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16/03/2020

Sous l'actualité, le franglais

En ce début mars de l’an 2020, l’actualité nous apporte, avec les jours plus longs, les premières couleurs sur la végétation et bientôt les pollens, la créativité débridée de certains en ce qui concerne le vocabulaire.

Les trois exemples qui suivent ont été glanés sur France Inter, aux heures de grande écoute.

Préférant oublier la désastreuse soirée de remise des Césars (et on la remercie), la critique de cinéma de la radio nous incite à aller voir à la Cinémathèque des films restaurés (très bien…) et s’enthousiasme pour le making of.

Une journaliste signalant qu’une évolution du congé parental serait à l’étude par le Gouvernement, évoque un parental act possible ! (France Inter, 4 mars 2020, 8 h 15).

Enfin, dans un reportage sur la production à marche forcée de gel alcoolique pour enrayer l’épidémie de coronavirus, un journaliste constate : « La chaîne fonctionne H24 » (au lieu de « 24 heures sur 24 »). (France Inter, 4 mars 2020, 13 h 10).

Quand au site « La fourchette », il devient The fork… et le fait savoir.

Where do we go ?

14/03/2020

Les mots du corona II

La diffusion du virus s’accompagne-t-elle d’une flambée du franglais et des fautes de français ? Bien sûr que non… encore que… !

Voici M. J.-M. Le Guen, conseiller de Paris, qui emploie le mot containmentdans une envolée ayant pour but de dire tout le bien qu’il pense de la stratégie gouvernementale en matière de lutte anti-virale ; sans doute voulait-il parler du confinement ? (C News, 10 mars 2020). Bizarre comme « confusion volontaire », alors que le mot confinement est largement présent dans les médias et n’avait jusqu’à maintenant jamais fait l’objet d’une franglisation… Il y a sans doute une loi cachée : plus un discours est banal, obscur ou peu convaincant, plus les mots anglais se bousculent dans l’esprit du locuteur. Peut-être est-ce un effet du trac, à ranger dans la même catégorie que l’omniprésent « du coup » (au lieu de « de ce fait » ou de « en conséquence de quoi »)…

Voici (« le vent qui se lève et gémit dans le vallon… ») le Président du Comité d’éthique qui reconnaît que ce fut une erreur de ne pas prendre on boardles médecins généralistes dans la lute contre l’épidémie, pour dire qu’il aurait fallu les mettre à contribution ou les « embarquer » dans l’aventure.

Voici M. Emmanuel Macron qui, relatant les piètres résultats de sa vidéo-conférence avec ses homologues européens du 10 mars 2020, déclare sur un ton martial que « l’enjeu, c’est les masques ; l’enjeu, c’est les gels hydro-alcooliques ». Quel contresens ! Un masque ou un gel, dans le contexte d’une épidémie, ne peuvent pas être des enjeux ! Tout au plus sont-ce des moyens, des outils, des protections, des accessoires importants, etc. Un enjeu, c’est à un autre niveau ! L’enjeu, c’est ce qui est en jeu ; c’est ce qui va se produire ou non si l’on ne fait rien. Donc, dans les efforts actuels pour maîtriser l’épidémie, l’enjeu, c’est tout simplement la santé des Français ! Rien de moins.

Le Président de la République n’est pas le seul à utiliser n’importe comment le mot « enjeu », à la place d’objet, d’objectif, de moyen… Et pour la même raison que tout le monde : le souci de donner du poids à son discours, d’en rajouter par rapport à une langue déjà emphatique et prétentieuse, de dramatiser le propos, de « faire spécialiste » et de faire sérieux.

12/03/2020

Le Club Méd exporte l'anglais en Chine

On sait que le Club Méditerranée, c’est un peu comme l’équipe de France de football des années 60 et 70 : fleuron de l’esprit et de la créativité françaises, il cale sur la rentabilité dans le marché mondialisé du tourisme, de même que nos footballeurs, avant que n’arrivent les costauds de 98 pilotés par Aimé Jacquet dans le sens de l’efficacité, étaient champions du monde des matchs amicaux et échouaient invariablement dans toutes les compétitions officielles.

Pour survivre, le Club a donc fait appel depuis longtemps à des investisseurs internationaux et plus récemment à des capitaux chinois. Corrélativement – et ce n’est pas un hasard – il a commencé à s’intéresser au gigantesque marché chinois, dans lequel une classe moyenne qui est devenue plus que solvable a envie de jouir des loisirs à l’occidentale. Et quoi de mieux pour eux que l’image de luxe français que véhicule le Club Méd ?

Paris-Match nous apprend donc que, à quelques années des JO 2022 qui auront lieu à Pékin, le Club a entrepris de développer le ski en Chine, en créant plusieurs villages à la montagne. Malheureusement pour nous, l’article parle de resortet non pas de village (qui était l’expression consacrée jusqu’à maintenant). Nul doute que GO et GM disparaîtront (ou ont déjà disparu) dans cette ruée vers l’Extrême-Orient.

Le-Club-Med-exporte-le-ski-francais-en-Chine.jpg

Ce n’est pas tout. Le Club a eu l’idée d’ouvrir une vingtaine de « China Ski Academy », en association avec la célèbre ESF.

Les journalistes appellent cela « exporter le ski français en Chine ». Pour moi, c’est une fois de plus « exporter l’anglais » ! Pourquoi les entreprises françaises (ou d’origine française), qui se disent volontiers « citoyennes », ne font-elles pas comme leurs concurrentes américaines ou suédoises : exporter leur langue, présente sur les cinq continents et dans le peloton de tête en termes de locuteurs ?

C’est toujours pareil : snobisme, soumission au modèle américain, pusillanimité.