecteurs. C'est à ce moment qu'il se livre avec le plus de délectation à son autocritique, voire à son auto-dénigrement, s'accusant de plusieurs défauts avec humilité ; la rançon du cheminement solitaire, sans doute.

Il écrit par ailleurs quelques belles pages :

"Le marcheur est, selon la formule de Victor Hugo, un géant nain. Il se sent au comble de l'humilité et au faîte de sa puissance. dans l'état d'aboulie où l'ont plongé ces semaines d'errance, dans cette âme délivrée du désir et de l'attente, dans ce corps qui a dompté ses souffrances et limé ses impatiences, dans cet espace ouvert, saturé de beautés, à la fois interminable et fini, le pèlerin est prêt à voir surgir quelque chose de plus grand que lui, de plus grand que tout, en vérité. cette longue étape d'altitude fut, en tous cas pour moi, le moment sinon d'apercevoir Dieu, du moins de sentir son souffle" (page 207).

"C'est ainsi que les humains d'aujourd'hui, après le long détour des monothéismes, en reviennent parfois à des éblouissements spirituels qui leur font incarner le divin dans les objets de la nature : les nuages, la montagne, les chevaux. Le pèlerinage est un voyage qui soude ensemble toutes les étapes de la croyance humaine, de l'animisme le plus polythéiste jusqu'à l'incarnation du Verbe. Le Chemin réenchante le monde. Libre à chacun, ensuite, dans cette réalité saturée de sacré, d'enfermer sa spiritualité retrouvée dans telle religion, dans telle autre ou dans aucune. Reste que, par le détour du corps et de la privation, l'esprit perd de sa sécheresse et oublie le désespoir où l'avait plongé l'absolue domination du matériel sur le spirituel, de la science sur la croyance, de la longévité du corps sur l'éternité de l'au-delà. Il est soudain irrigué par une énergie qui l'étonne lui-même et dont, d'ailleurs, il ne sait pas très bien que faire" (page 209).

Au total, un livre facile à lire, avec quelques réflexions intéressantes et surtout cette explication progressive, bien amenée, au fil de l'avancée, de ce qu'apporte le cheminement vers Compostelle.

Alors, mes trois critères ?

oui, le livre maintient l'intérêt du lecteur jusqu'au bout

non, je ne le recommanderais pas à des tiers (sans le déconseiller néanmoins)

et non, je ne le garderai pas.

 

02/10/2015

"Immortelle randonnée" de Jean-Christophe Ruffin : critique (II)

Jean-Christophe Ruffin, ancien "Médecins sans frontières", passagèrement ambassadeur de France au Sénégal, prix Goncourt pour "Rouge Brésil" en 2001 et nouvellement élu à l'Académie française, se dit un jour que tous les honneurs dont il est l'objet pourraient lui détraquer l'ego et décide de partir sur le chemin de Compostelle, avec le dénuement et la modestie qui sont la marque des pèlerins. Il ne prend pas de notes mais, sitôt rentré, il met noir sur blanc le récit de son périple initiatique.

 

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Foin des effets de style et des émerveillements poétiques, J.-C. Ruffin ne s'intéresse qu'au cheminement spirituel qui accompagne la marche solitaire pendant des centaines de kilomètres. Il distingue plusieurs phases dans l'acclimatation qui se fait au fur et à mesure que l'on avance sur le Chemin : d'abord surmonter les difficultés physiques, ensuite l'élan religieux suscité par ce périple sur les pas des milliers de pèlerins du Moyen-Âge :

"La magie entêtante de la prière nous avait tous saisis. C'est une des particularités du Chemin que d'offrir au pèlerin, et quelles que soient ses motivations, des instants d'émotion religieuse inattendue. Plus la vie quotidienne du marcheur est prosaïque, occupée d'affaires d'ampoules douloureuses ou de sac trop lourd, plus ces instants de spiritualité prennent de force. Le Chemin est d'abord l'oublie de l'âme, la soumission au corps, à ses misères, à la satisfaction des mille besoins qui sont les siens. Et puis, rompant cette routine laborieuse qui nous a transformées animal marchant, surviennent ces instants de pure extase pendant lesquels, l'espace d'un simple chant, d'une rencontre, d'une prière, le corps se fend, tombe en morceaux et libère une âme que l'on croyait avoir perdue" (page 75 dans l'édition Folio).Compostelle 1.jpg

"C'est à de telles expériences que le pèlerin mesure les évolutions de ce monde. Si le pèlerinage de Compostelle connaît un regain de vitalité, ce n'est plus comme la voie royale de la foi qu'il était jadis. Le Chemin est seulement un des produits offerts à la consommation dans le grand bazar postmoderne" (page 77).

"… Rien de tout cela n'est grave. Car on sait désormais que, dans un kilomètre ou dans dix, une église va nous offrir l'abri de ses voûtes fraiches, le réconfort de ses pierres, la mystérieuse présence du divin. Que l'on soit croyant ou non, on laissera son esprit plonger dans cette eau pure et l'on connaîtra cette sorte particulière de baptême que constitue la manifestation de la transcendance au cœur de son être" (page 152).

et enfin la "zénitude" bouddhique, qui efface toute passion et toute fatigue.

À suivre...