29/12/2016
Au Québec, on promeut l'utilisation du français dans les PME
Le site LEFIGARO.fr/langue française est une mine d’informations, je pourrais faire vivre ce blogue rien qu’en citant ou commentant les très nombreux articles qui y sont publiés.
Voici par exemple une information intéressante concernant le français au Québec (Alice Develey, 16 décembre 2016).
« Le gouvernement québécois a dévoilé son plan d'action pour valoriser et promouvoir le français dans les petites et moyennes entreprises (…), qui s'inscrit dans une volonté de rétablir l'idiome comme langue officielle sur les lieux de travail.
Le français doit être la langue d'usage, a affirmé Kathleen Weil, ministre de la Diversité et de l'Inclusion, aux côtés de Luc Fortin, ministre de la Culture, responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française.
Déjà, entre 2008 et 2016, le plan du grand Montréal se proposait de stimuler la langue française dans la région (…) En témoigne le nombre d'articles traitant de la difficulté de travailler ou d'échanger en français dans des établissements publics et privés.
Le nouveau projet, intitulé « Stratégie partenariale de promotion et de valorisation de la langue française 2016-2021 », s'inscrit à une échelle plus large, celle du Québec, et s'adresse à un public plus important mais il touche à la fois les employés sur leur lieu de travail et les domaines de la vie publique, incluant de fait les milieux sociaux, culturels et institutionnels.
Le plan passera par des soutiens financiers allant à des organismes promouvant la langue de Voltaire, afin de convaincre les entreprises de l'importance d'offrir un service en français et implicitement d'encourager les citoyens à converser autrement qu'en anglais (NDLR : ce qui montre que la réalité dans les entreprises québécoises est différente de celle que nous avons idéalisée : le pays est bien « assiégé » par des forces pacifiques mais puissantes, et y parler français n’a rien d’évident).
La maîtrise de la langue est incontournable pour assurer la pleine participation de tous les citoyens à la société québécoise, notamment celle des nouveaux arrivants a indiqué la ministre.
Une approche positive selon le ministre de la Culture, qui devrait participer au changement véritable des comportements au sein des entreprises de moins de 50 employés, qui n'étaient jusque-là pas soumises à la Charte de la langue française (ou loi 101 définissant les droits linguistiques des citoyens au Québec) ».
Le ministre n’est pas naïf. On demeure dans un environnement linguistique particulier et il faudra toujours demeurer vigilant. Un nouveau plan est d’ores et déjà envisagé en 2021.
Ne pourrions-nous pas en prendre de la graine, ici en France métropolitaine et ultramarine ? Et en premier lieu, interdire l’usage de termes anglais et de mots à la graphie déformée dans les enseignes des magasins et dans les panneaux publicitaires de nos villes !
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Francophonie | Lien permanent | Commentaires (2)
24/10/2016
Irritations linguistiques XXXV : français toujours
Entendu dans un téléfilm je ne sais plus où ni quand : « Assis-toi là ». Faut-il rappeler que, pour le verbe asseoir à l’impératif, il n’y a que deux options : soit la forme familière « assois-toi là », soit la forme plus élégante « assieds-toi là ». Si maintenant on confond impératif et indicatif, où va-t-on ?
J’ai appris l’existence du « Printemps républicain », un mouvement qui rassemble les femmes et les hommes de gauche (pourquoi eux seuls ?) autour de la défense de la laïcité et du pacte républicain. Il a commandé une enquête sur le thème « Qu’est-ce qui fait qu’on est français ? », sujet éminemment intéressant mais que je ne songe pas commenter ici. Ce qui m’a titillé, c’est la façon dont Perrine Cherchève en a rendu compte dans le Marianne du 23 septembre 2016. Sur les neuf propositions de réponse, deux arrivent en tête des suffrages de l’échantillon de 2000 Français de 18 ans et plus : « adhérer aux valeurs de la République » (94 % d’accord et plutôt d’accord) et « parler le français » (92 %). Eh bien, la journaliste cite la première réponse, pas la deuxième, et enchaîne sur les réponses très minoritaires. La question du français, langue de la République, serait-elle sans intérêt pour elle ?
Caroline Fourest donne des extraits de son livre « Génie de la laïcité » (Grasset, 2016) dans le Marianne du 7 octobre 2016. Elle y cite en particulier un article de deux chercheurs américains William McCants et Christopher Meserole, « The French Connection » (Foreign Affairs), dans lequel ils écrivent : « Le premier facteur (dans l’émergence du djihadisme radical) est (que les terroristes) proviennent d’un pays francophone ou qui a eu le français comme langue nationale » ! Aberrant, répond Caroline Fourest, statistiques à l’appui. Merci les gars, ai-je envie d’ajouter, sympa de la part de notre plus ancien allié, à qui on a envoyé La Fayette quand ça se passait mal là-bas ! À travers cette basse attaque, n’est-ce pas la francophonie qu’on veut toucher, entendue non seulement comme rassemblement de peuples ayant en partage une langue qui résiste (tant soit peu) à l’anglais mais surtout comme une force d’influence prêchant la solidarité, la démocratie et la non-violence (voir ma série de billets sur la francophonie en début 2016) ?
Charles Dantzig, lui, a écrit dans le Marianne du 23 septembre 2016 un long article pratiquement illisible (je n’en ai rien compris ni retenu), « Halte aux mots toxiques », qui posait pourtant des questions importantes : parle-t-on trop ? écrit-on trop ? et y apportait la réponse suivante : on emploie les mots à tort et à travers ; « guerre », « bobos », « politiquement correct », autant de termes qui perdent leur sens, jusqu’à l’absurde. Là-dessus, je suis d’accord. Mais j’ai sauté directement à la conclusion : « Toute pensée subtile est rejetée. Contre les mots, nous ne la retrouverons que par ceci : les phrases. Et on cessera peut-être de considérer avec condescendance la seule chose qui ait jamais sauvé le monde, la littérature ».
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Francophonie | Lien permanent | Commentaires (0)
04/08/2016
La poussière sous la Carpette anglaise
Vous vous souvenez, lecteurs assidus, de la fameuse « Carpette anglaise »… : « C'est un prix d'indignité civique décerné annuellement à un membre des élites françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française. Le prix distingue plus spécialement les déserteurs de la langue française qui ajoutent à leur incivisme linguistique, un comportement de veule soumission aux diktats des puissances financières mondialisées, responsables de l'aplatissement des identités nationales, de la démocratie et des systèmes sociaux humanistes ».
On en était resté, dans ce blogue, aux lauréats 2013, M. Pépy et Mme Fioraso…
Voici donc les derniers lauréats connus :
2015 : Sous la présidence de Philippe de Saint Robert, le jury de l’académie s’est réuni le 15 décembre chez Lipp.
Au premier tour de scrutin, par sept voix contre trois à Jean Tirole (Prix Nobel d'économie en 2014 et président de la Fondation Jean-Jacques Laffont - Toulouse School of Economics (TSE), pour promouvoir la mise en place d’une filière d’enseignement supérieur en langue anglaise), le prix 2015 de la Carpette anglaise a été décerné à M. Alexandre de Juniac, président directeur général d'Air France-KLM, pour la campagne de publicité « Air France, France is in the air » remplaçant l’élégante publicité « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre ».
2014 : M. Pierre Moscovici, membre de la Commission européenne pour avoir adressé à M. Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, une lettre entièrement en anglais.
Mais il y a aussi un prix spécial du jury à titre étranger (prix créé en 2001). Et les vainqueurs sont :
2015 : au premier tour de scrutin, Luc Besson, réalisateur de films principalement en anglais, pour avoir patronné une modification des dispositions fiscales du crédit d’impôt cinéma en faveur des films tournés en langue anglaise ; ainsi les films tournés en anglais en France vont pouvoir être déclarés fiscalement « français » et bénéficier d'aides.
2014 : Mme Paula Ovaska-Romano, directrice du Département des langues et directrice par intérim de la Direction générale de la traduction de la Commission européenne, pour avoir violemment tancé en anglais une responsable associative qui la sollicitait en italien et avoir qualifié, à cette occasion, l’italien de « langue exotique ».
2013 : Tom ENDERS, président exécutif d’EADS et grand organisateur de la politique linguistique du tout en anglais dans son groupe. L’Académie a tenu à lui décerner son prix pour avoir annoncé, en anglais seulement, à tous les salariés allemands, espagnols et français de la branche « défense et espace », un vaste plan de licenciements par une vidéo...
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