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17/08/2020

Relecteur spécialisé en diversité

Il y a le déboulonnage (ou le démontage ou plutôt l’abattage rageur) des statues (cf. mon billet du 10 août 2020). Il y a le caviardage de l’écriture et de la grammaire françaises (cf. mes billets sur l’écriture inclusive). Il y a l’interdiction sauvage de conférences ou de spectacles.

Il y a aussi, nous apprend le Marianne du 17 janvier 2020, la relecture « critique » avant publication, de textes, journalistiques ou romanesques, pour y repérer la présence de stéréotypes ou de représentations biaisées. L’objectif est de n’offenser aucun lecteur, aucune communauté, et d’échapper à toute polémique sur les réseaux sociaux. D’où l’émergence des sensibility readers aux États-Unis et évidemment, chez leurs perroquets zélés de notre pays, de « relecteurs spécialisés en diversité ». Ainsi la romancière J. K. Rowling (Harry Potter) n’aurait-elle pas dû s’approprier la légende amérindienne des Skin Walkers !

Naturellement les grands groupes multinationaux, soucieux de continuer à vendre et de se protéger contre les campagnes de dénigrement, sont à la pointe. EDF consacre une journée annuelle à un Diversity Day (en English, of course). Certain catalogue a été entièrement construit autour de mannequins de couleur (noire en l’occurrence). Plus grave, L’Oréal a décidé de supprimer les mots « blanc » et « blanchiment » de ses publicités pour ses produits cosmétiques. Faudra-t-il ne plus « broyer du noir » ni « rire jaune » ?

Manifestement ce début de XXIème siècle est celui de la reconstruction sur les normes des minorités, après que le précédent avait été celui de la déconstruction des normes majoritaires. Cela nous promet de belles innovations…

Et Samuel Piquet de conclure : « Rien de tel que l’aseptisation pour garantir la variété créatrice ».

12/08/2020

La langue de chez eux

Il y a en France, une école qui s’appelle « Ipag Business School ». Pourquoi donc ? Si « école de commerce » semble daté et ne représente plus convenablement ce qu’il convient d’enseigner aujourd’hui (ces écoles se piquent de « management »…), pourquoi ne pas avoir choisi, par exemple, « école des affaires » ? J’ai ma petite idée : d’abord un nom anglais fait plus moderne et ensuite « des affaires » a en français une connotation péjorative (parce que notre culture est plus tournée vers la conception et la production que vers le mercantilisme et parce que les « affaires » défraient la chronique, sans parler de l’« affairisme »).

Ce n’est pas tout ; dans cette école, il y a un directeur de la chaire (tiens, un mot français ancien…) « French Savoir-faire » !

Donc, comme j’ai l’habitude de le dire : anglais à tous les étages.

Pourtant, dans le Marianne du 1ernovembre 2020, un entrepreneur français (Pierre Schmitt, de VELCOREX) confie : « On ne peut innover que dans la proximité, la culture d’entreprise. On ne peut pas trouver un langage commun en anglais avec des Chinois par mail ».

Qui se souviendra dans un an ou deux de la « start-up nation » rêvée par M. Macron ? C’est une mascarade disent l’ingénieur Benjamin Zimmer et le sociologue Nicolas Menet dans leur livre « Start-up : arrêtons la mascarade » (Dunod, février 2018).

Dans le même numéro de la revue, David Soulard, des meubles Gautier, défenseur de la production en France (en l’occurrence en Vendée) dit aux journalistes : « On a décidé d’intégrer vraiment le made in France, dans notre story-telling il y a quatre ans » (quatre mots anglais dans une phrase de douze). Pourquoi ?

10/08/2020

Pauvres statues, pauvres de nous

Dans son numéro du 1ernovembre 2019  (il y a un siècle…), le journal Marianne publiait une « brève » de Samuel Piquet sur le voilement des statues. Lors des Journées du patrimoine (quoi de plus français ? quoi de plus respectueux de l’histoire ? quoi de plus passionné pour les chefs d’œuvre du passé ?), « des nus de l’artiste Stéphane Simon exposés à l’Unesco ont été habillés d’un slip et d’un stringpour ne pas déranger certains visiteurs » !

Aujourd’hui certains se rassemblent, en France comme ailleurs dans le monde, pour protester contre un État et des forces de l’ordre supposément racistes et s’arrogent le droit d’exiger le démontage de statues censément inacceptables, donc en un mot de réviser eux-mêmes l’histoire. Cela a été fait effectivement en Martinique, en Belgique (Léopold II) et aux États-Unis (où la mort de George Floyd a été le déclencheur). Les images sont consternantes, la violence, l’hystérie, la joie mauvaise des spectateurs.

Arthur Ashe statue 2.jpg

J’ai visité Richmond (Virginie) il y a quelques années et j’y avais vu en particulier la statue d’Arthur Ashe, ce joueur de tennis mythique (le meilleur du monde en 1975), dans Monument Avenue. Eh bien, engrenage fatal, cette statue a elle-même été vandalisée…

Pauvres statues, pauvres de nous !