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05/11/2018

Nouvelles du front (linguistique) I

J’aime les belles plaquettes (publicitaires) – tout en considérant qu’elles représentent un gâchis phénoménal –, les belles photos de paysage, les belles réussites du savoir-faire français – tout en constatant qu’elles sont trop souvent rachetées par des investisseurs, chinois ou autres –, les belles créatures qu’on appelle « de rêve » - tout en sachant qu’elles restent effectivement des rêves -… et j’aime quantifier les choses à l’aide de la statistique.

C’est ainsi que je viens de feuilleter le magnifique catalogue « ÉTÉ 2018 » d’un célèbre groupe de tourisme créé après-guerre pour emmener des copains passer des vacances différentes sous la tente ou dans des cases au soleil, prétexte à des caricatures désopilantes devenues « cultes » et présidé depuis plusieurs années par le fils d’un ancien Président… Vous avez reconnu ?

Bon, rien à dire sur la première de couverture  : belle photo, belles couleurs, beau papier glacé, belle typographie… et majuscules accentuées !

Mais dès les pages de garde, ça se gâte : RESORTS au lieu de « villages » (et bien sûr ce sera pareil tout au long des 35 pages du livret), Club makers, « Juste ici » au lieu de « uniquement ici », « restaurant totalement redesigné » au lieu de « redessiné » ou « remodelé », « happyfirst » pour les premiers servis…

Page 11, on propose de « voguer sur les eaux calmes d’un lac en paddle ou en wakeboard », page 12, c’est un « resort aussi design que facile d’accès » où l’on peut s’installer « au Gourmet Lounge » ou au « Bread&Co’ Families Kitchen »…

Page 14, je suis déjà horripilé !

04/10/2018

Irritations linguistiques (nouvelle série) : franglais à tous les coins de rue

Le font-ils exprès ? Sont-ils inconscients ?

Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas insurgé contre la logorrhée franglaise (longtemps aussi, il est vrai, que je n’avais pas lu un hebdomadaire, concentré que j’étais sur les romans de mon été).

Mais alors là, la fureur, le dépit et l’abattement me reprennent de plus belle ; c’est l’article de Manuelle Calmat dans le Marianne du 24 août 2018 qui a déclenché pareille urticaire. Sagement (ou prudemment ?) intitulé « Le sport de rue envahit la ville », il veut nous convaincre que cette activité nouvelle – évidemment importée des États-Unis, sinon ce ne serait pas drôle – est « plus qu’un simple sport, une discipline qui apaise, structure et rassemble ». Je ne sais pas dans quelle ville habite cette journaliste (Paris évidemment) mais dans la mienne, à part les parcours Vita et les coureurs à pied, jamais entendu parler de ça. Mes amis du Loir-et-Cher doivent bien rigoler s’ils ont lu l’article, notre gymnaste prétend pourtant que Clermont-Ferrand est aussi entrée dans la danse... 

Le problème, c’est que le deuxième mot après ce titre BCBG est street workout… Après un début aussi prometteur, pourquoi s’arrêter : « no pain no gain », « un shotde motivation », « la grande tribu des workers et workeuses », « ce spotparisien », « calisthénics », « à l’instar du skate », « la pratique underground », « empowerment », « le crossfit », « marketiséà outrance », « la teammythique des bar tenders », « coachsportive et street workeuse », « fitnessen salle », « sa teamtrès masculine », « le story telling », « les bad boys », « leur petit deal », « la mythique Punishment team », « reps and set », « free style », et street workoutqui doit bien revenir vingt fois dans l’article… 

Sur le fond, l’euphorie affichée par la rédactrice fait sourire… Voici ce qu’elle écrit : les adeptes retrouvent « le goût de l’effort perdu », « l’humain ouvert sur le monde est au cœur du sport de rue »,  « il repose sur l’autogestion des installations (NDLR. Voir le sort réservé aux Vlib et aux Autolib’…) et l’entraide spontanée », « il bénéficie d’une belle image de liberté et de pratique underground », « c’est à la fois un ancrage dans la réalité et il prend appui sur une communauté virtuelle », « cette pratique repose sur la reprise de soi par soi-même, par la récupération de ses capacité d’agir ; cela correspond bien à l’état d’esprit de nos sociétés désenchantées » (NDLR. Ah bon ?), « l’idée de se réapproprier la ville renforce la notion de débrouille, ainsi que la volonté de résister à la consommation de masse », « il reste authentique ; hors temps, hors engouements » ( !), cette activité permet aux femmes de prendre conscience qu’elles pouvaient occuper une autre place et de repérer une puissance d’agir, entretient une forme de mythologie autour de la résistance afro-américaine, « la solution vient de soi, un nouveau départ est possible, on peut effacer tout pour tout recommencer, retrouver un cadre de vie, une régularité, une discipline, une page blanche sur laquelle écrire à nouveau, etc. Bref ça combat la neurasthénie, l’oisiveté, la drogue, les préjugés, … Et tout cela pour pas cher ! Ouah !

Ah, j’oubliais : il y a déjà une Fédération nationale, qui revendique 20000 pratiquants et un chercheur suisse lui aurait consacré une thèse…

02/06/2018

"On va dans le mur, c'est Pink Floyd !"

C’est sur France Inter, le mercredi 30 mai 2018 que j’ai entendu cette exclamation improbable et magnifique. Il s’agissait pour une Directrice de maison de retraite de commenter le nième projet de loi du gouvernement de M. Philippe concernant cette fois les EHPAD (nom plein de poésie censé désigner les maisons de retraite médicalisées – établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes –). Et la dame, après un argumentaire tout à fait convaincant, s’est écriée : « On va dans le mur, c’est Pink Floyd !).

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Dieu sait que j’aime la musique de ce groupe anglais des années 60 et 70 : « Atom heart mother », « Wish you were here » et surtout « The dark side of the moon »… mais jamais je n’aurais imaginé que son nom soit associé à une expression populaire, par le biais (le pivot !) de leur disque peut-être le plus connu, à défaut d’être le meilleur.

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