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31/07/2015

La lecture, c'est l'aventure (I) : PARLE encore

Les mondes se côtoient et se chevauchent...

Il y a le monde "visible", entretenu par les médias et par la pub ; celui d'internet, des tablettes et des téléphones évolués. C'est aussi, en ce moment, celui des plages à la mode - lunettes de soleil, apéros-paillotte et soirées jusqu'au bout de la nuit -.

Il y a le monde des passions ; celui des inconditionnels d'opéra, des spécialistes de jazz, des "fondus" de sport extrême, celui des festivals, des périples culturels, des triathlons au bout du monde.

Il y a le monde des "dessaisis" (du nom d'un livre passionnant de Gérard Desportes, Grasset, 2006, juste après le referendum sur la Constitution européenne qui a eu le résultat que l'on sait …), ceux qui sont revenus de tout et se fichent de ce qui se passe autour, repliés qu'ils sont sur leur violon d'Ingrès, souvent la chasse à la palombe dans le Sud-Ouest ou la veille dans les huttes de la baie de Somme.

Et puis il y a ceux qui passent des vacances tranquilles, en famille et entre amis, sans chichis ni remords, sans luxe ni médiocrité. Beaucoup d'entre eux s'installent dans des campings ou dans des villages de vacances de comités d'entreprise. Pour eux sont organisés des animations, des spectacles, des ateliers… Ils bronzent mais pas idiots ni avec les romans de Marc Lévy ou Guillaume Musso.

Je viens d'en avoir un exemple dans le "Journal des activités sociales de l'énergie" (n°366 de juillet-août 2015). Il contient un intéressant dossier sur la lecture.

Dans ces centres de vacances "mutualistes" des bibliothèques sont en libre accès (26375 nouveaux livres cette année). Une quarantaine d'auteurs viennent à la rencontre des vacanciers pour échanger avec eux.

Des partenariats ont été conclus avec l'association "Lire et faire lire", avec l'événement "Lire en short", avec le service culturel de la Sorbonne, avec les salons du livre de jeunesse de Cherbourg, Rouen et Montreuil, avec le salon "Livres en tête" et le salon du livre d'Arras, avec le Printemps des poètes.

Une exposition itinérante "L'aventure de la lecture" a pour but "d'ouvrir d'autres champs, de montrer le chemin du bonheur de lire". L'un de ses créateurs, Vincent Roy, explique : "Un bon roman est toujours une aventure qui nous transforme, on n'en ressort jamais tout à fait le même. Il nous ouvre des perspectives. Nos lectures nous emmènent vers l'autre, nous incitent à sa découverte et nous ouvrent sur le monde".

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30/07/2015

Francophonie encore (I)

Dans le Figaro du 19 mars 2015, un article remarquable de Mathieu Bock-Côté, sociologue, chargé de cours à l'Université du Québec et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

Il est (fort mal) intitulé "Les élites françaises aiment-elles encore la langue de Molière" car le propos n'est pas là.

Comme toujours dans les bons textes, ramassés, percutants, sobres et bien écrits, il faudrait tout citer. Je vais me contenter de ceci :

"Une langue meurt lorsqu'elle ne parvient plus à traduire une nouvelle époque dans ses propres mots et lorsqu'elle emprunte systématiquement à une autre langue les termes pour nommer les réalités nouvelles".

C'est quasiment une définition académique !

"Il y a dans l'anglomanie qui a gagné la France depuis quelques années un zèle autodépréciateur inquiétant, comme si elle croyait que le vocabulaire de la mondialisation était nécessairement anglophone, qu'on évoque l'économie financière ou de nouvelles technologies".

On ne dit pas autre chose dans ce blogue depuis plus d'un an maintenant.

"La France est peut-être seule capable d'inscrire la cause de la diversité des peuples au cœur de la vie internationale... Surtout, la langue française, dans le monde occidental, par son prestige de civilisation et par la puissance politique qui pourrait encore être la sienne, en est venue à incarner le point de ralliement contre la domination de l'anglosphère".

Peut-on rêver plus bel hommage et plus forte exigence posée à notre résistance ?

Dernière idée très forte dans cet article, le lien indestructible entre langue et littérature :

"Mais on ne saurait défendre une langue sans célébrer son génie. Et c'est ici que l'éloge de la langue française se confond avec celui de la littérature française.

Qui s'y plonge s'éduque.

Encore doit-on y voir non pas seulement une série de fables amusantes pour distraire l'esprit mis bien une part vitale de patrimoine de l'humanité. Encore doit-on aussi la parler dans sa richesse et la sortir de la gaine étouffante de la langue des communicants.

On n'en sort pas : une langue qui s'arrache à sa littérature se suicide".

Je m'en voudrais d'ajouter quoique ce soit...

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29/07/2015

Natacha, Hannah et moi (IX) : l'éducation

À la page 254 de "Ce pays qu'on abat", Natacha Polony consacre une chronique du Figaro à Hannah Arendt, "philosophe ultracontemporaine" et "philosophe de l'école et de la culture, celle qui a le mieux décrit le processus qui allait aboutir à la destruction de la transmission dans les sociétés occidentales". Voici ce qu'elle écrit.

"Dans la Crise de l'éducation, il est question de la responsabilité de ces adultes qui doivent assumer le monde pour le transmettre à leurs enfants. Des enfants qui naissent dans un monde toujours plus vieux qu'eux, un monde qui les a précédés. Ils sont la force de la nouveauté, mais l'éducation est ce qui les rattache au monde ancien. Elle est donc, par nature, conservatrice. Elle enseigne un contenu et non pas des méthodes. Et surtout, elle repose sur une séparation entre espace privé et espace public, et sur une forme de sanctuarisation à l'écart des agitations du présent. Le contraire absolu de cette école utilitariste que nous ont conçue les réformateurs de droite et de gauche, une école fondée sur l'ancrage dans la vie, dans le présent, sur l'enseignement de compétences et non de connaissances, et sur le développement par l'élève de ses propres capacités.

Bienvenue dans le cauchemar d'Hannah Arendt, bienvenue dans l'école française de 2013 (NDLR : et que dire de celle de 2015 après la réforme de Najat Belkacem...).

L'école telle que nous l'avons conçue, associée aux loisirs de masse, et notamment à la toute-puissance des écrans, aboutit exactement à cet affaiblissement du langage qui interdit à chacun de s'extraire d'une pensée par slogans ou par mots-valises"...

Pour une des dernières fois (car j'ai terminé son livre), voici une photo de la Belle (au Salon du chocolat, allez savoir pourquoi...) :

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