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23/08/2015

Les belles de Beaubourg

À AL.

"Les belles de Beaubourg, pareilles à des fleurs qui marchent, pavoisent le parvis du Musée national d'art moderne, éclosent par centaines sur la place Georges Pompidou. Elles entrent dans l'été comme dans leur bain. Elles arrivent de partout : de la rue Quincampoix, de la rue Saint-Martin ; de la rue Rambuteau, de la place du Châtelet.

Médusé, je me tiens au centre du monde. Je contemple ces contingents d'amazones épandus sur la ville.

Elles quittent leurs appartements bourgeois ou leurs chambres de bonnes, franchissent les porches des immeubles et montent les escaliers du métro, glissent en douceur dans la gueule de juillet.

L'été est déclaré ; ses guerrières passent à l'abordage. Un baril de rhum ne suffirait pas pour étancher la soif qu'elles me ravivent au corps. Le ciel de Paris descend dans ma gorge. Le soleil pétille.

...

Beaubourg.jpg

 

Je persiste à piquer d'adverbes les cheveux défaits ou coiffés à la diable de ces princesses dépenaillées, à frôler du bout des lettres leur peau qui s'ensoleille. Elles déclinent indifférentes l'alphabet du désir.

Celle-ci, aux hanches pleines, aux jambes bien galbées, semble une naïade de pierre échappée de la fontaine des Innocents, faite chair pour charmer les mortels ; cette autre, le pas vif, lunettes d'écailles sur le nez, sort des Archives nationales : Aphrodite en Converse" (page 30).

Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.

 

22/08/2015

À une passante...

À M.

"Elle a noué ses cheveux auburn dans un chignon tout près de se défaire, effet charmant de la hâte ou fruit d'un art consommé. Le temps n'est pas si lointain où sortir en cheveux paraissait inconvenant. Seules les femmes du peuple, les prostituées ou les pauvresses allaient les cheveux lâchés. Les honnêtes femmes ne se laissaient voir ainsi que dans la plus stricte intimité, ne concédaient ce privilège qu'à leur mari... ou leur amant.

...Chignon.jpgRue de la Grande Truanderie, une beauté de grand chemin détrousse les passants, débusque les hommes sur les brisées du divorce. Elle porte en sautoir les cœurs brisés de ses amants, semble aller à l'amour comme on va à la guerre. Son sourire promet du sang, de la sueur et des larmes. La volupté est une possibilité ; la défaite une certitude" (page 53).

"Sa tunique de soie, pourtant légère, pèse sur sa peau. Ses cheveux bruns et drus, ramenés en chignon, découvrent sa nuque qui par-delà les siècles appelle les baisers. C'est l'été 79" (page 69).

Bien sûr, je donnerai mes sources dans un prochain billet !

21/08/2015

L'anglais, c'est pas cool, et l'français y'en a marre... apprenons donc le basque !

Ça y est, me revoici ! La pause est finie.

À la radio ce matin, l'annonce des livres de la rentrée 2015 : 589 opus ! Moins que l'an dernier et quasiment pas de "pointures" (c'est-à-dire d'auteurs à succès)... mais est-ce pour autant raisonnable ? Dans ce domaine comme dans d'autres, c'est le libéralisme qui règne, avec - en apparence - la concurrence libre et non  faussée (selon l'expression orwellienne consacrée). Tout le monde (en théorie) peut s'exprimer - raconter sa vie, la vie de quelqu'un d'autre, ses phantasmes... ou imaginer une histoire - et que le meilleur gagne (c'est-à-dire bénéficie de bonnes critiques et/ou acquière un nombre respectable de lecteurs). Après tout pourquoi pas ?

Il paraît que cette année, c'est la famille qui a le vent en poupe, et certaines histoires de famille valent la peine d'écrire un bouquin, paraît-il...

Il y a aussi des sujets scabreux : dans la veine des Bienveillantes, une histoire de marivaudage dans un camp de concentration...

Bon, revenons à nos moutons. Basques.jpg

Le 28 juillet 2015, sous le titre "Natacha et moi (VIII) : langues régionales", j'abordais la question de la ratification - ou non - de la Charte européenne des langues régionales et je prenais mes distances - une fois n'est pas coutume - avec ma chère Natacha, qui soutenait la ratification.

Quelques jours plus tard, le 11 août, butinant sur le site de l'hébergeur "haut ET fort", je tombai (eh oui, le passé simple est encore utile) sur le blogue "Marche romane", sous-titré "Littérature, lectures et quelques propos sur le monde qui nous entoure", et plus précisément sur son billet du 28 juin 2015 intitulé "La France, le français et les langues régionales".

Plusieurs raisons de s'y intéresser : d'abord le point de vue exprimé sur les langues régionales (malencontreusement confondues avec les patois...) est similaire au mien. Je cite : "Que serait la France si un Breton ne se sentait pas d'abord Français et s'il ne pouvait s'entretenir avec un Marseillais qui, lui, ne voudrait parler qu'en occitan ? Car reconnaître les langues régionales peut aller loin (accès à l'administration, à la justice, etc.). Tout en reconnaissant que tous les patois méritaient certes le titre de langue à part entière, j'insistais sur le danger qu'il y avait à leur donner un statut officiel".

Ensuite, le billet initial de ce blogueur sur le sujet a, semble-t-il, été censuré par l'hébergeur, au motif qu'une illustration (une carte des langues régionales) avait été utilisée sans autorisation. Bizarre, bizarre.

La troisième raison est la plus importante : c'est l'idée que, derrière cette affaire de la reconnaissance "administrative" des langues régionales en Europe, il y aurait de sombres manœuvres. Je cite encore : "Il ne faut pas perdre de vue que l'Europe, qui cherche à affaiblir les langues officielles de ses États membres (français, espagnol, italien) au profit de leurs différentes langues régionales, ne s'exprimera bientôt plus qu'en anglais".

Bien plus, un article de Yvonne Bollmann qui parle de "défaite politique de la France", évoque le rôle équivoque de l'Allemagne dans cette affaire et de certains groupes qui entretiennent la confusion entre "communautés ethniques", "minorités nationales traditionnelles" et "langues régionales". On peut y voir une attaque sournoise contre des États centralisés comme la France (Villers-Cotterêt !) et un retour aux vieilles lunes des "unités linguistiques" transnationales, du genre "Allemands des Sudètes"... Danger !

C'est un aspect que je n'avais pas perçu, et je m'étonne que Natacha n'ait pas enfourché à cette occasion son cheval préféré de la défense de la République une et indivisible.

Cerise sur le gâteau, Jean-Luc Mélenchon a également écrit - et de quelle manière !- sur le sujet (sur son blogue, le 19 septembre 2013).