Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/01/2020

Écriture intrusive

De façon désordonnée, ultra-minoritaire mais néanmoins inquiétante, des médias adoptent subrepticement l’écriture dite inclusive – l’accord de proximité, les mots épicènes ou englobants, et le nec plus ultra, le point médian – et cela sans qu’aucune instance officielle ne l’ait accepté, recommandé ni même toléré (c’est plutôt l’inverse quant aux Services de l’État).

Marianne a ainsi signalé que le site Slate avait d’autorité opté pour ces gadgets bienpensants, sans jamais demander l’avis de ses lecteurs ; ses rédacteurs corrigent d’eux-mêmes les articles de leurs contributeurs, afin de les mettre « à la mode ». Certains d’entre eux prennent maintenant les devants et contournent la récriture autoritaire en ajustant leur texte en amont. « La correction autrefois était une aide, on cherche désormais à la contourner pour continuer à écrire comme on l’entend ». Dire que certains ont prétendu dans le passé que la langue française était fasciste… on croit rêver !

Questions à ces rédacteurs démagogues prompts à adopter les règles les plus saugrenues :

  • Sont-ils également les adeptes de la revendication « J’ai le droit » ? Si oui, que font-ils du droit de leurs contributeurs à écrire, non comme bon leur semble, mais comme ils l’ont appris à l’école et conformément aux règles établies ?
  • Ont-ils été de ceux qui ont immédiatement adopté la réforme de l’orthographe de 1991, dite Réforme Rocard, approuvée du bout des lèvres mais approuvée par l’Académie française ? Sinon, comment peuvent-ils justifier d’avoir ignoré une démarche nationale largement débattue et de se précipiter dans les bras d’une démarche féministe ultra, quasi individuelle (et soutenue par qui, au fait ?) ?

31/12/2019

Qui a dit que le français faisait de la résistance ?

Qui a dit que le français faisait de la résistance ?

Qui a dit que le Français faisait de la résistance ?

C’est tout le contraire que l’on voit chaque jour, du Président de la République (française) aux dirigeants du CAC 40, en passant par ceux de la moindre petite société qui se voit pousser des ailes internationales et se prend pour le futur Google des années 20.

Récemment sur une chaine d’info en continu, qu’il aimerait appeler Canal Nouvelles, le chroniqueur et enseignant québécois Mathieu Bock-Côté disait qu’il était stupéfait de voir les Français émailler leur discours de mots anglais en toute occasion.

Que l’on en juge par le communiqué ci-dessous.

« En 2020, JeSuisEnCours devient SoWeSign 
Née de la rencontre entre un dirigeant d’école et un expert de la dématérialisation, la solution de dématérialisation des émargements JeSuisEnCours a vu le jour en 2015. Aujourd’hui, JeSuisEnCours se développe et apprend de ses expériences. Nous avons accompagné des organismes de formation continue, entreprises privées, une région, etc. Dont les utilisateurs ne sont pas toujours “en cours” ni même francophones...

Nous avons dû trouver un nom correspondant à l'ensemble de nos clients et utilisateurs. En 2020, JeSuisEnCours change de nom et devient SoWeSign : un nom plus court, plus simple, plus moderne, adapté à l’international et à chacun d'entre vous ».

Chers lecteurs, vous avez bien lu ! Ils ont  trouver un nom !

et le nouveau nom est plus moderne, oui, parce qu’il sonne américain ! 

Honte à eux !

26/12/2019

Irritations linguistiques LXI

Dans le Marianne du 27 septembre dernier, Benoît Duteurtre intitulait sa chronique « L’Europe allemande… en anglais dans le texte ! » en soulignant que la nouvelle Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, avait prononcé son discours programmatique, évidemment, en anglais ou plutôt en globish, alors qu’elle parle plusieurs langues, dont le français. On aurait attendu qu’elle s’exprimât en allemand…

Benoît Duteurtre va plus loin que de déplorer un mépris assumé pour la diversité linguistique de l’Union européenne – on a envie de dire « diversité consubstantielle » : pour lui, c’est la preuve que « l’UE reste d’abord une machine au service de la mondialisation et un moyen d’étendre au Vieux Continent des modèles venus d’outre-Atlantique ». C’est bien envoyé ! Et, soit dit en passant, il est quand même étonnant que cette opinion ne soit pas plus répandue (je ne parle pas bien sûr des « élites » qui bénéficient de cet état de fait mais du peuple, qui n’en peut mais).

L’Union européenne, par ses pratiques, sa passivité et son « alignement »  a déçu tous les espoirs que l’on pouvait placer dans une Europe pacifiée, coopérante et respectueuse de sa diversité culturelle ; il faut croire que construire cette Europe-là était trop difficile pour les Pères fondateurs et leurs successeurs (MM. Mitterrand, Chirac et Jospin compris) et qu’ils ont préféré la facilité : un modèle uniformisateur, néo-libérale et ouvert aux quatre vents du monde.

« L’UE soumet ses institutions au tout-anglais devenu, sans aucune décision officielle, la langue de représentation de l’Union ». Pour un Jean-Claude Juncker, autre polyglotte, qui décide, suite au Brexit, de ne plus s’exprimer qu’en allemand ou en français, pour un André Vallini qui menace de boycotter un Conseil des ministres européens après avoir appris qu’il devait se tenir en anglais, combien de Donald Tusk « qui ne semble voir dans l’Europe qu’un moyen de devenir américain » ?

Où est le problème ?

  • L’Union européenne est la seule entité politique dans le monde à s’exprimer dans une langue technique, étrangère à la majorité de ses habitants ;
  • Or le choix d’une langue est une adhésion à une façon de penser, un vocabulaire, une syntaxe ;
  • Ce choix divise le public européen en deux catégories : ceux qui comprennent le sabir et les autres.

De même, le choix démocratique de la langue de travail dans les projets de recherche européens (BRITE, ESPRIT, etc.), prévu par les textes,  n’a jamais été utilisé, à ma connaissance… Ceux d’entre nous qui réclament que le débat ait au moins lieu, que le choix ne soit pas toujours et systématiquement celui de l’anglais, passent pour des ringards, des chauvins ou des empêcheurs de tourner en rond.

Et le Président de la République française, sourire aux lèvres et bras de chemise, montre un exemple déplorable à chaque fois qu’un micro non français lui est tendu (voir mon billet du 6 novembre 2019).