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28/08/2015

La saison des incendies

"Les marronniers jettent leur ombre sur les trottoirs, tamisent l'éclat brusque du ciel qui pleut sur les femmes. Vêtues de robes légères, chaussées de tongs ou de sandales, de spartiates ou d'espadrilles, elles déambulent dans les rues, fredonnent sur l'asphalte la chanson de l'été.

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La Sorbonne ferme ses portes, déverse sur le bitume les étudiantes promises aux vacances ; le grand mot est lâché. Alors tout se complique.

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Parmi les fleurs, les passantes promènent leur corps en liesse et leurs yeux qui brasillent, allument des feux qu'elles ne veulent pas éteindre. Ainsi commence la saison des incendies.

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De toute manière, il est trop tard. Les femmes s'enfoncent dans la chair de Paris, laissent dans l'air brûlant une balafre d'épices. Le poing fermé sur le sable de l'été qui me file entre les doigts, j'étreins le bleu des villes. Vêtues de tuniques, de jupes ou de corsaires, de minishorts ou de jeans effrangés, habillées d'un rien, les belles arpentent le pavé comme des compas fous. Je peine à ravauder, au fil de la plume, mon cœur en lambeaux que leurs jambes sans fin détissent.

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Une brune en débardeur traverse la rue. Son visage fendu d'un sourire flibustier, sa démarche chaloupée, entraînent mon souffle dans son sillage. Elle semble déjà longer l'Océan : elle fera de beaux ravages, portera la peste au camping des cœurs brisés, dans la touffeur de l'Aquitaine ; empruntera bientôt les sentiers de la guerre, semés d'aiguilles de pin" (pages 11 à 13).Brune en débardeur.jpgBien sûr, je citerai mes sources dans un prochain billet.

27/08/2015

Ballade irlandaise, c'est un peu l'Italie

"Le soleil brille haut dans le ciel. Cette autre jeune femme, assise devant un demi, qui plonge dans le vague ses regards émeraude, ressemble à une princesse irlandaise. Son visage de porcelaine, qu'écarquillent les taches de rousseur, boit la lumière à longs traits. On voudrait la rejoindre pour un été pur malt, des nuits frangées de houblon, tandis que le vent souffle sur la mer Celtique, rebrousse la lande tramée d'ajoncs et de bruyères, peine à desceller les murets de pierre sèche. Sous le ciel gris intense, elle pédale éperdue, fée de l'île verte parmi l'or de genêts. Elle se prénomme Abbie, ou peut-être Caytlin, a grandi à Kinslane dans le comté de Cork. Ses cheveux défaits dessinent une étoile rousse sur l'oreiller. sa voix rauque fait tanguer les syllabes ; son accent m'emporte au bout des terres.

 

Caitlyn-bellamy.jpg

 

Au bout de la rue se lève une tornade brune. Je la baptise Laura. Laura dégage un parfum d'Italie que proclament son nez aquilin, son teint mat et ses yeux de flamme ; arbore un sourire en coin, trempé de mélancolie. Elle porte au fond des yeux cette violence qui sourd des cités italiennes, m'évoque les façades superbes et lépreuses du Trastevere à Rome. Les villes du Sud détiennent un secret : le soleil est une tragédie. Laura file à toutes jambes vers le cinquième acte. Je sais que ça va mal finir. Bords du Tibre, ballet de vespas sur un air de Verdi et la lame nue d'un couteau qui saigne les cyprès. Requiem pour un amour de vacances. Je regarde son profil aigu, sa splendeur implacable avant de détourner la tête. Addio Laura" (page 14).

Laura.jpg

Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.

 

 

 

26/08/2015

Vacances (III)

"Accepter les caprices du temps ; accepter l'imprévu ; le silence et les temps morts. Savoir s'ennuyer.

Ces petits renoncements trament l'étoffe des vacances. Je me souviens d'un été au Touquet. Il plut beaucoup. Dans les allées d'une supérette, une vacancière excédée se plaignait du temps au téléphone, animée d'une colère qui frisait l'hystérie. Ses propos étaient d'une violence sidérante. Elle en voulait au temps.

 

Dunes.jpg

 

Pourtant ces ciels tourmentés, ces lumières brusques qui dévalaient les dunes et ces trouées bleues, soudain, quand le vent ouvrait une brèche dans le bastion des nuages ; ces soleils trempés d'averses, ces oyats couchés sous le vent... L'énumération pourrait continuer longtemps.

Rien ne sert de partir quand on ne sait plus voir" (page 16).

Bien sûr, je citerai mes sources, dans un prochain billet.