Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/07/2015

Irritations XIX

Sens unique.jpgDans le billet "Irritations XVIII", j'ai oublié cet horrible franglicisme "Ça fait sens", au lieu de, tout simplement, "Ça aurait du sens" ou bien "Ça serait une bonne chose, une bonne idée, une bonne évolution, etc.".

 

Tant que j'y suis, je vous soumets quelques perles que j'ai relevées ici et là (à force, d'ailleurs, je ne sais plus si j'en ai déjà parlé ou non...).

 "On fait pas ce qu'il faut sur le match" (un footballeur, sur France Inter, le 22 avril 2015, pour expliquer sa défaite), au lieu de "pendant le match" ou mieux "au cours du match". Les footballeurs ont la réputation, plutôt méritée il est vrai, d'être incapables de s'exprimer correctement. Mais sont-ils seuls dans ce cas ?

Sûrement pas ! Ainsi leurs entraîneurs (qu'ils aiment bien appeler "coach" pour montrer qu'ils ne jouent pas qu'avec leurs pieds...) montrent-ils l'exemple du parlé approximatif : "Il y a eu du très bon jeu de produit". Pourquoi "de produit", au lieu de "On a produit ou ils ont produit du très bon jeu" ?

Voici encore une source d'irritation : "voilà", justement. Normalement, comme "ceci" et "cela", "voici" et "voilà" devraient se rapporter, respectivement, à "ce qui suit" et à "ce qui précède"... Or on entend couramment : "Voilà la voiture qui arrive", "Voilà ce que je voulais te donner"... au lieu de "Voici la voiture", "Voici ce que...". A contrario, on devrait dire "Voilà ce que je voulais vous dire aujourd'hui, jour de canicule".

Et c'est ce que je te dis, public !

 

05/07/2015

Cécile, ma sœur (XV) : grammaire

"L'apprentissage de la grammaire fait partie intégrante de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. sans elle il est impossible de comprendre un texte ni d'en composer un. Elle est le nerf de l'enseignement du français.

Savoir nommer un mot à l'aide d'un terme savant fourni par la linguistique ne suffit pas. Il faut pouvoir dire quel rôle ce mot aura dans la phrase, parvenir aussi à le mettre en relation avec les autres mots : en somme, acquérir le plus tôt possible des notions de syntaxe.

Je pense que c'est elle qui fait le plus cruellement défaut aux enfants de l'école primaire. La harangue, le suât logique, la violence, l'incapacité à s'exprimer autrement qu'à l'aide des monosyllabes ou des tristes onomatopées dont j'ai fait état plus haut, sont les conséquences d'une connaissance lacunaire de la grammaire de phrase.

Or La vertu du langage est pourtant de constituer à partir de sensations incohérentes un univers à la mesure de l'humanité.

...

Grammaire.jpgIl faudrait rappeler des notions de bon sens et de logique : la grammaire est une mise en scène où chaque mot est un acteur ayant un rôle précis à jouer dans la dramaturgie du texte, comme le rappelle M. Alain Bentolila dans son rapport remis au ministre sur la réforme de l'apprentissage de la grammaire au collège. M.Bentolila montre comment la solidarité des mots commande l'exercice de l'intelligence et le progrès de la vérité".

 

Ces mots ont été écrits en 2007 par Cécile Ladjali, dans son livre "Mauvaise langue"...

Huit ans après, huit ans !, où en est-on ?

À une nième réforme du collège, une nième polémique… on fait du sur place, en écoutant les experts mais, apparemment pas les bons experts.

 

04/07/2015

Irritations XVIII

Résumons-nous...

Ce qui m'énerve dans le français courant contemporain, y compris bien sûr journalistique et politique, mais en laissant de côté le franglais, dont on a déjà abondamment parlé, c'est ça :

  • l'horrible syntaxe "pour pas qu'elle soit fâchée", au lieu de "pour qu'elle ne soit pas fâchée" ;
  • les majuscules aux adjectifs ; dernier lu en date : "la branche yéménite d'Al-Qaïda, Al-Qaïda dans la péninsule Arabique, Aqpa…" au lieu de "dans la péninsule arabique" ; ce qui est drôle, c'est qu'au moment d'écrire l'acronyme, le journaliste choisit "Aqpa", c'est-à-dire les minuscules ! La cohérence ne l'étouffe pas (Martine Gozlan dans le Marianne du 3 avril 2015) ;
  • l'emploi transitif des verbes qui ne le sont pas ; exemple dans le même Marianne : "Le parti (UMP) a explosé son budget en propagande et communication", au lieu de "a fait exploser" ;
  • l'emploi de l'auxiliaire "être" à la place du verbe "aller". Exemple dans Alternatives économique n° 348 de juillet-août 2015 : "Les éditions La découverte ont été frapper à la porte de Médiapart", au lieu de "sont allées frapper" ;
  • la confusion entre le futur et le conditionnel présent, et les erreurs de graphie et d'intonation qui vont avec : "je reviendrais demain" au lieu de "je reviendrai demain" ;
  • après le mauvais coup porté au subjonctif, la formulation systématique au présent de l'indicatif d'actions ou d'événements devant intervenir ultérieurement ; exemple typique : "Demain on rase gratis", au lieu de "on rasera (peut-être) gratis" ;
  • moins irritants, les perpétuels "amène-moi ça", "il a ramené sa guitare à la maison"… au lieu de "apporte-moi ça" et "il a rapporté sa guitare…" ; a contrario, on amène un enfant à la crèche… ;

Bescherelle.jpg

Voilà, c'est à peu près tout...

Tu vois bien, public, que je ne suis pas exigeant.