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12/03/2020

Le Club Méd exporte l'anglais en Chine

On sait que le Club Méditerranée, c’est un peu comme l’équipe de France de football des années 60 et 70 : fleuron de l’esprit et de la créativité françaises, il cale sur la rentabilité dans le marché mondialisé du tourisme, de même que nos footballeurs, avant que n’arrivent les costauds de 98 pilotés par Aimé Jacquet dans le sens de l’efficacité, étaient champions du monde des matchs amicaux et échouaient invariablement dans toutes les compétitions officielles.

Pour survivre, le Club a donc fait appel depuis longtemps à des investisseurs internationaux et plus récemment à des capitaux chinois. Corrélativement – et ce n’est pas un hasard – il a commencé à s’intéresser au gigantesque marché chinois, dans lequel une classe moyenne qui est devenue plus que solvable a envie de jouir des loisirs à l’occidentale. Et quoi de mieux pour eux que l’image de luxe français que véhicule le Club Méd ?

Paris-Match nous apprend donc que, à quelques années des JO 2022 qui auront lieu à Pékin, le Club a entrepris de développer le ski en Chine, en créant plusieurs villages à la montagne. Malheureusement pour nous, l’article parle de resortet non pas de village (qui était l’expression consacrée jusqu’à maintenant). Nul doute que GO et GM disparaîtront (ou ont déjà disparu) dans cette ruée vers l’Extrême-Orient.

Le-Club-Med-exporte-le-ski-francais-en-Chine.jpg

Ce n’est pas tout. Le Club a eu l’idée d’ouvrir une vingtaine de « China Ski Academy », en association avec la célèbre ESF.

Les journalistes appellent cela « exporter le ski français en Chine ». Pour moi, c’est une fois de plus « exporter l’anglais » ! Pourquoi les entreprises françaises (ou d’origine française), qui se disent volontiers « citoyennes », ne font-elles pas comme leurs concurrentes américaines ou suédoises : exporter leur langue, présente sur les cinq continents et dans le peloton de tête en termes de locuteurs ?

C’est toujours pareil : snobisme, soumission au modèle américain, pusillanimité.

09/03/2020

Les mots du corona I

Chaque événement, chaque découverte, chaque mode, chaque nouveauté en bref, nous apporte son lot de néologismes (ce qui est bien normal) et de franglicismes (ce qui est la plupart du temps injustifié et nuisible à la clarté des choses).

L’épidémie de coronavirus n’échappe pas à la règle…

Pourquoi donc l’excellent Directeur général de la santé, M. Jérôme Salomon, s’obstine-t-il à parler, lors de chacune de ses interventions télévisées, de cluster pour désigner les groupes de personnes atteintes dans une région par le virus ? Mystère ! On connaissait le mot cluster en informatique, c’était déjà pénible mais c’était « confiné » (!) aux échanges entre spécialistes des serveurs et des réseaux. Pourquoi diable l’importer dans le domaine de la santé et de la vulgarisation médicale qui plus est ?

C’est tellement saugrenu et peu compréhensible que les journalistes eux-mêmes, qui ont pourtant un tropisme avéré pour le franglais – et même un brevet supérieur de franglais pour certains d’entre eux – le traduisent systématiquement par « foyer », terme explicite et imagé, facile à comprendre !

Mais il n’y a pas que les mauvaises nouvelles habituelles (sur le front de la langue). Le même Directeur général fait référence, pour ses statistiques de suivi de l’épidémie, à l’organisme « Santé publique France », dont l’intitulé obéit – pour une fois, c’est plutôt rare – aux règles de la syntaxe française : le déterminé d’abord, le déterminant ensuite. Cela nous change de l'insupportable France Télécom (à l’époque, ils auraient dû choisir Télécom France ou alors, tout honte bue, French Telecom ; les Allemands avaient été moins ignorants avec leur Deutsche Telekom !).

05/03/2020

Irritations linguistiques LXIV

Au nombre des irritations linguistiques (quotidiennes en l’occurrence), il y a bien sûr – comment n’y ai-je pas pensé plus tôt – l’horrible « un espèce de rideau », au lieu de « une espèce de rideau ». On peut d’ailleurs se demander comment, dans cette société que d’aucuns qualifient de « féminisée », dans un sens péjoratif, tandis que d’autres réclament à corps et à cris, surtout à cris, la transformation de l’orthographe et de la syntaxe pour mettre le féminin en avant, le mot « espèce » a bien pu perdre le « e » absolument déterminant de son genre.

Tiens, à propos des demandes hystériques de féminisation, citons cette brève de Marianne (6 décembre 2019) qui, sous le titre « Olympe de Gourdes » raille Rebecca Amsellem qui a lancé une pétition pour dénoncer le logo soi-disant « hypersexualisé » des JO 2024 à Paris. Ne pensent-elles qu’à ça ?

Sophie Marceau (Elle).jpg

Les mêmes ou d’autres ont lancé une plateforme numérique pour suggérer des noms féminins pour les futures stations de métro du Grand Paris. Les noms en question devraient être ceux de « femmes inspirantes ». Pourquoi pas, en effet ?

Complètement différent est le cas de « pas de souci » : ici pas d’incorrection mais simplement un « tic verbal » qui, à force d’être rabâché et entendu ad nauseam, est vraiment horripilant, d’autant que, sur le fond, cette expression semble manifester une bonne humeur et une disponibilité totale qui ne peuvent pas être constamment sincères…

Je terminerai ce billet par le sempiternel « celles et ceux », qui n’est malheureusement pas l’apanage de l’actuel Président de la République française, qui en use et abuse, il est vrai, mais que chaque homme politique semble considérer comme une expression incontournable propre à montrer son engagement dans la quête de l’égalité entre les hommes et les femmes.